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Sophie adriansen : interview exclusive!!!

Par Geybuss

http://blogs.ionis-group.com/iseg/group/media/Sophie.Adriansen.mittel2.pngIl y a quelques jours, je vous présentais un livre coup de coeur pour moi," Quand nous serons frère et soeur, de Sophie Adriansen. Cette jeune auteure écrit aussi bien pour la jeunesse, une autobiographie et ce roman adulte. Elle est aussi blogueuse littéraire, et c'est en suivant son blog que j'ai eu vent de son livre que je me suis précipitée à aller acheter (commander en librairie), par réel intêret et par solidarité bloguesque. Quelle blogueuse litt ne rêverait pas d'être publiée ?! Je ne connais Sophie que par son blog, je ne sais même pas où elle vit, mon avis sur son livre est donc sans influence particulière.

Vous pouvez faire plus ample connaissance avec l'auteure via son blog http://actualitte.com/blog/sophielit/ et aussi, en lisant ci dessous cette interview maison à laquelle elle s'est soumise avec plaisir !

Sophie, pourquoi écrivez vous ?

SA : J'écris pour cerner ce qui m'entoure, pour mettre des mots sur ce que je ressens, pour poser des questions et trouver des réponses. J'écris d'abord pour moi, je pense à celui qui me lira dans un second temps, lorsque je passe de la pulsion d'écriture au travail sur le texte. J'écris parce que je ne pourrais pas vivre sans écrire, parce que l'écriture est un besoin, une soupape, une cachette, un haut-parleur. Je mets des choses à l'abri dans mes textes, j'y soigne des souvenirs, j'y crie ce que je suis trop bien élevée pour dire seulement dans la vraie vie. Vous tenez également un blog littéraire, donc vous lisez forcément plus que la moyenne. Pensez vous que l’écriture d’un blog et la lecture régulière soient des atouts pour se lancer dans l’écriture romanesque ? SA : La lecture me semble en effet une condition nécessaire à l'écriture. Au-delà des bienfaits sur l'orthographe et la grammaire, le fait de lire permet d'intégrer, plus ou moins consciemment d'ailleurs, des codes et des références auxquels se raccrocher... à moins de décider de s'en affranchir. Quant à l'écriture du blog, c'est finalement un entraînement comme un autre : en chroniquant des livres, on affûte son verbe et sa capacité à analyser un propos. Le tout est d'oser, et plus on s'y exerce, plus les barrières tombent. Venons en à votre roman “Quand nous serons frère et soeur”. Qu’est ce qui vous a dirigée vers le difficile sujet du ressenti (ou non) de la fratrie ? SA : Avant d'écrire sur la fratrie, je voulais mettre en scène la rencontre improbable de deux univers. Pour cela, j'ai imaginé l'intrigue et la confrontation qui en est la conséquence. Mon histoire familiale est très éloignée de celle des deux personnages, j'ai une sœur avec qui j'ai grandi. On dit parfois qu'un ami proche est comme un frère... et d'après le Petit prince, "C'est le temps que tu as perdu pour ta rose qui fait ta rose si importante." Le temps, la vie commune, tout est là. On l'a dit et raconté avant moi, je n'ai pas la prétention de le faire mieux que d'autres. J'avais envie de faire naître une relation fraternelle de façon accélérée. Il m'intéressait de creuser l'aspect de ce capital sympathie et affinités que confèrent (ou non) les liens du sang.

Dans ce roman, vous nous conduisez dans un trou perdu en Haute Loire, dans un village qui, sauf erreur de ma part, n’existe pas ? Pourquoi la Haute Loire ? Pourquoi inventer un village que vous semblez très bien connaitre ? Est-ce la magie du romancier de donner vie et réalité à ce qui n’existe pas tout à fait ?

