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L’entrevue - Manuele Fior

Publié le 08 mai 2013 par Litterature_blog
L’entrevue - Manuele Fior C’est la semaine où j’ouvre mes cadeaux, ceux offerts récemment par deux de mes blogueuses préférées. J’ai commencé lundi avec Comme on respire de Jeanne Benameur (cadeau de Noukette) et j’enchaîne aujourd’hui avec L’entrevue de Manuele Fior (cadeau de Mo'). Pas grand-chose en commun entre ces deux ouvrages, si ce n’est un réel plaisir de lecture.
J’avais quelques doutes par rapport au nouvel album de Fior. Le billet enthousiaste de Cristie m’avait convaincu mais les arguments avancéspar Mo’, pourtant elle aussi sous le charme, m’avaient quelque peu refroidit. En général je n’aime pas les histoires qui laissent une trop grande part au rêve et qui gardent une sorte de flou artistique entre onirisme et réalité. Je trouve que c’est une forme de facilité scénaristique qui cache souvent de vraies faiblesses en termes de narration. Je dois reconnaître que ce n’est pas le cas ici, comme d’ailleurs dans la série Philémon de Fred qui ne m’attirait pas spécialement pour les mêmes raisons et que je découvre avec bonheur ces jours-ci, une fois de plus grâce à l’art de la persuasion de Mo’. Comme quoi les certitudes de lecteur sont faites pour être bousculées…
Rien ne va plus dans la vie du psychologue Raniero. Sa femme est sur le point de le quitter, un accident de voiture l’oblige à porter une minerve, des cambrioleurs s’introduisent chez lui et le passent à tabac et pour couronner le tout il aperçoit dans le ciel d’étranges formes triangulaires qui ne peuvent être que des ovnis. Quand Dora, une jeune patiente de trente ans sa cadette, lui affirme être en contact télépathique avec des extraterrestres, Raniero voit ses certitudes vaciller.  
Petite précision qui a son importance, nous sommes en 2048. Les voitures sont téléguidées et la jeunesse, en rupture avec les aînés  s’est rangée sous la bannière d’une « nouvelle convention » prônant la « non exclusivité émotive et sexuelle.» Raniero reste de la vieille école. Pourtant il comprend que les bouleversements à venir vont tout changer…   
Fascinant, voila comment je qualifierais cet album. Fascinant par sa faculté à saupoudrer avec le plus grand naturel une touche futuriste dans le quotidien d’un homme qui pourrait être d’aujourd’hui. Fascinant par la poésie graphique déployée tout au long de ses 175 pages. Manuele Fior fait preuve d’une inventivité incroyable. Son trait charbonneux semble parfois élastique et son découpage multiplie les angles de vue plus audacieux les uns que les autres. Une démonstration technique qui reste constamment au service de la narration pour mieux la magnifier.
L’entrevue est à la fois une histoire d’amour et une réflexion métaphysique sur le sens de la vie. Raniero est un homme à la croisée des chemins, ébranlé par une réalité qui lui échappe. Un homme au bord du précipice, hésitant à sauter le pas vers l’inconnu(e) qui lui tend les bras. L’ensemble reste néanmoins léger et pousse à la réflexion. Une vraie grande réussite, je comprends pourquoi Cristie et Mo’ ont été conquises.    
L’entrevue de Manuele Fior. Futuropolis, 2013. 174 pages. 24 euros.
L’entrevue - Manuele Fior
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