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Pourquoi les "assassins" de la République ?

Publié le 19 avril 2013 par Rsada @SolidShell

Pourquoi

A ceux de mes amis qui font l'effort de m'écouter, j'avais promis de ne pas réagir, de ne pas parler et de demeurer bâillonné jusqu'à l'adoption définitif du projet de Loi sur le Mariage Pour Tous. Le temps du débat était engagé et il appartenait à ceux qui font la Loi de s'exprimer sur le sujet.

A ceux de mes amis qui me disaient encore à l'automne qu'il n'était pas nécessaire de tergiverser plus longtemps et qu'il était venu le temps de faire voter cette Loi prestement je m'étais opposé en arguant du fait que la République méritait un grand et un beau débat. Je m'étais fourvoyé.

Mes amis avaient raison, j'avais tort. Ils me pardonneront aisément mon égarement du moment, me sachant profondément attaché à la confrontation des idées. Lorsqu'en juillet 2012 j'évoquais la future bataille de France sur la question du Mariage Pour Tous je ne pensais que cela se révélerais être une sinistre prémonition.

Cette période fera date dans l'Histoire de notre pays. Jamais nous n'avions vu et entendu autant de français se battre avec un tel acharnement dans les rues et au Parlement, pour refuser à d'autres français la possibilité d'acquérir plus de droits. La seule fois où des français ont retiré des droits à d'autres français, c'était en 1940. Ces "autres" français étaient des juifs, la France était occupée, l’État avait succédé à la République protectrice.

Lorsque le débat s'est engagé, je ne doutais pas de la détermination des opposants au texte. J'ai pensé qu'il n'étaient pas prêts à tout sacrifier, à tout piétiner et qu'ils préserveraient l'essentiel. Encore une fois j'ai eu tort, les opposants ne nous ont rien épargné et ils ont tout saccagé sous prétexte de s'être laissé débordé par quelques "acharnés".

J'ai toujours assumé d'être différent. J'ai encaissé l'idée d'être désigné coupable d'un comportement déviant. J'ai accepté l'idée que ma demande de pleine égalité soit considérée comme de l'égoïsme boboisé. J'ai avalé amèrement que l'on me soupçonne d'être un pédophile polygame incestueux. Je refuse que l'on m'accuse aujourd'hui d'être un "assassin d'enfant"

Vous, mesdames et messieurs les Parlementaires qui entendez porter la voix des contestataires du moment. Vous, les représentants de cette France soi-disant silencieuse, bien née, saine et digne de foi. Je vous ai écouté. Je vous ai entendu. Je vous ai vu. Certains d'entre-vous sont restés francs et droits quand d'autres se sont laissé aller à tous les excès !

A ces derniers je veux clamer ma part de vérité : sous couvert de défendre vos opinions vous avez sali et insulté les homosexuels, vous avez piétiné des enfants de la République. Vous portez la honteuse responsabilité d'avoir fait de l'homophobie un délit équivalent à une vulgaire variable d'ajustement naturelle. Vous avez souillé le temple de notre démocratie par vos propos outranciers et orduriers.

Vous ne vous êtes pas contentés de porter atteinte à la République, vous l'avez simplement assassinée ! Cela, jamais je ne pourrais vous le pardonner !

Les paroles s'envolent et les écrits restent dit-on. Pourtant, le mardi 23 avril lors du vote solennel à l'assemblée Nationale, si la joie et les larmes l'emporteront sur l'instant, le peu de conscience de ces tristes personnages continuera encore longtemps à les tarauder. Nous serons nombreux à entretenir la flamme de cette mémoire...

La République ne reprend jamais un droit qu'elle accorde.

A la manière de Monique Larue : « Notre vie ne nous suffit pas, le secret de celle des autres nous taraude. »


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