19 AVRIL Scène slam On vient de nous chercher, ça va être notre tour. Planqué derrière la scène, je suis un être chétif et tremblant, le souffle court l'estomac noué le corps secoué de spasmes. Minus abens aux bout de mon bras tremblant comme une feuille ma feuille où sont inscrits trois mots que je trouve céans désespérants - pas foutu de les apprendre par cœur, comme mes deux compagnons de scènes aussi blêmes que moi. C'est pas vrai, dès que la belle orientale aura fini de se trémousser sur le plateau, dont je ressens les secousses, ça devrait être à nous. Non. Faut qu'il lui fasse baver trois mots, le speaker doit servir à quelque chose, sur ses prochains spectacles ses futurs amants non j'déconne... C-est-à-nous !! Je monte sur la scène en silence, trois marches qui me transforment. Je m'installe devant le micro sans un mot. Un déhanchement scientifique, les jambes légèrement écartées, stable. Pantacourt de lin blanc chemisette blanche, je rabat mon chapeau de paille sur mes yeux, à la James Dean, surtout pas un bruit. J'avale une grande lampée d'air comme un plongeur avant l'apnée. Je me lance : enfin je vais pouvoir cracher mes mots.
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