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Le marché de l'emploi dans le bâtiment en Région wallonne

Par Marc Chartier


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Le Forem (service public wallon de l'emploi et de la formation) a publié un document intitulé "Les attitudes et les pratiques à l'égard de la gestion des ressources humaines dans l'écosystème de la construction en Région wallonne".
Les constats principaux de cette enquête sont les suivants :

  • En dépit d’une conjoncture très favorable au secteur de la construction, les entreprises de ce secteur vivent sous pression : leurs marges sont érodées dans un environnement concurrentiel exacerbé par l’entrée de nouveaux acteurs européens et l’exigence d’appels d’offres européens pour les commandes publiques. Ces deux éléments accroissent le sentiment d’insécurité des employeurs, qui tentent de comprimer leurs coûts et de limiter au maximum les risques. Pour rester compétitives, les entreprises recherchent une grande flexibilité en matière de ressources humaines et une main-d’oeuvre et/ou une sous-traitance bon marché.

  • Les employeurs déplorent la pénurie d’entrants dans le secteur, qui est de surcroît confronté à un turn-over important (27 %). Dès lors, la construction est à la recherche d’environ 9 500 personnes par an. À cela s’ajoute le fait que de moins en moins de jeunes choisissent de s’orienter vers un métier de la construction. Les raisons principales évoquées par les personnes interrogées sont le désintérêt pour les métiers manuels en général et l’image que les jeunes ont du secteur : salaire inintéressant, travail sale et pénible...

  • Les entreprises cherchent des personnes « prêtes à l’emploi », donc qualifiées et ayant de bonnes capacités d’adaptation. Les responsables de ces entreprises déclarent n’avoir ni le temps ni les ressources pour former et accompagner leurs nouveaux employés aux qualifications organisationnelles et comportementales qui leur font défaut. Ils attendent un appui extérieur pour les aider à (re)qualifier les nouveaux engagés et suivre ces derniers afin de favoriser leur intégration dans l’entreprise et l’apprentissage du métier.

  • Pour faire face à la pénurie et répondre aux pressions qu’elles subissent, les entreprises recourent massivement à la sous-traitance. Deux types de sous-traitants sont utilisés : les spécialistes compétents dans des domaines pointus (les TPE concentrent les plus qualifiés car elles paient mieux) et des « pourvoyeurs de bras », notamment étrangers. Cette organisation permet d’acheter le travail qualifié sans prendre le risque d’embaucher et de former à des compétences pointues. Grâce à une cascade de sous-traitants, les employeurs diluent leurs responsabilités et utilisent directement de la main-d’oeuvre à bas prix, ce qui leur permet d’écraser les coûts et de faire des offres concurrentielles.

  • Cette nouvelle structuration en une myriade de sous-traitants atomisés, utilisant largement une main-d’oeuvre à coût très bas, confortera la concurrence sur les prix comme logique dominante. À court terme, les salariés les moins qualifiés et/ou les plus instables sont menacés et seront progressivement remplacés par des salariés étrangers, moins chers et plus flexibles. À moyen terme, les salariés à faible coût (étrangers) se qualifieront. Ils répondront à la pénurie, mais en offrant des conditions concurrentielles qui risquent de fragiliser les personnes qualifiées actuellement employées par le secteur. Celles-ci devront donc s’adapter ou seront mises progressivement à l’écart du marché.

  • En revanche, des ouvertures se font jour. L’Europe a adopté une directive sur la performance énergétique des bâtiments. L’application de la directive en Wallonie a pour conséquence que toutes les nouvelles constructions et toutes les rénovations devront s’accompagner d’un certificat de performance énergétique. Le décret wallon aura des impacts sur la manière de concevoir un bâtiment, ainsi que sur le choix des matériaux, et générera de nombreuses implications en termes de compétences. Tous les corps de métiers sont concernés par cette évolution. De nouvelles qualifications et de nouveaux métiers vont apparaître, soit à l’intersection de différents corps de métiers, soit dans des domaines spécifiques.

  • Face à cette évolution, les employeurs ont besoin de percevoir l’évolution des nouvelles technologies pour s’y préparer. Les travailleurs, eux aussi, doivent s’adapter. Prendre une qualification d’avance semble être la seule issue, notamment dans le contexte des nouvelles exigences imposées par la législation sur la performance énergétique des bâtiments, qui suppose une remise à niveau de toutes les compétences.

http://www.leforem.be/


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