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Les Bains-Douches scellent une nouvelle page

Publié le 30 avril 2013 par Jhblog

Pendant quatre mois, les Bains-Douches, lieu mythique des grandes nuits parisiennes a reçu une « trentaine » d’artistes issus du streetart qui ont rendu hommage à l’ADN artistique de cet espace qui a plus d’un siècle d’histoires. Sojeans a eu le grand honneur de pouvoir visiter les lieux. Nous tenions à vous faire partager notre expérience et l’histoire que nous avons découvert derrière ces murs.

Au mois de mars nous apprenions que Les Bains-Douches allaient mettre en place une résidence d’artistes éphémère. Aux dernières nouvelles, les pièces de ce bâtiment de 6 étages dont la boîte de nuit occupait deux niveaux, étaient devenus des bureaux. Le studio d’animation Mac Guff qui avait fait Kirikou y avait même pris ses quartiers. Mais avoir un mythe qui nous ouvre ses portes et qui en plus nous invite à découvrir des artistes internationaux des plus talentueux, que demander de mieux ?! Le concept : jour après jour un artiste est révélé et mise en valeur sur le site. On trouve un historique avec ses influences, son travail, ses origines mais également des photos  ou un film vidéo de l’œuvre qu’il a réalisé aux  Bains-Douches.

On s’est alors empressé de demander à Magda Danyscz, la commissaire d’exposition, de pouvoir visiter les lieux. Mission accomplie ! On fera partie des dernières personnes privilégiées qui auront mis pied dans ce lieu réputé. C’est le 11 Mars que le public a pu découvrir en live web, cette résidence d’artistes extraordinaire qui s’est enrichie au fil du temps. Cependant, « la première intervention éphémère remonte au 8 décembre par Lek et Sowat puis les premiers artistes ont commencé à investir les lieux le 7 janvier 2013″, nous rapporte Clémence, chargée des relations presse pour la galerie Magda Danyscz.

A notre arrivée, c’est un endroit assez sombre, un minuscule ascenseur qui prend trois personnes au maximum qui nous emmène au dernier étage du bâtiment. Là-bas c’est une pièce délabrée qui nous accueille, on est loin de l’univers des strass et paillettes qui ont fait le succès de ce lieu. Mais c’est bien vite que l’on commence à capter l’aura de cet espace légendaire dans lequel des artistes sont en train de continuer l’histoire. De vieux vinyles sont posés sur le sol, Clémence qui nous fait la visite commentée de la résidence d’artistes éphémère nous parle de certains d’entre eux qui se sont servis d’objets et de matériaux récupérés sur les lieux. A droite, on tombe sur une pièce où l’on voit une grosse sphère en bois en construction sur deux étages. « C’est l’œuvre de SAMBRE, nous explique Clémence.  SAMBRE est un artiste qui pour créer sa sphère a récupéré des morceaux de bois. » Mais commençons par le début.

Les Bains-Douches scellent une nouvelle page
Sambre – Work in progress – photo de Stéphane Bisseuil

Tout d’abord les Bains-Douches c’est quoi ?

« Le lieu a été créé en 1884, à la base c’était un lieu thermal privé, il y avait les Bains au sous-sol et le reste de l’immeuble était en location », nous apprend Clemence.

Ils ont entre autre accueilli Marcel Proust. Exploitées jusqu’en 1970, les thermes fermeront finalement leurs portes. Et c’est huit ans plus tard que deux amis décideront de les rouvrir mais d’y amener une activité nouvelle. Les Bains-Douches gardent leur nom mais c’est une salle de concert rock que l’on découvrira à la place des thermes, et qui en deuxième partie de soirée se transformera en discothèque. Dès le début des années 80, la réputation de ce lieu des nuits parisiennes sera construite par les acteurs du monde des médias, de l’art et du spectacle. Elle dépassera même les frontières du territoire national. Parmi les célébrités qui étaient des habituées on compte Prince, Catherine Deneuve, Grace Jones, Robert De Niro, Andy Warhol, Karl Lagerfeld… David Guetta y sera DJ résident, d’autres célébrités détourneront ce lieu chacun à leur manière. Thierry Ardisson y fera une émission intitulée Bains de Minuit. Roman Polanski le prendra comme décor pour son film Frantic avec Harrisson Ford…

Pourquoi avoir voulu faire des Bains-Douches une résidence d’artistes ?

« L’idée de faire une exposition éphémère a été une évidence quand on a commencé la visite du lieu », raconte Clémence. En effet, certains  s’étaient déjà appropriés les murs avant. Il y avait une fresque de Futura 2000 créée en 1985 et l’empreinte de Space Invider qui avait laissé sa mosaïque-marque de fabrique en 2002. « La résidence éphémère nous a permis de faire un site de plus belle qualité. C’est un projet très humain. L’important pour nous était que les artistes puissent réaliser ce qu’ils avaient envie de réaliser« , développe Clémence

Qu’avez-vous voulu faire ressortir de cette collaboration ?

