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Les comparateurs d’assurance, un enjeu pour le marché assurantiel

Publié le 23 avril 2013 par Sia Conseil

Les comparateurs d’assurance, un enjeu pour le marché assurantiel Près de six millions d’internautes s’informent chaque mois sur les offres d’assurance présentes sur le web.

Ils sont de plus en plus nombreux à utiliser des comparateurs en ligne, voire à engager la souscription d’un produit par ce biais. Mais pour le consommateur, impartialité et transparence ne sont pas toujours au rendez-vous.

Face aux abus parfois constatés, les instances européennes vont tentent de réagir en recadrant un marché, jusqu’alors peu régulé, notamment au travers de la future Directive IMD2.

L’engouement pour les comparateurs

Les comparateurs d’assurance sont des portails Internet permettant aux internautes de visualiser différentes offres d’assurance afin d’en comparer les tarifs et les garanties. Les principales caractéristiques de ces offres y sont résumées et un classement est généralement établi par tarif. La plupart des produits d’assurances concernés, notamment les complémentaires santés ou mutuelles, les assurances responsabilité civile des entreprises, les assurances vie, crédit, habitations, etc. Lelynx.fr, hyperassur.com, assurland.com, lesfurets.com sont quelques-uns des nombreux sites de comparaison spécialisés dans les produits d’assurances.

La rémunération de ces sites provient essentiellement des assureurs qui paient la mise en relation avec les clients potentiels. Mais le modèle économique des comparateurs suppose une gestion indépendante tandis qu’ils prônent l’analyse neutre, objective et factuelle de l’exhaustivité des offres des assureurs. La simplicité, la rapidité et l’indépendance arborée par les comparateurs d’assurance sur internet sont autant d’atouts susceptibles d’attirer le consommateur potentiel.

Du fait de l’engouement des internautes pour ces outils de comparaison tarifaire, le secteur connaît une forte croissance ces dernières années. Plus de 10 % du nombre de souscriptions de contrats d’assurance en France sur l’année 2011 ont été réalisées par le biais de comparateurs d’assurances.

Les limites d’un développement non régulé

Cependant, le développement du marché des comparateurs d’assurance sur internet n’a pas été accompagné d’un cadre réglementaire précis et plusieurs limites majeures sont identifiables aujourd’hui.

Un des premiers dangers pour les internautes est l’accent mis par les sites de comparaison sur la compétitivité du prix au détriment de la description des conditions et termes sous-jacents des contrats. Les garanties tels que les évènements couverts, les services compris dans la police, les engagements, les conditions de résiliation et de paiement ou bien encore les clauses d’exclusion, qui sont des aspects primordiaux de ces transactions, sont régulièrement mis de côté lors de la comparaison.

Par conséquent, la qualité des informations fournies aux clients par certains sites de comparaison est souvent insuffisante ; ce qui a tendance à pousser les assureurs à la standardisation de leurs offres. Ces sites ne sont par ailleurs pas toujours adaptés aux différents types de produits, comme par exemple l’assurance-vie, qui est un produit complexe dont la compréhension des termes est essentielle.

Par ailleurs, il est indéniable que l’impartialité et l’indépendance de certains sites peuvent être remises en question. Des conflits d’intérêts sont parfois engendrés lorsque certaines plateformes sont liées à des assureurs de la place, ou lorsque la rémunération du site diffère entre les produits d’assurance.

L’EIOPA (European Insurance and Occupational Pensions Authority), autorité de régulation européenne du secteur de l’assurance, a d’ailleurs mis l’accent sur le manque de réglementation des sites de comparaison dans une étude parue en début d’année 2012 intitulée « Aperçu des tendances clefs de consommation ».

Pour répondre à ces dangers, l’Union Européenne a pour objectif, depuis 2002, de créer un marché unique européen de l’intermédiation en assurance, notamment grâce à la directive IMD du 9 décembre 2002 (Insurance Mediation Directive – IMD) qui établit un cadre légal en la matière et fixe des exigences professionnelles pour les intermédiaires et leurs obligations vis-à-vis de leur clientèle.

