Il existe parfois des expositions qui vous réconcilient totalement avec la peinture. Ce fut le cas ce 1er mars à Agde dans l’Espace Molière avec « La Pesanteur et la Grâce » dont je ne sais toujours pas si ce nom est un hommage dissimulé ou non à la philosophe Simone Weil et à son ouvrage. Ou l’on peut croire et espérer, c’est mon cas, que ce nom a été repris car l’expo entend traiter des rapports qui peuvent exister entre l’abstraction et la question spirituelle.
L’abstraction étant sans doute le trait commun qui unit ces quatre artistes : Frédéric Amblard, Elisabeth Guilhem, Jocelyne Jousseume et John Myers. Une abstraction non nécessairement picturale mais qui peut également se trouver, comme chez Guilhem, dans le sujet avec un travail résolument tourné vers l’imaginaire en y associant une représentation presque figurative, voire illustrative ainsi que vous pourrez l’entendre dans l’un de mes questions, de lieux qui n’existent que dans son esprit. Elisabeth Guilhem vit et travaille à Paris. Elle est Diplômée de l’Ecole Nationale Supérieure des Beaux-arts de Paris et Professeur à la Ville de Paris.Elle invente des paysages où l’imagination stimule le réel. Son art relie, avec un naturel apaisant, les accords du temps et des espaces inconnus.
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John Myers est né à Los Angeles. Il part en Angleterre à l’âge de 21 ans. Étudie l’ histoire de l’Art et le français au « New Battle Abbey Collège » en Ecosse, et la peinture à « l’Ecole Nationale Supérieure des Beaux Arts » de Paris de 1972 à 1977. Professeur de dessin et de peinture aux « ateliers Beaux Arts de la Ville de Paris » de 1986 à 2002. A été professeur pour « The British School of Paris ». Il expose régulièrement en France, et aussi aux Etats-Unis et en Irlande. Il vit et travaille actuellement à Londres ainsi qu’en Languedoc-Roussillon. A obtenu le « grand Prix Maryse Anderbouhr » en 2009.
John Myers va sur le motif, face aux paysages et aux figures. Il substantialise lentement la matière d’un regard durable, fixant ce pas de côté qu’est l’art. Il a dans la peinture de John un caractère très particulier, autant dans les motifs que dans sa vision des sujets. Travaillant d’une façon traditionnelle, posant son chevalet pour fixer sur sa toile sa vision de la réalité dont il fait face. Qu’il s’agisse de tableaux d’intérieur mettant souvent en scène sa compagne ou de paysages languedociens, il nous délivre avec beaucoup d’émotion , et c’est là l’un des traits communs des artistes présentés, plus que sa vision, son ressenti des lieux et des êtres. Couleurs fines, presque pudiques, contrastant avec un pinceau plus large donnant à ses oeuvres une ampleur et un caractère très particulier.
John a décidé de retourner travailler à Londres oubliant pour quelque temps les paysages du bas Languedoc pour se confronter aux paysages urbains de Londres.
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Difficile de cacher mon grand coup de coeur de cette après-midi pour le travail de Roselyne Jousseaume. Qu’elle soit la régionale de l’étape ou plutôt de l’exposition, puisque sétoise, n’influe en rien sur mon jugement mais il est vrai qu’il est fort difficile de rester indifférent face à son travail, ses motifs, ses thèmes. Dans la présentation officielle, la Mairie d’Agde utilise bien à propos cette description de son oeuvre. « Jocelyne éprouve nos pesanteurs : l’être qu’elle invente, sonde ses territoires secrets. C’est un monde de rêveries, de mémoires, de nuages légers. » Jocelyne possède ce don si rare de l’illusion figurative. Le flou qui sert de fond à l’ensemble de ses peintures place en totale lumière des formes, aux contours pourtant légers et fins, très vite assimilés comme animaux ou humains. Entre ombre et lumière comme ces arènes taurines et ces pistes de cirque où l’individualité du personnage disparaît au profit de son rôle, de sa fonction… Avec Jocelyne, ces habits de fête ou de lumière deviennent couleurs vives, rouges, ocres, orangés accentuant encore sa mise en scène de ces formes sur ces fonds pâles qui s’estompent si rapidement de notre regard.
