Magazine Médias

Présidence Hollande, an I : l'exemple à ne pas suivre pour le reste de l'Europe

Publié le 06 mai 2013 par Copeau @Contrepoints

La catastrophe ! Un leader haï. De violentes manifestations. La fuite des créateurs de richesses. Après un an de socialisme, l'effondrement de la France est un avertissement sévère à qui veut Ed Miliband comme Premier Ministre.

Par Daniel Hannan, depuis Oxford, Royaume-Uni.

Présidence Hollande, an I : l'exemple à ne pas suivre pour le reste de l'Europe
Jamais en des temps modernes un gouvernement n'aura été aussi impopulaire que celui de François Hollande. Même en mai 1968, quand les grèves et les manifestations d'étudiants paralysaient le pays et forçaient de Gaulle à fuir dans une base militaire en Allemagne, l'exécutif était plus populaire que ne l'est aujourd'hui le Président Hollande. Selon le dernier sondage en vigueur, pas moins de 74% des Français désapprouvent le Président qu'ils ont pourtant élu il y a moins d'un an. Mais qu'importe de Gaulle. Ces chiffres auraient même alarmé Louis XVI.

Désormais, les observateurs furieux peuvent apprécier le contraste criant entre une économie vacillante et la richesse de certains hommes politiques français - tout comme cela était le cas lors des événements qui ont mené à la Révolution Française. Dans la même analogie, on assiste à de violents affrontements entre les manifestants et les forces de l'ordre. Le Président Hollande a été élu grâce à un programme de gauche "populiste" mais son administration compte sa part de millionnaires et des rumeurs persistent sur certains d'entre eux qui auraient des comptes à l'étranger.

Sordide

Tout comme les Français avaient été scandalisés par l'affaire de la reine de Louis XVI, Marie-Antoinette, ils découvrent désormais dans les magazines que la concubine de Hollande, Valérie Trierweiler, est impliquée dans une poursuite judiciaire concernant un livre – la Frondeuse - dans lequel il est affirmé qu'elle aurait commis un adultère avec Hollande et un autre homme marié alors qu'elle était elle même mariée. Comment tout a-t-il pu si mal tourner aussi vite ? Comment, alors même qu'il a gagné les élections en promettant la fin du sarkozysme, M. Hollande a-t-il trouvé le moyen de rendre les français nostalgiques de son prédécesseur – et même de sa compagne, la mannequin Carla Bruni ?

La réponse, comme toujours, tient en un mot : l'économie.

M. Hollande a hérité d'une France sur-taxée, sur-réglementée et s'est employé méthodiquement à empirer la situation.

Nicolas Sarkozy a légué un pays où l'Etat compte déjà pour plus de la moitié de l'économie ; où la législation impose un temps de travail de 35 heures par semaine ; et où les coûts sociaux et les coûts d'embauche sont parmi les plus élevés d'Europe. Seulement 40% des français travaillent contre près de 60% en Suisse. Plus de jours sont perdus en mouvements sociaux que dans tous les autres pays de l'Union Européenne : 27 jours par millier d'habitants par an, contre 3,4 jours en Allemagne.

Partout ailleurs dans le monde, la solution serait évidente. Les citoyens voteraient pour des diminutions d’impôts  des déréglementations du commerce et de l'industrie, des privatisations et pour toutes ces autres mesures que les britanniques ont appliqué dans les années 80, et que le reste de l'Europe a appliqué dans les années 90. Mais la France est différente. Il y a là quelque chose que l'on appelle l'exception française – qui dans le sens large est un mélange de chauvinisme culturel, de protectionnisme économique, de généreuses dépenses sociales et d'une tradition de l'Etat.

Sur le court terme, les dépenses sociales sont assez agréables. Les Français se targuent d'avoir une pause de deux heures à l'heure du déjeuner au lieu d'avaler des sandwichs à leurs bureaux comme ces benêts de britanniques. Le problème est qu'on ne peut pas indéfiniment ignorer la part productive de l'économie pour étendre sa part improductive – l'Etat Mammouth. La France a enregistré son dernier excédent budgétaire en 1974. Il devait forcément arriver un moment où elle tomberait à court d'argent – ce qui est arrivé aujourd'hui avec la pénurie du crédit. Alors que la France se rapproche du gouffre, l'électorat français – du moins sa plus grande partie – a décidé de donner un grand coup d'accélérateur. Avant qu'il ne soit mené à la guillotine, Nicolas Sarkozy n'avait pas diminué les dépenses, mais il avait évoqué la nécessité de le faire, et s'était ainsi aliéné ses compatriotes. La France s'était alors tournée vers le peu charismatique M. Hollande parce qu'il avait promis une croissance sans austérité. Ne vous inquiétez pas, avait-il assuré aux votants, je peux réduire les déficits sans diminuer les dépenses ; je le ferai en taxant les riches. Avec une crédulité confondante, les français lui ont donné leurs votes.

