11 mai Mue Je tente de m'habiller d'une peau blindée. Une peau de requin à l'épreuve du stress. Marre des plongeons dans l'abîme, foin des incendies intérieurs ras-le-bol des dégringolades, vertige des décollages immédiats vers un monde meilleur un monde sans angoisse un monde de délires et de fantômes. Me lever au son du réveil à sept heures, prendre à peine le temps de boire un café, effectuer un nœud de cravate à la volée biser ma femme sans m'apercevoir qu'elle de son côté va torcher les mômes faire la cuisine le ménage et la vaisselle. Partir bosser en trombe et inventer une bourde pour le retard, déjeuner à la cantine et parler de cul avec mes collègues, me fourrer en baillant dans les dossiers tous identiques me creuser la tête à les trier, lexomil de dix-sept heures, engueulade du chef, effleurer en prenant mon pardessus le derrière de la secrétaire - elle se contente de hausser les épaules - rentrer at home les pieds sous la table en attendant le whisky, n'avoir pas plus de chance avec le cul de ma femme éreintée - le nez dans le journal je ne me rends compte de rien - diner en regardant la télé... Je voudrais tant être monsieur tout le monde.
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