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Reincarnated : sans surprise ni profondeur

Publié le 13 avril 2013 par Feuavolonte @Feuavolonte

reincarnated Reincarnated : sans surprise ni profondeur

Avouons-le : on a tous eu un sourire en coin, si ce n’est pas plus, quand on a entendu que Snoop Dogg avait embrassé la culture rastafari, qu’il changeait son nom pour Snoop Lion et qu’il passait du hip-hop au reggae. Le documentaire Reincarnated, produit par Vice, promettait de faire la lumière sur ce passage d’un truand de Long Beach à un fervent du dieu unique Jah.

Durant l’heure et demie que dure le film, on voit Snoop fumer de la ganja, enregistrer son premier album dans le style qui a rendu Bob Marley célèbre, fumer encore un peu, se remémorer son passé violent (avec la ferme intention de ne pas retourner dans ce monde où la haine prime), rencontrer des leaders du mouvement rastafari, y aller d’un autre blunt… pour finalement revenir sur une scène américaine aux côtés de Dr. Dre, habillé du jaune-vert-rouge mais avec le swag du rappeur toujours bien en évidence.

Cette dernière scène de Reincarnated vient confirmer une idée qui s’insinue dans la tête de l’auditeur pendant le visionnement : toute cette histoire de conversion au reggae et à la culture rastafari, ce n’est probablement que du vent. Quand Snoop dit que sa première ressemblance avec Bob Marley, c’est que les deux sont des fumeux d’herbe, on se dit qu’il n’est pas allé chercher ça bien loin. Quand le Dogg va jusqu’à se présenter comme la réincarnation de Marley, on se rend compte qu’il dit un peu n’importe quoi. Si c’était si simple, je connais pas mal de gens qui seraient des réincarnations de Tuff Gong.

Ce qui aurait pu être un film réfléchi et informateur, autant sur la démarche spirituelle de Snoop Dogg/Lion (qui finalement est à peu près inexistante) que sur le mouvement rasta, que tous connaissent de loin sans n’y avoir jamais été immergé, finit par être une encyclopédie des diverses manières possibles de consommer du weed. Le tout est entrecoupé de quelques segments intéressants présentant des figures de proue et des lieux importants de l’histoire du reggae, mais à chaque fois, il est difficile de saisir si le personnage principal est sérieux ou s’il ne fait que chercher un moyen de relancer une carrière qui dure maintenant depuis plus de 20 ans. Avec le recul, la seconde option est la seule qui ait du sens.

Bunny Wailer, membre des célèbres Wailers, a, semble-t-il, bien résumé toute la nébulosité entourant Reincarnated : Snoop Dogg a utilisé de façon frauduleuse les personnalités et le symbolisme de la communauté rastafari afin d’en tirer un profit personnel, selon la sommité qui aura cette semaine 66 ans. De son côté, le Rastafari Millenium Council estime que « fumer du pot et aimer la musique de Bob Marley » n’est pas ce qui définit leur culture. Je ne sais pas qui se cache derrière ce Millenium Council, mais leur déclaration a vraiment frappé dans le bull’s eye.

Reincarnated reste un document divertissant, drôle par moments, nostalgique et triste à d’autres, et surtout ficelé avec talent et dont le côté technique est à peu près irréprochable, comme Vice a l’habitude de le faire. Le réalisateur Andy Capper n’a pas eu peur de remonter dans le passé du rappeur de L.B.C. pour nous rappeler des moments difficiles de la vie de ce dernier, que ce soit la mort de son bon copain Nate Dogg ou celle de Tupac Shakur.

Ce documentaire sur Snoop Lion est, finalement, exactement comme on aurait pu le prédire : insipide, sans profondeur, distrayant et bien fait.


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