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ES64, Earsonics reprend la pôle

Publié le 28 avril 2013 par Tupperwav @TupperWav

Après un démarrage un peu chaotique (rappel des premiers modèles par le constructeur), l’intra universel SM64 dans sa dernière version nous a été prêté par Earsonics pour un Tupper Test en bonne et due forme.

1. Earsonics : du moulé à l’universel

1.1. La marque a assis sa notoriété sur le custom IEM chez les professionnels

Earsonics (ES) a ciblé dans les premiers temps de son développement un public essentiellement professionnel. Plateaux télé, Ingénieurs du son, et divers artistes de la scène française se sont équipés progressivement avec les custom in ear de la société toulousaine. Ce sont alors des produits tels que les EM2, puis les EM2 Hifi et les EM3 qui constituent le cœur de gamme de la marque.

Les qualités sonores, ainsi que la qualité de fabrication et le SAV pour les professionnels permet à ES d’asseoir une notoriété naissante, dans ce marché de niche. A la rédaction, les EM2 et EM3 ont été des modèles appréciés à leur époque pour des qualités différentes : Neutralité mais musicalité pour les EM2, caractère plus « enjoué » pour les EM3, notamment dans le bas de spectre.

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1.2. Une volonté de diversification vers l’universel pour les particuliers et semi-pro

La marque s’est ensuite lancée dans la course à l’universel avec une série de modèle, dont les retours furent variables auprès du grand public

  • SM2

Le premier intra de la marque, qui s’inscrivit à l’époque en rival principal du Westone UM2. Un intra dont les qualités sur les médiums étaient évidentes, mais dont le haut de spectre trop écourté pour certains était un show stoper. On pouvait y voir dans une certaine mesure la déclinaison universelle de l’EM2, bien ce que dernier soit à mon sens beaucoup plus neutre que le SM2.

  • SM3

Le SM3 amenait un supplément de dynamisme notable à l’écoute, et une solidité sur la partie basse qui lui conférait une suprématie dans le domaine face aux autres concurrents. Le médium caractéristique de la maison velouté et non agressif était également un point fort de l’intra. Toutefois le prix conséquent, et un haut de spectre encore voilé, ne faisaient toujours pas l’unanimité parmi les audiophiles. De plus le Westone 4 et le Westone UM3X se posaient en redoutables concurrents sur le même positionnement tarifaire.

  • SM1

Le SM1 devait constituer l’entrée de gamme du constructeur sur le marché. Le produit avait toutefois du mal à convaincre face à une concurrence féroce et souvent moins onéreuse, pour des consommateurs souvent très regardant au coût des produits.

  • SM64

Avec le SM64, Earsonics à souhaité décliner le meilleur des EM4 et des EM6 dans une version universelle. Restait à voir (écouter) si la promesse était tenue … ?

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1.3. Un environnement en mutation profonde qui réinterroge le prix des intras haut de gamme

Il reste toutefois à considérer ces produits dans un contexte plus global de mondialisation galopante. Le marché du casque audio est en effet extraordinairement actif ces dernières années, et c’est un des rares secteurs de l’électronique qui a continué de croître en 2013.

En conséquence, nombre d’acteurs entrent sur le marché, que ce soit par extension de leur activité traditionnelle (cf. focal en 2012) ou la création d’une branche audio a part entière (Antek, Onkyo, …). L’intra ne fait pas exception avec, pour ne citer que lui, le constructeur 1964 Ears qui réalise une superbe année 2012-2013 avec les Quads puis les V3, a des tarifs ahurissants …

On se retrouve donc aujourd’hui avec un marché de l’intra universel haut de gamme et un marché du custom in ear (moulé) d’entrée de gamme au même tarif (~400€). Le consommateur est légitimement en droit d’hésiter fortement avant de choisir l’un ou l’autre de ces produits selon ses usages.

En synthèse si on devait aujourd’hui brosser de manière grossière les avantages des universels et des moulés on pourrait le faire tel que suit :

IEM

  • Confort
  • Corpulence du son
  • Solidité
  • Câble remplaçable systématiquement

Universel

  • Revendable
  • Moins intrusif dans l’oreille
  • Diversité des embouts
  • Moins d’entretien

Que retenir donc ? Pas de vérité absolue au final. Pour les frileux qui hésitent à partir sur une paire de moulés il pourra être plus sage de continuer sur des intras universels. Pour les autres, il faudra au moins une fois tenter l’aventure moulé pour se rendre compte de la différence … Le principal problème restant la difficulté de tester des moulés.

