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Et si on parlait...de Southland

Publié le 12 mai 2013 par Flow

Et si on parlait

...de Southland.

 

Exceptionnellement, et uniquement parce que je vous aime bien (du moins je veux que vous le pensiez), je vous ai concocté un Et si on parlait... supplémentaire. Vous en aurez donc trois dimanches d'affilée. N'applaudissez pas, je suis timide.

 

Plus sérieusement, cet article m'apparaissait important car parler de la série Southland alors que pratiquement personne ne le fait est quasiment d'intérêt public.

 

Surtout que TNT vient de l'annuler à l'issue de sa cinquième, et donc ultime, saison.

 

Tristesse...

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Mais revenons un peu en arrière. C'est le 9 avril 2009 qu'apparaît Southland sur le network NBC. La première saison est composée de 7 épisodes et contre toute attente, une saison 2 est commandée. Je dis contre toute attente car la série n'est comme aucune autre. C'est un cas à part. Une production rare comme on n'en voit que très rarement. Et comme toutes les séries de cet acabit, elle n'a jamais vraiment trouvé son public. Elle n'est pas élitiste, non, on peut dire qu'elle est même facile d'accès mais elle est anti-spectaculaire. Un choix audacieux mais rarement payant. NBC l'annule deux semaines avant la diffusion de la saison 2 (composée alors de six épisodes). Heureusement, TNT, chaîne câblée plus libre, décide de la sauver et lui offre une belle vie, qui vient de s'achever avec l'excellente cinquième saison.

 

Le cadre est posé, on va en venir au vrai sujet de l'article: tenter de vous convaincre de regarder cette excellente série.

 

Donc Southland, qu'est-ce-que c'est?

 

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C'est une série qui suit le quotidien de quelques policiers de LA, des inspecteurs aux simples patrouilleurs en uniforme. Et là, vous vous dites: «oh non ! Il nous parle encore d'un cop show à la CSI». Du tout, ça n'a rien à voir. Southland a un style bien à lui, une façon bien spéciale d'aborder le métier de policier.

 

Ici, la dramaturgie est réduite à son strict minimum. Pas d'enquêtes à tiroir faussement compliquées, rien d'extraordinaire. De même, la vie des personnages ne nous est pas inconnue mais c'est secondaire. Leurs problèmes personnels, leurs doutes, leurs rêves sont uniquement là pour nous montrer de quelle manière ils interfèrent avec la façon dont les personnages font leur métier. Le cœur de la série, c'est l'étude jour après jour de leurs patrouilles ou de leurs enquêtes. Il n'y a que ça d'important, il n'y a que ça qui est palpable. De là, naît un pessimisme dévastateur qui n'est pas étranger à la faible audience de la série. Je m'explique.

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Les créateurs ont réussi à réellement transposer à l'écran le quotidien d'un policier. Ainsi, tous les épisodes sont identiques sans jamais se ressembler. Ils obéissent tous à la même structure, qui se répète à l'infini (on suit une journée par épisode) mais on ne sait jamais véritablement à quoi s'attendre. De ce concept fort, se dégage une vision pessimiste du monde. Rien n'évolue, rien ne change. Que les policiers sauvent des innocents, mettent des criminels derrière les barreaux, ou les tuent, le lendemain, tout recommencera. Pourtant, dans cette vision noire de la société et de l'être humain, les personnages de flic sont présentés avec un profond respect. Ils ont conscience de la vanité de leur action mais pourtant, ils continuent tout de même. Car il faut bien que quelqu'un le fasse.

