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Populaire (Régis Roinsard, 2012)

Par Doorama
Populaire (Régis Roinsard, 2012) Dans les années 50, Rose Pamphyle est embauchée chez Louis Echard en tant que secrétaire. Rose est une secrétaire moyenne, mais elle tape à la machine à une vitesse impressionnante ! Louis se met en tête de la faire participer au concours de vitesse de dactylographie, et s'improvise "entraîneur de secrétaire". L'amour naît... Comme sa vitesse de frappe, leur amour augmente ; les ambitions de Louis pour Rose sont mondiales !
Populaire lorgne du coté de la comédie romantique américaine et installe à l'écran un couple directement inspiré de la grande époque américaine, rappelant effectivement, comme nous l'avons lu un peu partout, Grant-Hepburn... En plaçant l'intrigue de Populaire dans les 50's, son réalisateur s'offre la possibilité d'offrir un pitch décalé, soutenu par un ton délicieusement kitch ! Populaire est un projet bien mené, qui détonne par rapport aux comédies françaises actuelles, hypercentrées sur nos 30-40ans un peu bobos, et apporte une réelle touche de fantaisie. Populaire à tout pour plaire... et pourtant à laissé la rédaction perplexe. Faute de frappe ou hyper-exigence ?
 Utilisant toutes les ficelles du genre (fille de la province et homme de la ville, amour au début contrarié puis à l'installation progressive, objectif partagé des deux protagonistes...) Populaire fait sa comédie américaine, allant même jusqu'à reproduire le contexte, en recréant l'atmosphère des 50's, comme pour mieux épouser ses modèles. Plus qu'une inspiration, il y a comme un mimétisme dans Populaire, pour retrouver ce précieux équilibre entre la romance et la comédie endiablée : son contexte de championnat du monde de vitesse de frappe ne paraît pas moins saugrenu que l'os de dinosaure de L'impossible Monsieur Bébé... Ceci étant dit, la comparaison s'arrête là, car malgré toute sa fantaisie qu'il véhicule, Populaire détend, séduit et divertit, mais peine quand même à imposer un rythme "raccord" avec son pitch décalé.
Lui, se comporte comme un entraîneur avec sa pouliche, il ne rêve que d'être celui qui a découvert cette fée dactylo qui détrônera la championne du monde en titre (rendez-vous compte : plus de 510 signes minutes ! on est rêveur à la rédaction !)... Elle, joue le jeu et se laisse séduire par ce que l'homme cache en lui derrière sa satisfaction affichée de petit patron... C'est en province, dans l'excitante ville de Lisieux (ça y est, on a encore perdu 200 lecteurs...) que Régis Ronsard retrouve le bon vivre 50's, pas image d'Epinal, mais pas si loin non plus, dont se pare Populaire pour le mener jusqu'à Paris, avant son paroxysme New-yorkais. Gentiment kitsch  Populaire exploite son filon 50's non sans une certaine nonchalance, créant un décorum en forme de bulle d'oxygène pour les stressés du 21ème siècle que nous sommes afin de se donner le temps et les moyens de ciseler son sujet et ses personnages... Populaire est donc soigné et facile à découvrir, on s'y immerge sans peine pendant ses 1h50... Et c'est là que le bât blesse car si douce et plaisante soit-elle, on se demande quand même à l'issu de sa vision, si'il fallait vraiment se donner tant de temps pour emmener Louis et Rose de Lisieux à New-york, en passant par l'amour...
Populaire ne rate aucun de ses objectifs esthétiques ou scénaristiques, il parvient à construire des personnages attachants et il affirme même une personnalité qui fait plaisir à voir. Hélas, malgré tous ses charmes et sa simplicité-artisanale, malgré un curseur fantaisie poussé vers le haut, il semble ne jamais prendre vie en profondeur. La construction de sa romance 50's est certes bien respecté, mais il lui manque de l'énergie pour convaincre. Le tonique et la vitalité qu'il affiche semblent simulés, presque de façade, et malgré toute la sympathie qu'inspire Populaire, il peine à nous propulser au-delà des limites normandes... Comme si sa belle exécution était gâchée par un air de déjà-vu, comme si sa course de dactylo était sous-exploitée, comme si la romance entre Louis et Rose ne nous emmenait pas aussi loi qu'espéré, Populaire semble se limiter (se complaire) à aller au-delà du sympa. Comme s'il n'exploitait pas tout son potentiel, il nous laisse avec ses excellentes bases, parfaitement opérationnelles, mais sous-utilisées, et à fait naître en nous une frustration. Tout ça est terriblement sympa et bien fait, mais finalement bien timide. On aurait envie de dire "zéro faute, mais à quoi bon" ou "bravo mais bof", tant derrière la relative perfection à l'écran semble se cacher un manque (cruel à nos yeux) de volonté. Pas populaire pour un sou (quel bonheur d'être si loin des Seigneurs et autres Jet Set ou Camping !), Populaire dégage pourtant, bien paradoxalement, l'impression qu'il n'est qu'un projet marketté, conçu et fabriqué de la même manière qu'une grosse machine à divertissement : en plus d'une certaine énergie, c'est peut être aussi la sincérité de ses intentions qui nous fait douter ! Sévères nous sommes, mais déçus nous avons été par cette fausse bonne idée, qui pourtant séduira nombre d'entre vous, et avec raisons ! On est comme ça à la rédaction... pétris de contradictions...  Populaire aussi.  
Populaire (Régis Roinsard, 2012)

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