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Arman Méliès – IV [2013]

Publié le 25 avril 2013 par Feuavolonte @Feuavolonte

Arman.Méliès.IV 1 150x150 Arman Méliès   IV [2013]Arman Méliès
IV

At(H)Ome
France
Note : 9/10

L’instrumentation a toujours primé sur les textes dans mon approche de la musique, ce qui justifie mon peu d’attirance pour la musique francophone où quelquefois la compréhension des textes m’empêche presque de savourer les univers instrumentaux. Pour le coup, il est très rare pour moi d’avoir de réels coups de cœur pour des artistes Français qui mettent en avant leurs textes, mais lorsque c’est le cas le plaisir est comme décuplé. Avant d’écouter IV, son quatrième opus, je ne connaissais que de nom Jan Fiévé alias Arman Méliès, aussi bon guitariste (sur une tournée de Julien Doré) que parolier (pour Julien Doré qui lui rendra la pareille sur cet album, Thiéfaine ou encore Bashung sur Bleu Pétrole). C’est par le titre Pompéi présent sur une compilation que j’ai succombé à cet univers très sombre aux frontières du cold wave et du krautrock, porté par une voix à première vue monotone, mais en réalité extrêmement expressive (Daho ? Chamfort ?). Il m’aura suffi d’écouter une fois l’album en entier pour totalement adhérer à cet univers et depuis ce IV ne cesse de tourner en boucle chez moi. Il était finalement temps de confirmer que j’étais bien le petit français de Feu à volonté et d’exporter des artistes dignes d’être connus en terre du Québec.

Le morceau d’ouverture, L’art perdu du secret, commence en douceur avec une guitare acoustique accompagnant délicatement la voix fragile d’Arman Méliès avant que les synthés ne prennent le pouvoir et n’impriment une rythmique plus soutenue à l’ensemble. L’atmosphère générale reste empreinte d’une certaine mélancolie liée à la voix de Méliès. Mon plus bel incendie témoigne cependant dans la foulée de la capacité de taquiner les nuances plus pop avec une voix plus claire et un refrain particulièrement addictif. Un très beau morceau tout en contraste, entre pouvoir mélodique et paroles sombres. Pompéi, le single, fait irruption quant à lui dans un univers aussi noir que l’encre. Climat krautrock, synthés anxiogènes, rythmique étouffante et voix désincarnée, il y a comme une ambiance de fin du monde contre laquelle il est impossible de lutter.

Arrive alors un ovni, une épopée de 10 minutes qui rappelle le Siberian Breaks du dernier MGMT, Silvaplana/Rocken/Schwarzwassen/ Der Antichrist et son titre en référence à Nieztsche. Ce morceau en trois mouvements est juste sublime : 2 minutes de douceur atmosphérique introduisent le chant mélancolique d’Arman Méliès parfaitement enveloppé par les synthés avant que l’instrumentation devenue soudainement plus âpre ne prenne le pouvoir pour une montée en puissance placée sous le signe de l’urgence et du désespoir parfaitement imparable. Un morceau aussi inattendu que puissant. Rose poussière semble ensuite avoir pour objectif d’apaiser l’auditeur angoissé avant Des vitrines qui se veut résolument plus rock et m’évoque clairement Ghinzu. Un morceau qui témoigne de la richesse du chant de Méliès.

Fern Insel, morceau instrumental qui peut rappeler les paysages sonores de Boards of Canada, amène le dernier mouvement de l’album. Dans la cendrée s’impose dans une veine plus électro-pop, l’utilisation des synthés étant digne de Goldfrapp et le chant se voulant plus mélodique. Un Arlésienne me touchant moins puis l’instrumental et krautrock Mes chers amis qui était sorti sur le net en 2012 avec en fond le discours d’investiture à la présidence de Nicolas Sarkozy. Un joli bijou glacial aux sonorités spatiales, du MGMT dénué de tout pouvoir pop. Le titre caché Pompéi II, pas particulièrement indispensable, aura juste le mérite de nous délivrer un joli solo de guitare.

Ce IV de Méliès a eu le mérite de pleinement me convaincre que le chant en français se marie parfaitement avec des ambiances krautrock. Je n’affirme pas qu’il est le premier à le faire et reconnaît volontiers mon manque de culture dans ce domaine, mais pour moi, c’est tout comme s’il était le premier et ça suffit pleinement à mon bonheur.

Morceaux préférés: Silvaplana… – Pompéi – Mon plus bel incendie – Dans la cendrée – Des vitrines

En cadeau le clip de Mon plus bel incendie où vous pourrez vous amuser à reconnaître le plus d’artistes français possible!


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