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Changement: l'austérité qui fait perdre le Triple A

Publié le 22 avril 2013 par Juan
Changement: l'austérité qui fait perdre le Triple A En quelques jours, les programmes d'austérité budgétaire ont encore pris du plomb dans l'aile.
Même en France, quelques signes discrets confirment que le pragmatisme est à l'oeuvre, n'en déplaisent à des critiques trop virulentes.
Vendredi, l'agence FITCH conclu la séquence de la semaine par une formidable décision. Elle suit sa consoeur Moody's avec quelques semaines de retard pour retirer à son tour le fameux Triple A au Royaume Uni. Les explications sont fameuses, les résultats incroyables.
Fitch Ratings a dégradé, vendredi soir, la note de crédit de la Grande-Bretagne, "en raison de la dégradation de sa situation économique qui l’a amenée à revoir en hausse ses prévisions en matière de dettes publiques." David Cameron n'avait pas fini d'honorer la mémoire de Margareth Thatcher, sa mentor politique décédée voici 8 jours, qu'il devait se rendre à l'évidence: son austérité libérale, presque aussi brutale qu'en Grèce ou en Espagne, ne marche pas. Il avait promis de limiter l'endettement public à 97% du PIB, mais Fitch, comme hier Moody's, n'y croit plus: l'agence prévoit que la dette publique britannique ira donc jusqu'à 101% du produit intérieur brut en 2015-2016. Quelle catastrophe !
Les Britanniques sont stoïques, mais pour combien de temps ?
La même semaine, une autre affaire, une véritable imposture, fit grand bruit dans les milieux autorisés. Pour justifier du nécessaire apurement des comptes publics,  le FMI se servait de multiples études dont une plus fameuse que les autres qui, la semaine dernière, fut démontée en bonne et due forme. Ces faussaires de l'économie, comme les appelle Hervé Narthan dans sa dernière chronique pour Marianne.net, promettaient qu'un Etat endetté à plus de 90% de son PIB annuel impactait négativement la croissance de son pays. Il y avait une erreur de calculs dans les simulations des deux professeurs de Harvard à l'origine de la "preuve". Corrigée, l'étude donne en fait le résultat inverse qu'espéré par le FMI: " en moyenne de longue période, les pays ayant une dette égale ou supérieure à 90% du PIB connaissent une croissance de 2,2%. On peut aussi conclure plus simplement que des pays dont la croissance est basse ont une dette publique forte, et non l’inverse !"
Sans rire...
En Italie, le pays s'est doté douloureusement d'un nouveau président de la République, élu au suffrage indirect par l'improbable non-majorité parlementaire issue des urnes en février dernier. Résultat, c'est l'ancien titulaire, 87 ans, qui fut réélu faute de mieux. Il n'était même pas candidat. L'épisode Mario Monti se termine dans la honte, avec cette élection soutenue par les partisans du Parti Démocrate (gauche) et de Silvio Berlusconi.
Là aussi, l'austérité mène à la ruine, cette fois-ci politique.
En France, Louis Gallois, Commissaire général à l'investissement s'inquiète aussi de l'impact des politiques d'austérité en Europe. Cet homme a donné son nom à un rapport sur la compétitivité qui fait horreur dans les/nos cercles gauchistes. Quelques mois plus tard, le voici qu'il donne quelque signe du changement de perspective à l'oeuvre quelque part entre l'Elysée et Matignon. S'il ne remet pas en cause l'objectif de redressement des comptes en France, il livre trois axes de croissance qui confirment qu'un changement s'est opéré à la tête de l'Etat: il faut "desserrer les calendriers de retour aux équilibres", avoir "une politique plus accommodante de la Banque centrale européenne" et utiliser les "capacités de croissance" des pays en excédent (l'Allemagne).
Peut-être avait-il également lu l'avis du tout nouveau Conseil citoyen des finances publiques, constitué par les Economistes atterrés, Attac et la Fondation Copernic. Il s'est constitué en réplique ou riposte aux Haut Conseil des Finances Publiques, une nouvelle autorité installée l'été dernier par l'équipe Hollande pour "garantir" la bonne justesse des prévisions économiques du gouvernement après 5 années de bidouillage sarkozystes. Ce conseil alternatif note combien le Haut Conseil insiste sur la mauvaise séquence économique en cours: "Cette récession conduit à une réduction des recettes fiscales qui a pour conséquence de rendre encore plus difficile la réduction des déficits que l'austérité était censée favoriser, justifiant ainsi un nouveau tour de vis, qui aggrave  la situation, etc." écrivait-il deux jours avant. Et d'ajouter: "Cette spirale mortifère est en train de toucher peu ou prou tous les pays européens, avec pour conséquence une destruction du « modèle social européen » et une paupérisation des populations."
En France, répétons-le, l'austérité n'est pas là, loin de là. Sauf à confondre 10 ou 20 milliards d'euros de hausse d'impôts avec un coup de massue fiscal, et la stabilisation des effectifs de la fonction publique avec une privatisation généralisée. Mais la relance non plus. Nous avions cru un temps qu'une relance européenne se dessinerait. Il n'en fut rien.
En septembre dernier, Hollande n'est pas parvenu à renégocier le traité européen. "Il l'avait promiiiiiiis" enragent encore certains de ces opposants. En fin d'année, les gouvernements de l'Union, majoritairement à droite et libéraux, ont enterré toute perspective en réduisant le budget quinquennal à venir.
Devant la nouvelle dégradation économique en Europe, l'équipe Hollande se révèle finalement et tout simplement ... pragmatique. 
L'objectif d'équilibre budgétaire est enterré, celui des 3% à la fin de l'année également. Mais on en le crie pas trop fort, de peur de heurter le voisin germanique. Pierre Moscovici l'a confirmé pourtant mercredi dernier en publiant le "programme de stabilité" pour les années à venir en Conseil des ministres mercredi dernier.
Ce n'est pas la gabegie, ni l'austérité, juste un voie de passage.
L'objectif des 3% est décalé d'un an.
C'est déjà ça.


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