SA : En effet, Lougeac n'existe pas, et c'est volontaire. L'idée n'était pas d'attirer l'attention sur un village en particulier, mais plutôt de mettre en scène des situations qui pourraient se produire dans tout un tas de petits villages ici ou là en France. Cependant, pour le décrire, j'avais en tête un village bien précis... que je ne nommerai pas ! Mon intrigue nécessitait que la région de résidence de Matthias réunisse plusieurs critères : un certain éloignement de la capitale, des chemins de randonnée, la possibilité de pêcher... Par ailleurs, j'avais envie de paysages rocheux, je voulais que le décor, comme la relation du frère et de la sœur, puisse paraître abrupt ou hospitalier selon les points de vue. La Haute-Loire s'est imposée assez rapidement. Une fois mon choix arrêté, j'ai étudié les noms des villages afin d'en inventer un qui soit le plus plausible possible. Dans le coin, les noms de communes en -ac sont légion... Je ne sais pas s'il l'on peut parler ici de magie, mais c'est en tout cas un pouvoir fort agréable que de construire des situations et des décors tellement réalistes que le lecteur en vient à se demander s'ils existent ou ont existé. De toute façon, le romancier ne fait que cela, reproduire le réel... Comment sont nés les deux personnages ? En effet, Louisa est une métisse citadine qui ignore tout de ces origines et Matthias un paysan bourru ? Louisa aurait tout aussi bien pu être blanche par exemple ? SA :Le personnage de Matthias a été le déclencheur de l'écriture du roman. Il m'est apparu très vite comme il est dans le roman : fermé, portant en lui une révolte silencieuse, solitaire mais aussi prompt à être aimable avec qui sait comment le prendre et, au fond, généreux. Lorsque je l'ai imaginé, je voulais que la confrontation avec sa demi-sœur soit particulièrement inattendue. J'ai donc forgé un deuxième personnage très, très différent en termes de culture, d'ambition, de style de vie. Que Louisa soit métisse permet de nourrir le sentiment de persécution qui ne quitte jamais ce personnage. Elle est parfois un peu parano, et l'hostilité qui existe dans bien des villages à l'égard de tout "étranger" (toute personne, en fait, qui n'est pas du cru) vire au racisme dans son esprit... Que ce serait il passé si les deux protagonistes avaient décidé de procéder à l’inverse.... Matthias qui aurait débarqué à Paris ? Cela pourrait il être le sujet d’un autre roman qui possèderait le même pitch mais évoluerait de façon opposée ? SA : C'est une idée ! La confrontation aurait été plus explosive, et le clash serait intervenu plus tôt dans l'histoire sans doute, car l'appartement de Louisa est minuscule. Mais je ne vois pas Matthias tenir plus de quelques jours dans une grande ville... et je ne suis pas certaine que Louisa lui aurait couru après s'il avait fui avant qu'elle ait le temps de s'attacher à lui. Fin du livre avant la page 80... triste destin pour les personnages ! Blague à part, ç'aurait été un tout autre livre... et la prise de conscience de Louisa n'aurait peut-être pas eu lieu. Comment avez vous écrit ce roman ? Rapidement, sur des années, l’histoire vous trottait en tête depuis une éternité ou vous est elle venue subitement ? Quelles sont vos habitudes d’écriture ? SA : Comme je le disais, tout est parti du personnage de Matthias. Une semaine après avoir croisé la personne qui me l'a inspiré, j'ai jeté les bases du roman : entre temps, l'intrigue avait pris forme dans mon esprit. Le premier jet s'est écrit presque tout seul, en quelques mois, avant que je ne reprenne l'ensemble pour le retravailler dans sa globalité et en détail. Je n'ai pas de rituels d'écriture particuliers, mais j'ai besoin de calme, et de travailler sur mon propre ordinateur : la présence des autres textes me rassure. En janvier 2013, vous avez publié une biographie sur le comédien Louis de Funès, dont nous célébrons cette année le trentième anniversaire de sa mort. Pourquoi lui ? Que vous évoque ce personnage, quelle place a-t-il pris dans votre