L'Iphone éthique

En l’occurrence, on devrait plutôt dire l’Aïephone pour faire encore plus mal.

Pardon je m’égare, la sortie d'une énième version d’un tel appareil est véritablement une bonne nouvelle.

Je suis ravi de cette nouveauté, sans euphémisme s’il vous plaît car mon côté humaniste se réjouit par avance de la fin du marasme collectif.

Rendez-vous compte, des millions de clients potentiels attendent cet objet culte, le suspense aux lèvres, la bouche bée, la bave dégoulinante afin de combler la béance de leur vie aseptisée.

Exit la dépression, l’absence d’un sens à la vie, la quête d’un idéal, l’Aïephone est là et nous laisse un je ne sais coi, sans voix comme son nom l’indique.

Enfin une raison circonstanciée de recouvrer la santé et le sourire.

Pouvait-on décemment imaginer que le messie s’incarnerait en téléphone ?

C’est tout un pan de la bible qui s’effondre devant nos yeux impuissants mais nos bourses débitrices car cette fois-ci, le dieu technologie nous offre la pomme pour l’illumination haut débit. C’est trognon, non ?

Enfin, nous pouvons goûter au fruit défendu cathodiquement euh catholiquement pardon.

Cinq fruits et légumes par jour, grâce aux Iphone, Ipod, Imac, il n'en reste plus que trois pour conserver la santé.

Il y a quelques temps déjà, l’Aïepod avait défrayé la chronique pour tous les cons pressés de musique, empressés de se gaver les tympans avec messire MP3. L’Aïepod ou apode nous a scié les pattes et l’herbe sous le pied de ses concurrents au point de devenir phénomène de foire…euh…de mode je veux dire. Aujourd’hui, c’est au tour du téléphone fruité de créer son buzz vibrant dont la mission secrète consiste à révéler notre profonde et désuète solitude.

En effet, ne plus être seul, toujours être en contact, rompre le silence sont autant d’expressions de la misère et de l’isolement enserrant le possesseur de portable qui se contente ainsi à tout moment d’un maigre lien synonyme d’amour.

Mieux vaut téléphoner à un pote et à la fois ignorer son voisin, craindre un effleurement dans le métro ou encore ne pas dire bonjour…

Il faut savoir ce qu’on veut c’est tout !

Recourir à une technologie complexe de communication pour éradiquer ses propres complexes de communication, c’est quand même autre chose !

Ce que je dis n’est pas clair ?

Je vais peut-être l’envoyer par SMS ou l’uploader sur le net, ce sera sûrement plus intelligible.

Finalement, c’est vous qui avez raison, l’Aïephone constitue le compagnon parfait ; quand je pense que j’ai failli prendre un chien…soupir.

De plus j’allai omettre l’aspect économique de la chose :

Internet, téléphonie, télévision, ce n’est plus la peine de sortir donc économie !

Franchement Greenpeace a eu tort de déclarer cette merveille polluante avec sa batterie que d’aucuns prétendent soudée et qui la rendrait jetable, non, soyons sérieux, avec l’Aïephone, plus besoin d’utiliser la voiture, on peut rester chez soi donc, moins de pollution, CQFD !

En outre, ce bijou fabriqué par des enfants, c'est touchant non ?

Cela leur fait plaisir et les occupe afin qu'ils ne fassent de bêtises dans la rue.

D'ailleurs on ne dit plus touchant mais tactile, c'est l'hygiène morale qui l'exige.

En revanche, il paraît que ça grille quelques neurones mais bon, ce n’est pas bien grave puisqu’on s’en sert de moins en moins.