Mais revenons à nos moutons (audiophiles).

2. Le SM64, dans la lignée de l’EM6 ?

Le SM64 est censé être un parfait hybride au format universel, entre un EM4 ciblant davantage les mélomanes et un EM6 ciblant les pro de la scène. Le produit devient au passage le vaisseau amiral de la marque en « universel ». 

2.1. Fiche Technique

Si l’on en croit nos échanges avec le constructeur, voici le secret de la performance des SM64:

EarSonics avec son SM64 reprend dans un universel une partie des travaux entrepris sur les fleurons de gamme que sont les EM4 & EM6. Cependant EarSonics sort des sentiers battus en proposant un concept assez novateur a savoir de proposer d’obtenir une courbe de réponse en fréquence des plus linéaire. Pour y parvenir il a développé des transducteurs avec des fronts raides au niveau courbe de réponse permettant ainsi un meilleur ajustement entre les différentes bandes de fréquences des transducteurs. Ainsi les accidents caractéristiques des IEM sont ici atténués.

Sur le site on peut retrouver plus factuellement les caractéristiques du dernier-né  :

  • Sensibilité: 122 dB/mW
  • Réponse en fréquences: 10 Hz -20 kHz
  • Impédance: 98 ohms
  • Driver: 3 transducteurs avec nouveau filtre HQ 3 voies à correcteur d’impédance.
  • Livré avec: lingettes, outil de nettoyage,
  • étui de transport.

2.2. Qualité de fabrication

Relative déception ici, puisque la marque ne fait pas preuve d’inventivité dans son design (on est quasiment sur un format cloné des Westone UM3X), ni ne montre de velléité spécifique à utiliser des matériaux plus nobles/robustes sur son haut de gamme. Très dommage quand on voit ce que propose par exemple Musical Fidelity sur ses EB-50, avec sa superbe coque métallique.

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Pour la partie câble on retrouve le traditionnel câble Earsonics torsadé avec l’embout doré, détachable. On aurait aimé une prise davantage protégée que dans le cas présent, à la manière de l’option « recessed » qu’on trouve aujourd’hui sur certains IEM. Il faudra veiller à ranger ses écouteurs systématiquement, pour ne pas risquer de casse au niveau de la jonction intra/câble.

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Côté Bundle, rien de novateur également. On retrouvera le petit étui de protection siglé Earsonics, un ensemble de 4 jeux d’embouts et le petit outil de nettoyage permettant d’enlever le cérumen des embouts.

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2.3. L’analyse du son (Par Antoine et Sylvain)

L’avis Antoine 

S’il y a bien un avertissement que l’on ne saurait jamais assez marteler concernant le ressenti de la performance sonore que l’on peut avoir à l’écoute d’intras universels … c’est bien l’importance du choix de l’embout ! Loin d’être des détails dans la perception globale du son, la forme,  la profondeur, le matériau et l’usure des embouts influent notablement sur la signature d’un intra. Les embouts les plus répandus que l’on trouve maintenant de manière incontournable dans les bundle des constructeurs sont :

  • Les Foam ou « mousses »
  • Les silicon sleeves
  • Les biflanges ou triflanges pour les marques les plus intrusives

Dans mon cas le SM64 ne s’est montré à mon gout qu’avec les mousses longues, et m’a déçu avec les autres embouts. J’ai détaillé ma perception dans chacune des sous parties suivantes.

2.3.1. La présentation de la scène

Indéniablement un des gros points forts des  SM64 par rapport aux SM2 et SM3, la scène acquiert une solide largeur et une spatialisation 3D plus précise. On se rapproche sur cet aspect de la différence qu’il est possible de constater entre l’ancienne série EM2 et EM3 vs l’EM6 le dernier né de la gamme pro. Un cap « technique » a été franchi aussi est-il bien normal de le saluer … et de l’apprécier dans un second temps ! L’étagement des plans est lui aussi remarque : le SM64 parvient à proposer de manière convaincante les éloignements des différents objets sonores avec naturel, en accordant un niveau de détail à tous. A propos de sens du détail, le SM64 n’en manque pas et nous offre une vision grand champs du paysage musical. La métaphore est audacieuse mais a le mérite de représenter ce que l’on ressent avec trop d’écouteurs intras d’entrée de gamme : Un grand « flou » dès qu’on cherche à fixer l’attention hors des sentiers trop battus de la mélodie principale, au pays des back vocals, des nappes de violons, et autres Ô combien chéris péri phénomènes percussifs.

