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Les incohérences du discours de François Hollande

Publié le 17 mai 2013 par Lecriducontribuable
HOLLANDE

Dans sa conférence de presse du 16 mai, François Hollande a tenu quelques propos réalistes et sensés :  « ce sont les entreprises qui créent les emplois » ; il faut « muscler nos entreprises » ; « l’allègement du coût du travail permet aux entreprises d’être meilleures sur les marchés internationaux » ; « la confiance des entreprises crée l’investissement et la croissance » ; « un indicateur essentiel du sérieux budgétaire est le niveau de la dépense publique » ; « on peut financer les investissements publics par des cessions de participations de l’Etat ».

On pouvait donc s’attendre à ce qu’il tire les conséquences logiques de ces propos de bon sens : pour rendre nos entreprises compétitives, les prélèvements obligatoires seront diminués, les dépenses publiques le seront également ; pour retrouver la confiance des entreprises, l’Etat fera confiance à leurs dirigeants et n’interviendra pas dans leurs choix d’investissements ; des privatisations massives seront réalisées.

Il n’en a rien été.

Les prélèvements obligatoires et les dépenses publiques continueront d’augmenter. Certes, François Hollande a annoncé que les dépenses de l’Etat seront stables en 2013 et baisseront de 1,5 Mds € en 2014. Mais il a oublié de dire que c’était « hors intérêts et pensions des fonctionnaires ». Or ceux-ci augmentent fortement. Dans le « programme de stabilité », que le gouvernement français a adressé à Bruxelles en avril, on peut lire que la « consommation des administrations publiques » augmentera de 1,2 % en 2013 et de 0,6 % en 2014. Le niveau de la dépense publique totale (avec les collectivités locales et la Sécurité sociale) va augmenter davantage.

François Hollande ose affirmer que « la France a démontré son sérieux budgétaire », alors qu’elle vient de demander un report de deux ans de son objectif, annoncé auparavant comme intangible, de déficits publics de 3 % du PIB en 2013. Il demande en outre qu’une partie de nos dépenses publiques soit prise en charge par l’Europe : un « plan d’insertion des jeunes » ; une « stratégie d’investissements » ; des crédits et des emprunts européens pour les « filières d’avenir ». Le « sérieux budgétaire » n’est pas dans les actes.

La confiance dans les entrepreneurs est fort limitée car François Hollande veut « déterminer les filières d’avenir ». Il en donne la liste : « numérique, énergie, santé, infrastructures de transport ». Cette liste diffère  de celle fournie à Bruxelles en avril : « logement, rénovation énergétique de l’habitat, numérique ». En un mois, deux priorités ont disparu et trois nouvelles sont apparues. L’inconstance des choix politiques est ainsi frappante. François Hollande semble toujours ignorer que les plans d’investissement étatiques du type du Gosplan soviétique ont démontré leur nuisance dans tous les pays où les clients ont le choix de leurs achats.

François Hollande parait persuadé que le mariage de la politique et de la finance dans une Banque Publique d’Investissement (BPI) sera fécond. Pourtant, les bisbilles entre la politique et la finance y ont démarré dès le jour d’inauguration. Les défaillances du Crédit Lyonnais, de Dexia, de Natixis, des SDR (sociétés de développement régional), ont prouvé que les défaillances de l’Etat-financier sont plus nombreuses et plus graves que celles du marché. Les espoirs mis dans la BPI ne pourront qu’être déçus.

Les cessions de participations de l’Etat dans des entreprises se feront « sans perte de contrôle ». Elles seront donc marginales. François Hollande a peu de chances d’égaler le record de privatisations détenu par Lionel Jospin, qui n’avait pas peur de perdre le contrôle d’EADS, d’Air France, de France-Telecom, du GAN, du CIC, du Crédit Lyonnais et des autoroutes.

François Hollande a dit qu’il avait eu le courage d’envoyer des troupes au Mali et de résister aux manifestations contre le mariage gay. Il lui en faudrait plus pour résister au lobby de la dépense publique, celui des fonctionnaires, des élus et des entreprises publiques. Par leurs incohérences, ses déclarations du 16 mai montrent qu’il n’aura pas ce courage.

Alain Mathieu, président d’honneur de Contribuables Associés

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