« Cette collaboration permet aux artistes de faire des propositions de grandes ampleurs. Ce qui fait le charme et toute la richesse de cette exposition éphémère c’est qu’elle réunit différents artistes de différentes villes et surtout de différentes générations. C’était une vraie envie. Il y a quatre générations qui vont d’artistes de la vingtaine d’années  jusqu’à Villeglé qui a plus de 90 ans. On retrouve des personnes de la 1ere génération de graffeurs comme Ash, Jay One et Skki et on va jusqu’à la dernière. Les plus jeunes sont le duo d’artistes italiens Sten Lex, ils ont 29 ans« . Ces deux la sont les pionniers du pochoir urbain en Italie.

Les styles qu’on retrouve dans cette galerie éphémère sont tellement différents. On va retrouver des artistes comme WXYZ fait une exposition dans une exposition, « c’est une mise en abyme de ses œuvres », nous explique Clémence  Il recouvre la pièce dans laquelle il évolue de sa propre écriture, se laissant même aller à continuer d’écrire sur les fenêtres. SKKI, lui sur l’un des murs où il a travaillé décide de nous parler de personnes qui ont participé à l’histoire des Bains-Douches. Sur le mur des escaliers qui mènent à la boite de nuit, il y a une inscription : Joy division les Bains-Douches 18 décembre 1979 20h30 SKKI©. En effet, c’est à cette date-là que jouait pour la première fois aux Bains-Douches les Joy Division. Sur plusieurs murs il nous fait partager ses pensées.

WXYZ Bains Douches courtesy

WXYZ photo de Jerome Coton

Comment avez-vous choisi les artistes qui pouvaient participer à cette résidence d’artistes éphémère ?

« Nous avions une réelle envie d’avoir des artistes avec un maximum d’expression diverses pour créer une richesse des modes d’expression.« 

Avez-vous une idée de ce qui a pu inspirer les artistes ? Et ce qui a pu leur donner envie d’y venir ?

 » Je pense qu’il y en a qui sont venu pour le plaisir des yeux, par curiosité. Il y a des artistes comme SKKI  qui connaissent déjà les Bains car ils y étaient déjà venus, par exemple lui étaient venu à l’époque où le groupe Joy Division jouait aux Bains pour la première fois, c’était en 1979. Il y en a d’autres au contraire qui n’étaient jamais venus. Certains d’entre eux ont été inspirés par le lieu en terme de bâtiment, de lieu architectural ; c’est un immeuble Haussmannien« , nous explique Clémence. D’autres plus que de s’inspirer du lieu se sont servis des éléments qui se trouvaient aux Bains. « Nous avons quatre artistes qui intègrent du mobilier qui était déjà sur place: Sambre, Poesia, Katre et Gilbert1« .

Avez-vous des anecdotes sur l’occupation des lieux par les artistes ?

« Ce qui est étonnant  c’est qu’il n’y a quasiment jamais eu deux artistes qui aient voulu travailler sur le même espace. On a vu chez eux la recherche de contraintes, s’étonne Clémence. SAMBRE a investi le lieu d’une manière conséquente, il occupe deux étages. Il s’est servi des matériaux récupérés sur les lieux pour créer son œuvre. C’est un modèle d’investissement. » En effet, lorsque l’on rentre dans la pièce on ne voit que ça, une énorme sphère faite de bois et qui traverse le sol pour continuer sur l’étage du dessous.   »Thomas Canto a travaillé 17h par jour, il a logé ici et a créé cette mise en espace en 3 dimension. » Chaque artiste a travaillé comme il le sentait. « Il y en a qui ont travaillé sur quelques jours, comme par exemple ceux qui étaient originaires d’Allemagne, d’Australie ou d’Italie. Les artistes originaires de Paris viennent entre deux expositions.« 

Les Bains-Douches scellent une nouvelle page
Thomas Canto photo de Jerome Coton

Est-ce que certains artistes ont travaillé ensemble? Peut-être de façon a créé un message commun?

Les artistes ont voulu travailler avec Futura 2000. Clémence nous montre une oeuvre que SOWAT  a réalisé sur le sol de la pièce où on peut voir la fresque de Futura 2000. Jacques Villeglé a également travaillé dans la même pièce. Effectivement sur un mur de la pièce on remarque une de ses inscriptions ou l’on peut lire « Vous êtes dans un lieu historique. Silence« .  »Dans les années 60, il fesait un travail d’affichiste. Et c’est un grand honneur pour nous et pour les artistes qu’il ai été ici. Il y a un réel lien historique entre les uns et les autres« , continue Clémence. Les plus jeunes artistes réutilisent des techniques qu’ils ont pu voir chez la vieille génération.

C215- Space Invader - photo de Stéphane Bisseuil
C215- Space Invader – photo de Stéphane Bisseuil

Y-a-t-il un projet de prévu avec les vidéos et les photos que l’on retrouve sur le site?

« Le projet est d’en faire un livre pour garder une mémoire de ce projet. »

Les Bains-Douches c’est fini ?

« Ce lieu va être réhabilité pour en faire un hôtel. Le propriétaire, Jean-Pierre Marois  veut poursuivre l’histoire des Bains », nous informe Clémence. En 2014 c’est un hôtel flambant neuf qu’on aura l’occasion de trouver  7 rue du Bourg Labbé dans le 3ème arrondissement de Paris. L’intégralité des locaux sera rénovée, il y aura un restaurant et bien sur un club pour ne pas dénaturer le lieu. Sera-t-il aussi légendaire que celui qui a fermé ses portes en 2008, l’avenir nous le dira !

MPB


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