Pour en revenir à la largeur de scène, on progresse pas à pas vers une sortie de l’écoute un peu trop « en tête » que proposent malheureusement la plupart des intras encore à l’heure actuelle, la sensation étant de plus exacerbée par l’impression désagréable du conduit auditif obstrué par l’embout. On est encore loin de ce que proposent les meilleurs casques full size ouverts en la matière, mais on tend vers une reproduction plus naturelle, qui évitera les gênes et fatigues auditives pour les plus sensibles (j’en fais malheureusement partie).  Sur cet aspect, j’ai même trouvé les SM64 quasiment au niveau de mes EM6, ce qui n’est pas une mince louange pour les connaisseurs.

En un mot comme un cent, le SM64 constitue pour moi un vrai pas en avant de la marque en termes de présentation de la scène sonore dans son ensemble, tant par le naturel de la reconstitution que par la qualité technique de la prestation offerte.

2.3.2. La section basse

La section basse m’a tout d’abord très fortement déçue … lorsque j’ai la première fois chaussé les sM64 avec les Silicon sleeves. Quantitativement l’écoute me semblait déséquilibrée avec des basses trop présentes. Qualitativement, je regrettais le manque de rapidité et le niveau de définition assez quelconque de ces fréquences.

J’ai alors commencé à jouer avec les embouts, me souvenant que d’autres écoutes avaient été notablement altérées par l’usage de tel ou tel embout. Les biflanges ne faisaient pas mieux à mon goût. En dernier lieu j’essayai les mousses (plus longues que les mousses « comply foam » de chez Shure) proposées dans le bundle … Délivrance !

Le SM64 retrouve un équilibre remarquable, et surtout une réactivité et une capacité à marquer les césures que j’attendais immanquablement, ayant pu testé le saut qualitatif des EM6 dans la section basse auparavant. Une fois doté de ces mousses, l’ES64 est moins « basseux » que le SM3, et fait montre d’une belle autorité qui ne manquera pas d’honorer les styles aux sections basses chargées mais pour lesquels la rapidité doit être exemplaire (Métal, MAO fast beat, …)

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2.3.3. Les médiums de la maison

Pour nos lecteurs qui commencent à se familiariser avec la signature sonore de la marque, le velouté des médiums est assez facilement reconnaissable. La grande différence vient cette fois-ci du fait que l’équilibre est plus marqué. Là ou SM2 et SM3 étaient du côté obscure de la force, le SM64 est lui du côté « neutre ». Enfin un produit pour lequel, on ne devrait plus entendre les détracteurs de la marque arguer du « voile » sur le médium. Tout est ici parfaitement à sa place et magnifié par une très belle présentation de la scène sonore, qui mettra les voix particulièrement à l’honneur. Par cet aspect le SM64 se rapproche davantage de la performance offerte par les EM6 que celle des EM4 .

Cependant, sachons raison garder. Earsonics n’a toujours pas réussi à corriger un des défauts des universels par rapport aux moulés aujourd’hui : la corpulence des timbres.  Cette sensation est particulièrement perceptible sur les percussions (caisses claires notamment) ou les cordes (violoncelles et guitares). La ou l’EM6 propose une profondeur et une matière de timbre bien « charnue », le SM64 a tendance à dessiner très finement les contours d’une sculpture … vide. Je ne lui jette pas la pierre dans la mesure ou je n’ai pas encore écouté d’universels dépourvu de ce défaut … Néanmoins, sans liberté de critiquer, gageons qu’il n’y ait point d’éloge flatteuse !