Ce monde rêvé, inventé n’est finalement que prétexte à une émotion vive du spectateur en laissant une totale liberté d’interprétation ou de représentation de ce que ses yeux percoivent. Roselyne exposant souvent dans notre région, il serait vraiment dommage de passer à côté d’une telle artiste, toujours en mouvement, en recherche perpétuelle d’inspiration.
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Fin de cette série d’entretien avec Frédéric AMBLARD. Né à Paris en 1954, Frédéric Amblard étudie la peinture aux Beaux-Arts de Paris. Il est Diplômé de l’ENSBA et architecte DPLG et Boursier du Ministère des Relations Extérieures au centre franco-égyptien de Karnak, Egypte en 83-84. Il travaille à Paris et dans le Lot. Pourquoi terminer avec lui ? Première raison facile, dans tout groupe d’amis, il y a presque toujours un « chef de bande », non au sens autoritaire et péjoratif du terme, mais plus pour décrire celui qui lance, initie des projets. Plus que le chef, une définition de grand frère lui correspondrait mieux. Seconde raison, réaliste, parce que c’est le plus bavard ! Etant moi-même presque un mètre étalon dans cette discipline, j’aimerai qu’il comprenne avec quelle douce complicité et respect j’utilise ce terme.
Avec lui, nous revenons à la genèse de cette exposition, comment elle s’est construite et a pu exister. Genèse également de cette belle histoire d’amour et d’amitié qui unit ces quatre artistes aux profils et aux styles différents, capables, pourtant, de produire cette exposition d’une rare cohérence dans le choix des oeuvres exposées. Il convient d’ailleurs de saluer le superbe travail effectué par les techniciens de la Ville d’Agde qui ont réussi l’intégration presque parfaite de ces tableaux dans un environnement qui pourtant ne semblait absolument pas s’y prêter. Non que l’Espace Molière ne soit pas un bel endroit, c’est tout le contraire mais il est vrai que des murs texturés de pierres apparentes peuvent absorber, presque avaler des tableaux d’où ces fameux murs blancs que l’on trouve presque dans l’ensemble des galeries. Là, l’intelligence combinée des techniciens et des artistes nous fait apparaître ces tableaux comme des fenêtres ouvertes vers l’imaginaire des auteurs.
Je ne reviendrai pas trop sur le travail de Frederic car la vidéo ci-dessous répond, je l’espère, à beaucoup des questions que vous pourriez vous poser à son sujet. Travail au visuel riche, foisonnant, jouant sur couleurs et formes, déstructurant à l’envie les personnages pour mieux nous en présenter la quintessence, un croyant pouvant parler d’âme. Je regrette simplement de ne pas avoir eu le temps de parler avec lui de l’attention qu’il porte à la peau de ces sujets. Mais il vrai que le format web se prête fort mal à la description d’un tableau. D’ailleurs, quel format s’y prête ? Hormis justement ces expositions où l’on peut vraiment voir une, des oeuvres dans leur réalité avec leurs dimensions pensées par l’artistes, leurs vraies couleurs variant selon notre angle de vision ou leurs textures, leur peau !
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Dernière vidéo de ce long, trop long comme à mon habitude article, avec la présentation de l’exposition effectuée par Mme Yvonne Keller, toujours présente. Cette dernière remarque ne se voulant absolument pas partisane, mais simplement objective. Dommage d’ailleurs que d’autres élus ou aspirants à l’être brillent, comme toujours, par leur absence. A une heure où le sujet de la Culture va rapidement devenir un enjeu électoral, je ne pourrai que leur donner ce rapide conseil : en parler, c’est bien ! La suivre, et la vivre, c’est mieux ! Et pour ne pas rompre avec mon style si particulier, en plus vous verrez, cela rend moins con !
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Fabuleuse exposition, sans doute la plus belle que j’ai eu l’occasion de voir depuis fort longtemps (à Agde, en plus) qui, je l’espère, sera suivie de nombreuses autres.