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La responsabilité d’un directeur d’école face à la norme

Publié le 17 avril 2008 par Dominique Foucart

Les déboires du directeur de l’Athénée Emile Jacqmain à Bruxelles - qui a refusé d’appliquer le décret sur les inscriptions et se retrouve aujourd’hui confronté à son pouvoir organisateur - m’ont inspiré un courrier au journal “Le Soir”. Celui ci a été publié partiellement dans l’édition de ce matin. Je vous livre ici l’intégralité du texte. Je trouve en effet que certaines coupures (tout à fait justifiée par les impératifs éditoriaux) font cependant perdre une partie du message.

Quoi que l’on pense du décret “inscriptions” de Madame Arena, ce décret est né des voies normales de la démocratie. On peut être en accord ou en désaccord avec lui, aussi longtemps qu’il n’est pas remplacé par une autre disposition tout aussi démocratiquement construite, il représente la norme qui doit s’appliquer. Un rôle fondamental de l’école est de former des citoyens responsables, et ce en particulier dans le cycle des humanités. On peut donc s’attendre à ce que les responsables d’établissements d’enseignement soient particulièrement attentifs à faire respecter une valeur aussi fondamentale que la norme légale. Ce respect doit évidemment aller de pair avec un apprentissage du droit à la contestation, dans le respect des règles de la démocratie. Et c’est bien ce rôle que le directeur de l’athénée Emile Jacqmain me semble ne pas avoir rempli correctement. Il avait parfaitement le droit de ne pas être d’accord avec le décret de Madame Arena. Il disposait à cette fin de tout un arsenal de réponses possibles, dans le cadre du système démocratique dans lequel nous nous trouvons: depuis les différents recours individuels et collectifs, jusque et y compris par exemple la mise en place d’une action syndicale. Il semble avoir choisi une autre voie: se faire justice soi-même, et faire participer ses étudiants et ses professeurs à cette mutinerie. C’est à mes yeux une double erreur. Se faire justice soi-même est contraire à notre système démocratique qui prévoit de nombreuses voies de recours face aux injustices qui nous sont faites. Animer un débat destiné à créer une mutinerie, c’est passer le message que l’individu peut se placer au-dessus des règles lorsque celles-ci ne lui conviennent pas. Faudra-t-il dès lors s’étonner le jour ou ces mêmes étudiants, insatisfaits d’une mesure prise par leurs enseignants ou la direction de l’athénée, choisiront de se faire justice eux-mêmes ? Qu’en pense leurs collègues victimes d’agressions dans le cadre de leur fonction ? Je ne crois pas qu’il faille “sanctionner” de manière simplement punitive une attitude comme celle-ci. Une approche plus éducative me semblerait plus appropriée. Tous (les autorités publiques, le directeur, ses enseignants, leurs élèves et les parents) doivent mener une réflexion constructive sur le sens de la norme. Peut-être pourraient-ils réfléchir à la manière la plus constructive d’améliorer le contenu du décret, tout en apprenant également qu’une norme ne peut entièrement satisfaire chacun, mais doit s’intéresser au bien-être du plus grand nombre.

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