Les comparateurs et la règlementation européenne IMD2

Certains sites commerciaux de comparaison ignorent souvent, ou choisissent d’ignorer, qu’ils sont soumis à ces réglementations européennes. Dans le cas d’IMD par exemple, des interprétations divergentes des exonérations du champ d’application sont généralement revendiquées pour justifier la non-application de la directive. En effet, il existe des zones d’ombre quant à la définition même de l’intermédiation au sein de la directive.

Des travaux de révision, aboutissant à la directive IMD 2, ont été lancés suite à l’adoption de la directive Solvency II en novembre 2009 dans le but de mieux cadrer, entre autres, le fonctionnement et le développement des sites de comparaison sur Internet. Cette revue abonde notamment dans le sens du projet lancé par la Commission Européenne suite à l’érosion de l’économie mondiale depuis la crise de 2008, qui souhaite que chaque opérateur financier soit réglementé de façon appropriée et efficace. Son vote, originellement prévu en 2013, devrait être repoussé à 2016 à l’image de celui de la directive Solvabilité II.

Face aux enjeux soulevés précédemment, des réponses concrètes sont apportées dans le premier projet de la directive IMD2. Selon ce projet de loi, les amendements et principales évolutions concernant les comparateurs d’assurance seront les suivants :

Abondant dans le même sens que l’EIOPA, le comité consultatif du secteur financier (CCSF), instance de concertation rattachée à la Banque de France et constituée de professionnels de la banque et de l’assurance ainsi que d’associations de consommateurs, s’est prononcé en mai 2012 pour l’établissement dans un avenir proche d’une « charte des comparateurs d’assurances sur Internet ». Son objectif sera de renforcer la transparence et la qualité des comparateurs d’assurances de dommages sur Internet.

Des enjeux majeurs pour les assureurs

Il est probable que lorsqu’IMD2 sera en place, le renforcement de la réglementation induira une concentration du marché des comparateurs d’assurances sur internet ; certains acteurs ne pourront pas se plier immédiatement aux exigences, le premier frein étant leur dépendance vis-à-vis des assureurs.

Les comparateurs ont également fortement mis sous pression les grands assureurs traditionnels possédant un réseau physique. Ces derniers, craignant d’affaiblir leur réseau d’agences et ayant des structures de coĂťt alourdies par la gestion de celui-ci, ont toujours hésité à développer et promouvoir pleinement les possibilités de souscription en ligne. Cependant, dans le contexte économique actuel difficile et à l’aube d’un cadre réglementaire renforcé, les assureurs devraient saisir l’opportunité et réinventer leur modèle de distribution. Il apparaît donc primordial de regagner des parts de marché, notamment celles perdues ces dernières années suite à l’apparition des comparateurs.

En prélude à l’entrée en vigueur d’IMD2, il parait nécessaire pour tous les assureurs d’accentuer leurs efforts et d’engager une réflexion autour de la stratégie à établir pour s’affranchir de ces sites de comparaison.

Dans cette optique, la stratégie de certains assureurs commence déjà à évoluer.

C’est par exemple le cas pour la mutuelle Miltis qui propose un comparateur, en partenariat avec une dizaine d’autres mutuelles, permettant d’estimer les dépenses de santé d’un foyer, selon leur profil.

A partir de bases de données régulièrement actualisées, le comparateur s’appuie sur un historique des dépenses constatées auprès de foyers présentant des caractéristiques similaires pour réaliser la simulation. De plus, l’outil répond à une demande croissante d’anonymat des internautes, puisque ces derniers n’ont pas à renseigner leurs coordonnées pour obtenir l’information souhaitée.

La stratégie déployée sur la toile évolue aussi au sein des grands assureurs. AXA France a récemment ouvert un comparateur de services d’assurance, ayant pour objet de comparer la qualité de service délivrée par les assureurs après prestation et ainsi démontrer qu’il existe d’autres critères de comparaison pertinents que le seul critère tarif utilisé jusqu’alors‌


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