Ex Drummer (Koen Mortier, 2012)

The Feminists, un groupe formé de 3 musiciens handicapés, est définitivement en quête d'un batteur... Dries, ancien batteur et parolier de talent, accepte de l'être et complète enfin le groupe : The Feminists est maintenant prêt pour participer à un important concours. Le quotidien des membres de The Feminists est à l'image de leur musique : instantané, destroy et No Future !
A la rédaction, le punk, on y connait rien, en revanche même sans en connaitre la définition, on sait reconnaître un chat quand on en voit un, et Ex Drummer est un film résolument punk ! Si "Punk's not dead", comme le montrait récemment encore Le Grand Soir, est toujours vrai, ici, il ne ne va pas de concert avec "No Future"... Koen Mortier semble avoir un bien bel avenir de réalisateur, son Ex Drummer, qu'on l'aime ou non, qu'on le comprenne ou non est un bel objet... Punk, mais sexy !
Observez son affiche... Cet homme "perché", à l'envers, voyant le monde à l'opposé de nous est l'un des 3 cas sociaux qui composent The Feminist ; son hobby préféré est d’agresser et de tabasser à mort des femmes. Chez lui, il vit au plafond, ses visiteurs sont à l'endroit, mais lui est en haut, et c'est comme ça, sans aucune autre explication. Ce détail de Ex Drummer (car ce n'est qu'un détail !) est emblématique du vent de liberté qui souffle en son sein. Barré, libre, dégueu, provocateur, drôle, surprenant, poétique, choquant et "vénère", Ex Drummer est un film dont la mince trame attire les énergies et les images atypiques, un sorte de trou noir nihiliste... presque beau.
Destroys en diable, les personnages d'Ex Drummer sont autant détestables que drôles et touchants. Koen Mortier filme leur univers, malade et autodestructeur, avec les yeux d'un enfant à Disneyland... Sa caméra attrape chaque reflet, chaque éclat de cette lumière noire qui s'en échappe, et ce qui pourrait ressembler à un décharge s'il était simplement raconté, ressemble ici à une galerie d'art.... Avec un style affirmé et presque baroque, Koen Mortier nous emmène dans un quotidien peu hospitalier, et transforme chaque excroissance hideuse en objet de curiosité. Son incessante sollicitation à nous faire observer chaque particule d'énergie en mouvement dans ce cloaque, met le spectateur en état d'étonnement permanent, comme rendu saoul par toutes ses images subversives (et fabuleusement libres !), et l'empêche de prendre le temps de se positionner et de réfléchir à ce qu'il voit. Trip nerveux et stimulant, Ex Drummer vous déséquilibre en permanence.
Si on n'est pas trop sûr du spectacle auquel on assiste, on ressent en revanche une ivresse certaine, un vertige, face aux excès de Koen Mortier. Femmes immondes, musicien sodomite au sexe démesuré, sexualités déviantes, actes de violence, misère intellectuelle : Ex Drummer explore les tares de son microcosme avec un talent fou, il les met en scène avec virtuosité, et leur fabrique un écrin avec la même minutie que s'il était destiné à accueillir le plus pur des diamants ! Difficile de raconter Ex Drummer dans le détail, difficile aussi de dire pourquoi il nous a plu autant, mais il est apparu à la rédaction comme une petite merveille en son genre ! On ne courra certainement pas acheter le bluray, on est même incapable d'affirmer si "on a vraiment aimé" Ex Drummer, mais pourtant l'estime que l'on a pour lui est absolument sans faille ! Une très belle expérience cinématographique, rock'n roll à l'extrême - pardon "Punk" à l'extrême - au charme indéfini, mais sacrément puissant ! Doorama le recommande chaudement aux plus curieux et/ou tordus d'entre vous : Ex Drummer est une sorte de road movie du quotidien, une virée glauque à découvrir à tout prix, comme seule la Belgique sait les faire...

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