Le problème est que les millionnaires ne restent pas en France, attendant sagement d'être taxés. Les paradis fiscaux sont juste à un vol de Gulfstream et les financiers peuvent démarrer leurs business à l'étranger simplement en ouvrant leurs ordinateurs portables. Le résultat d'un durcissement de l'imposition est souvent associé à une baisse des revenus des taxes – ce qui bien sûr, implique que tous ceux qui sont en bas de la chaîne alimentaire de la finance payent plus pour entretenir le niveau de vie des ploutocrates. Ainsi, la mesure du président Hollande de taxer à 75% a, comme prédit, fait fuir de nombreux entrepreneurs à l'étranger. L'homme le plus riche de France, le magnat du luxe, Bernard Arnault est en train de déménager sa fortune en Belgique. Gérard Depardieu, le plus grand acteur du pays (au sens figuré comme au sens littéral) émigre en Belgique puis en Russie. Il y aurait même des rumeurs indiquant que Sarkozy prépare une carrière en finance à – quelle horreur – Londres. C'est ce qui caractérise les impôts élevés : ils ne redistribuent aucune richesse, ils redistribuent les gens. De nos jours, vous n'avez plus besoin de vous déplacer physiquement dans les pays à faible imposition. Beaucoup de français ont simplement déplacé leurs actifs au delà de la frontière, en achetant des maisons dans les quartiers de l'ouest de Londres ou en ouvrant des comptes en Suisse.

Le plus embarrassant pour le président Hollande est que l'un de ces français est l'homme en charge des budgets pour tous les autres – son ministre des finances, Jérôme Cahuzac, qui a admis il y a 2 semaines avoir détenu de l'argent dans un compte en Suisse.

Malheureux

Le départ des riches a laissé un trou encore plus grand dans le budget national de la France, ce pourquoi le malheureux Hollande a récemment annoncé qu'il devait trouver une manière de prélever 6 milliards d'euros de plus pour 2014. L'économie, dont la croissance était assurée à 0,8% cette année, croît – seulement – de 0,1%. Le pays compte désormais 3,2 millions de chômeurs. La France devrait, sur de nombreux plans, être rangée dans la même catégorie que l'Espagne ou la Grèce. Elle ne peut pas rivaliser avec la compétitivité de l'Allemagne et a donc des difficultés à gérer son adhésion à la monnaie unique. Et l'écart de compétitivité s'agrandit. Comme conséquence, malgré le déclin du taux de change de l'euro, les exportations de la France ne cessent de diminuer. En 2005, la France avait un solde commercial positif de 0,5% de son PIB ; aujourd'hui, elle a un déficit de 2,7%.

Il s'agit là du seul membre de la zone euro avec un solde commercial se dégradant chaque année. Par habitude, les analystes ne placent pas la France dans la même catégorie que les Etats de l'Europe du Sud.

Pour combien de temps ?

Ayant été – ou du moins semblait être – l'une des deux locomotives de l'Europe avec l'Allemagne au cours des dernières années, la France est désormais au bord de la catastrophe. Même les politiques et leaders financiers français les plus connus de par le monde sont en danger.

Irrégularités

D'abord, Dominique Strauss Kahn a été forcé de se retirer de la tête du FMI après la tempête médiatique qui a suivie l'affaire du Carlton. Maintenant, sa remplaçante, Christine Lagarde, a subi une perquisition dans son appartement parisien à la suite de l'affaire Tapie. Pour sa part, Lagarde dénie toute irrégularité dans cette affaire.

Il est tentant, d'un point de vue britannique, de prendre un certain plaisir à pointer les problèmes de nos vieux rivaux. Et en effet, David Cameron n'a pas pu s'empêcher d'inviter les futurs français taxés à 75% à s'installer à Londres – une invitation très suivie. Mais avant de critiquer les français, rappelez-vous que notre déficit est de 6,3% , donc supérieur au 4,8% français. Réalisez également que les travaillistes réclament précisément la même politique que celle menée par Hollande. Ed Miliband pourrait difficilement être plus extasié dans sa prière pour le président français, prétendant que sa "nouvelle politique fait cruellement défaut alors que l'Europe tente d'échapper à l'austérité, qui concerne la Grande Bretagne." Les travaillistes, tout comme les socialistes français quand ils étaient dans l'opposition, se sont systématiquement opposés à toutes les coupes budgétaires, et devancent pourtant la majorité dans les enquêtes d'opinion.

J'espère donc que les britanniques seront plus responsables que les français. A lui seul, l'exemple français devrait nous servir d'avertissement.

La vie en rose est devenue la vie en rouge. La France est à court d'argent et d'options. Vous pouvez fuire la réalité, mais vous ne pouvez pas échapper aux conséquences de cette fuite.

---

Article original (en anglais) / Traduction Eriul-Contrepoints


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Copeau 583999 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte