Peekaboo – enchanteur irréel

On a récemment découvert Peekaboo par son remix de Pure des Blackbird Blackbird. Une track aérienne qui condense tout ce qu’on aime dans la chill-wave : des voies aériennes samplées à merveille et cette orchestration qui nous transporte instantanément. Un peu d’espoir pour ce genre de musique bien trop souvent utilisé par des producteurs pour qualifier leur compositions alors que celles-ci relèvent plutôt d’une bonne grosse soupe.

On s’est donc jeté sur le nouvel EP récemment sorti par le petit génie italien et qui est en téléchargement gratuit : « Chameleon ».

Première réaction : silence, on se réveille. En seulement six chansons, le jeune producteur réussi à nous faire voyager loin, très loin. Incroyable maîtrise et talent sont les ingrédients de cet excellent EP, un des meilleurs de ce début d’année.

Peekaboo semble vous prendre par la main et vous faire dériver lentement dans son univers, harmonieux, sucré et savoureux. Percussions, synthés et samples mixés à la perfection pour un résultat éblouissant. Toutes les tracks s’enchaînent et si elles peuvent se ressembler ce n’est que parce qu’elles confèrent cette ambiance agréable à tout ce qu’elles touchent. Peekaboo touche à tout, prend ce qu’il veut et le transforme pour l’adapter à ses envies. Une petite touche de beats tendant vers le dnb, un « bloop » de dubstep qui se promène un instant attire notre attention. Il surfe sur la vague de l’ambient et réalise un aerial gracieux pour retomber dans les eaux tumultueuses de l’électro.

On a voulu en savoir plus sur cet inconnu qui nous surprend et nous enchante autant, il a répondu à quelques questions et s’est dévoiler un peu.

« Faire des trucs simples c’est tellement compliqué »

• ACROSS THE DAYS : T’es tout nouveau sur la scène alors est-ce que tu peux te présenter rapidement ? Nous dire comment t’as commencé à composer ?

PEEKABOO: Salut, moi c’est Lorenzo Badioly, j’ai 21 ans et je vie en Italie. Mon premier contact  avec la musique remonte à mes 9 ans. Je rentrais de l’école avec un de mes meilleurs amis et on a vu une affiche pour des cours de guitare le lundi. C’était tout près de la maison de mon copain et en début d’après-midi. Et il m’a dit : « Hey ! Apprenons à jouer de la guitare, tu pourras manger chez moi. Ma mère fait des Cappelletti le lundi ! » Les cappelleti c’est des supers bonnes pates italiennes.  On a commencé comme ça et j’suis tombé amoureux. Faut vraiment que je remercie ces pâtes en fait (rire).

• Chameleon, c’est ton tout premier EP, comment il a été produit ? C’est toi qui mixe et qui fais l’ensemble des instruments ?

Ouais c’est mon premier EP en solo mais j’ai déjà sorti deux EP et un album complet avec un groupe de post-hardcore appelé « Barely Awake » où j’étais guitariste. J’ai commencé à faire de la musique électronique il y a un an environ. Par contre je ne fais aucun des instruments que tu peut entendre sur Chameleon, sauf quelques percussions. Le reste est imaginé dans ma tête et directement transcrit à l’aide de Logic pro 9. Note par note et beat par beat.

• Il y a une quantité assez folles de genres de musiques mélangé  dans tes chansons et à la fin on a une chanson « chill ». D’où ça vient?

 Ouais c’est vrai. En fait j’écoute vraiment plein de trucs différents. J’ai commencé par le blues et le rock’n’roll quand j’avais 11 ans. J’suis passé à des trucs plus hard comme le métal et le hardcore vers 14 ans. Après je me suis juste ouvert à tout, classique, musique de films, culturelle, du jazz et ses dérivés jusqu’à l’électro  etc. Pour te répondre, j’imagine que ma musique est  le résultat d’un mélange entre l’influence de jeunes musiciens avec lesquelles j’ai grandi et de l’écoute de plus de 50 ans de musiciens.

• Où tu trouves ton inspiration précisément ? Tu penses quoi de la scène « chill-wave » qui est pour moi trop sous-estimée notamment à cause de nombreux mauvais producteurs qui s’en revendiquent, comme si c’était juste pour être à la mode ?

Déjà dans tout ce que j’écoute en général. Après ce que je prends à la scène chill-wave c’est l’idée de la chanson, ni les mélodies ni les beats. Ce que j’aime dans ce genre, c’est vraiment que les artistes essayent de soustraire ce qui les écoutent à leur triste et banale réalité. Ils les invitent à voir le monde sous une lumière différente.
Techniquement, je dirais que c’est principalement des choses simples et « catchy ». Et franchement, faire des trucs simples c’est tellement compliqué (rires).

  « Discuter de la musique c’est comme danser à propos d’architecture »

• Dans ta chanson « Caprice » on entend des bruits produits par des bébés, d’où t’es venue cette idée ? Comment tu as su que ça sonnerait bien ?

Je pense que la voie de bébé dans « Caprice » c’est comme « l’enfant intérieur qui contrôle les sentiments ». Et je sais pas si ça sonne bien (rires). Mais bon, je n’aime pas trop parler du sens de mes chansons, c’est comme expliquer une blague. Je pense que je partage l’avis de Frank Zappa qui a dit : « Discuter de la musique c’est comme danser à propos d’architecture ».

• Tu penses quoi de la scène italienne, qui semble ne pas être très présente, à l’étranger du moins ?

A l’inverse de ce que tout le monde croit, elle est vraiment géniale ! Dans les années 70, on avait des groupes de rock progressif comparables aux anglais. J’suis obligé de citer Ennio Morricone qui est un des plus grands compositeurs de tous les temps et encore aujourd’hui, il y a vraiment des groupes cools. Par contre c’est vrai qu’ils restent beaucoup en Italie. Si je devais te donne un seul groupe, je conseillerais Verdena, leur dernier album « WOW » est dingue, mais c’est dur de choisir.

•  Une petite question bonus et impossible : C’est quoi ta chanson préférée ?

J’en ai pas, mais je peux te donner les albums que j’emmènerai dans le désert ou sur une île. Je pense à In Rainbows de Radiohead, The Velvet Underground & Nico du Velvet  Underground, Veckatimest de Grizzly Bear, () de Sigur Ros, Get/Gilberto de Stan Getz & Joao Gilberto et Duplex de Apparat.

• Quel groupe qui s’est séparé ou dont les membres sont morts auraient tu vraiment aimé voir en live ?

J’ai grandi avec la musique des années 70 dont il y en a vraiment beaucoup, en un seul mort : Woodstock.

• C’est quoi la suite pour toi ?

Je pense que je vais commencer par faire plus de live. Après, j’ai peut-être déjà la première track de mon prochain EP, voir album sur mon ordi.

Pour en savoir plus

• https://soundcloud.com/lorenzobadioli
• http://peekaboomu.tumblr.com/
• https://www.facebook.com/pages/Peekaboo/298424320285601