vie. Comment avez vous travaillé sur ce livre ? SA : Louis de Funès m'évoque l'enfance. C'est un personnage fédérateur, qui réunit la famille toute entière sur le canapé, car il a eu l'intelligence de choisir des scénarios qui ne le couperaient pas du jeune public. Les films dans lesquels il joue peuvent avoir plusieurs lectures, mais tous sont accessibles dès le plus jeune âge. Les mauvaises langues s'en sont donné à cœur joie quant à l'homme : on l'a dit égoïste, colérique, avare... En cherchant à mieux le connaître et à comprendre sa façon de travailler, j'ai réalisé que Louis de Funès était à mille lieues de ce qu'on a dit de lui. Et c'est ce personnage là, perfectionniste et travailleur, généreux et réservé, que j'ai eu envie de raconter. Pour ce faire, je suis allée piocher dans les souvenirs de ceux qui l'ont côtoyé et pour qui il a compté... Vous avez écrit des livres pour la jeunesse, une biographie, un roman adulte. Des exercices que j’imagine bien différents ? Comment et pourquoi s’attaque-t-on à l’un ou à l’autre ? Et si vous ne deviez choisir qu’un style de livre, lequel vous apporterait le plus ? SA : La biographie est effectivement un exercice à part : elle nécessite non seulement de la documentation, mais aussi et surtout un respect scrupuleux de la vérité. Pour le reste, que j'écrive pour les adultes ou les plus jeunes ne fait pas tellement de différence : je veux dire par là que si je veille au vocabulaire et aux tournures des phrases quand j'écris pour les enfants ou les ados, je ne change en revanche rien à ma façon de raconter les choses, de créer mes personnages ou de construire mon intrigue. Ce sont avant tout les sujets qui dictent la cible... et j'ai encore dans ma besace bien des choses à dire aux enfants et aux plus grands, parce que j'ai encore bien des choses à faire dire à l'enfant que j'ai été, et que chaque jour m'apporte des choses à dire en tant qu'adulte sur le monde d'aujourd'hui. Voilà pourquoi il m'est tout bonnement impossible de choisir un seul genre de livres ou un seul public. Heureusement, on ne me le demande pas ! :) Quels conseils donneriez vous à un aspirant écrivain ? SA :Des conseils très simples : s'écouter, ne pas se mettre de barrières, se répéter que tout est possible. Croire en soi. Ecrire le livre qu'on aimerait lire. Oser tout, sans craindre le jugement des autres, sans chercher non plus leurs applaudissements. Savoir pourquoi on fait les choses, savoir ce qu'on a à dire, ce qu'on met de soi dans ce qu'on écrit, pourquoi on dépose ce qu'on dépose dans les phrases. Et beaucoup lire, évidemment. Tout vient de là. Quelle lectrice êtes vous ? Comment choisissez vous vos lectures ? Quelles sont vos 3 derniers coups de coeur littéraire ? SA :Je suis une lectrice compulsive, je crois que mon blog en est la meilleure démonstration ! J'ai une nette préférence pour la littérature française et contemporaine, une affection particulière pour l'autofiction. J'aime les livres courts et forts. Je choisis mes lectures en fonction de mes préoccupations et mes envies du moment (il m'arrive d'être sujette à des monomanies temporaires)... et parfois, d'éléments plus subjectifs comme un titre prometteur, une belle couverture, une quatrième de couverture qui m'emporte. Ce qui fait qu'un livre devient important tient à la fois au sujet et à l'écriture. Je suis en permanence à la recherche de styles qui font sauter les supposés verrous. Parmi les récentes bonnes surprises j'ai retenu, Les Etourneaux de Fanny Salmeron, La Nuit pacifique de Pierre Stasse et Marc Beltra, roman autour d'une disparition de Mathieu Simonet. Trois univers très différents qui méritent le détour. si besoin, les liens : http://actualitte.com/blog/sophielit/2013/03/18/les-etourneaux-fanny-salmeron/ http://actualitte.com/blog/sophielit/2013/02/18/la-nuit-pacifique-pierre-stasse/ http://actualitte.com/blog/sophielit/2013/01/28/marc-beltra-roman-autour-dune-disparition-mathieu-simonet-francoise-olives/

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