On touche ici du doigt la différence principale entre moulé et intras. Espérons que nos amis constructeurs investiront suffisamment en R&D pour déterminer les tenants et aboutissants  de ce phénomène et en déduire les corrections envisageables

2.3.4. Une section aiguë enfin satisfaisante

La section aiguë m’aura occasionné la même surprise que la section basse avec les embouts de type « silicon sleeve ». L’écoute n’était pas agréable avec des acidités et des pics assez notables dans l’aiguë rendant l’écoute fatigante  voire sybillante sur nombre de caisses claires et sifflantes dans les voix. Une fois l’embout changé pour les « mousses », tout devait cependant rentrer dans l’ordre. Beaucoup moins ostentatoire, plus douce, filante et surtout plus naturelle, la partie aiguë devait finalement constituer la véritable pierre d’achoppement du SM64.

Car c’est bien ici la plus grosse différence par rapport aux SM2 et SM3. Le SM64 mettra définitivement un terme aux détracteurs de la marque qui lui reproche d’être souvent « écourtée » dans l’aigu. Le SM64 est un modèle d’équilibre, qui sans tomber dans le monde ennuyeux et flat (parfois sans dynamisme) du monitoring, se paie le luxe de conserver la musicalité de la marque. On retrouvera donc avec bonheur une certaine « luminosité » lors des écoutes qui pouvait manquer aux précédents modèles de la série « SM ».

Sur cet aspect et à titre de comparaison, le SM64 présente notablement plus d’aigu que les EM6, qui sont eux travaillés pour ne jamais fatiguer les musiciens / pro du son, même lors des longues sessions d’écoutes.

2.3.5. L’analyse complémentaire de Sylvain

Jusqu’alors le fleuron de gamme EarSonics en universel était représente par le modèle SM3 qui fut a sa sortie plébiscité par son apport indéniable de naturel et performances globales. Depuis la concurrence se resserre et nombre de produits talonnent sur ce segment haut de gamme de l’intra universel. EarSonics ne pouvait donc sûrement pas en rester là et se devait de prouver qu’il reste un des acteurs majeurs de la profession. C’est sur ces bases que le modèle SM64 voit le jour. En écoute d’emblée le son EarSonics se reconnaît instantanément.

Cependant très rapidement on se surprend à découvrir un niveau de détail que jusqu’alors je n’avais jamais entendu sur un IEM. La partie médium est de toute beauté, délivrant des nuances et subtilités digne des IEM moulés haut de gamme. L’aigu file très haut sans artefact et dureté. On retrouve la patte ES. La section basse quant a elle possède du niveau et se révèle rapide à souhait lorsque le message l’exige ! Cependant je trouve ce registre un poil musclé qui parfois a tendance à alourdir le message (j’utilise les SM64 avec des earmolds en ce qui me concerne).

Par ailleurs pour avoir testé le SM64 seul couplé a un lecteur ou alors en s’octroyant le bénéfice d’un amplificateur force, est de constater que l’apport de ce dernier est indéniable.

Au global les prestations de l’EM64 sont a classer dans des performances digne des meilleurs moules. Il représente a mon avis le choix naturel à l’heure actuel pour  tout mélomane qui désirent conserver la souplesse d’un intra universel tout en ne sacrifiant aucunenment les performances.

3. Conclusion

Après nos écoutes, il est assez clair que le SM64 est un intra très réussi d’un point de vue « Qualité sonore ». Ses qualités techniques certaines, ne sont font pas  au détriment de la musicalité, et le spectre fréquentiel est traité avec une égale réussite . C’est le meilleur universel que nous (Antoine et Sylvain) avons eu jusqu’à présent à la rédaction.

Toutefois il conviendra de noter que la qualité de fabrication aurait pu être plus soignée, tant sur le design que sur l’emploi des matériaux. A ce prix là, on est légitimement en droit d’exiger plus que ce ce que nous livre Earsonics.

Enfin, quand au même prix on peut s’acheter des intra moulés assez réussis à la concurrence (1964 V3 par exemple, que d’autres testeurs TW possèdent), la question de mettre 400€ dans un intra universel se pose forcément !

A l’heure actuelle il est décidément plus que jamais compliqué pour l’audiophile de faire son choix entre haut de gamme universel et entrée de gamme « moulé ». Une chose est sure Earsonics reprend avec le SM64 la pôle position, concédée un temps à Westone et ses W4.

SM64 1 ES64, Earsonics reprend la pôle


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