 

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Et c'est ce qui fait des flics de Southland, des personnages forts. Hors du commun. Je ne vais pas tous vous les présenter, ça serait trop fastidieux et trop long (il y a tellement à dire), je vais évoquer seulement le cas de l'officier John Cooper (le phénoménal Michael Cudlitz). Ce dernier est un patrouilleur qui se charge de former les bleus. Il a tout sacrifié à sa profession. D'un cynisme affûté, il sait pourtant l'importance de son action. C'est ce qui le fait tenir alors qu'il est désespérément seul et que sa santé se détériore au gré des patrouilles. Un personnage fort, à l'homosexualité jamais accessoire ou caricaturale. Il est le personnage principal car c'est à travers lui qu'on ressent la difficulté et les ravages provoqués par ce métier (et ce jusqu'à l'ultime scène de la série). L'avant-dernier épisode, Chaos, est à ce titre explicite. Un de ceux qui marquent à vie et dont on se souvient des années après le fin de la série.

 

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Je pourrais en dire autant de chacun des personnages mais vous avez compris. Ils sont bien écrits, attachants et crédibles.

 

De même, le lieu de l'action à son importance. Los Angeles n'est jamais apparue à l'écran aussi réaliste. Ville-monde cosmopolite, elle semble infinie. Chaque victoire des policiers, chaque reconquête de territoire n'a pour effet que de faire reculer ses frontières. Ses habitants ne sont pas présentés sous leur meilleur jour. Un immense cirque, vivant et remuant qui ne s'arrête jamais. Voilà le Los Angeles de Southland. Vous n'aurez peut-être pas envie d'y faire escale après avoir vu la série.

 

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Bon, je vante les mérites de la série mais pour être honnête, elle possède quelques défauts. Sa volonté de réalisme, son ton quasi-documentaire se retourne des fois contre elle. La dramaturgie est tellement secondaire que des intrigues disparaissent totalement (Sherman et sa famille) quand ce n'est pas carrément des personnages (Chickie, les collègues de Sammy, etc...). Et il faut avouer que c'est frustrant. Mais pour apprécier la série, il faut accepter son approche résolument atypique.

 

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De toute façon, elle fait partie de ces œuvres qui vous rendent fier d'être un sériphile, de celles qui marquent et qu'on n'oublie pas (je me souviendrais de la mort traumatisante d'un des personnages principaux en saison 3 pendant longtemps – et ce même si j'ai zappé de la mettre dans l'article de dimanche dernier).

 

Je pourrais parler de Southland pendant des heures mais je vais m'arrêter là. Si je n'ai convaincu ne serait-ce qu'une seule personne de jeter un coup d'œil à la série, je considérerais que j'ai rempli ma mission.

 

Et ce générique putain !!!

 

Je vous laisse en compagnie d'une citation de l'officier John Cooper qui met dans l'ambiance:

 

Sherman: "Taking a life is a big deal to me, okay."

 

Cooper: "What the hell do you think the gun was for, huh ? Show and tell ? Look, you'll get over it. (...) Next time you're up, you will drag weary fried ass out of bed, you'll put on your gun and your vest and you will do it all over again. You know why ? Because it's the front row seat to the greatest show on earth. Can you amuse it ? Yes, sir, you can and you will. I guarantee it. Because it gets to you and it seems like it changes nothing, but a day like today with some interesting cappers and a few good arrests, that's good. And once in a while you take a bad guy off the streets for good. And that, my friend, is the God's work."

 

Sherman: "Tuer des gens me pose un vrai problème, d'accord ?"

 

Cooper: "Putain, à quoi crois-tu que sert ton flingue ? A frimer, hein ? Ecoute, tu vas te faire une raison. Demain matin, tu vas sortir ton petit cul fatigué de ton lit et tu vas prendre ton arme et ton gilet pare-balles et tout va recommencer. Tu sais pourquoi ? Parce que tu es assis au premier rang du meilleur spectacle que ce monde puisse offrir. Tu te demandes si cela peut te plaire ? Oui, monsieur, cela va te plaire, je te le garantis. Parce que cela finit par te rentrer sous la peau et même si tu as l'impression que cela ne sert à rien, une journée comme aujourd'hui est une bonne journée. Quelques affaires intéressantes et une ou deux bonnes arrestations. Et de temps en temps tu débarrasseras les rues d'un vrai méchant, une bonne fois pour toute. Et ça, mon pote, c'est l'oeuvre de Dieu."

 

 


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