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Quand les éditeurs “papier” s’arrachent le numérique

Publié le 20 mai 2013 par Fredlafortune
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Les maisons d’édition traditionnelles cherchent leurs nouveaux talents dans les viviers numériques où les auteurs s’autoéditent. Une vraie tendance.
Agnès Martin-Lugand, la nouvelle auteur star des éditions Michel Lafon, repérée sur la plateforme d'autoédition d'Amazon.
Agnès Martin-Lugand, la nouvelle auteur star des éditions Michel Lafon, repérée sur la plateforme d’autoédition d’Amazon. © Paolo Pizzimenti Et si la vapeur s’inversait ? On voit, depuis le démarrage poussif du livre numérique, des éditeurs faire la moue, l’air de dire que la dématérialisation a un goût amer. Ils ont du mal à sortir les livres numériques en simultané des versions papier, du mal à les vendre moins cher, du mal à se projeter dans un avenir fait de ebooks dans lequel leur armée de libraires n’afficherait pas une mine d’enterrement. Alors, on voit aujourd’hui émerger le phénomène inverse : les éditeurs “papier” se mettent à fureter du côté du numérique pour dégoter la perle rare. Et, conséquence naturelle, on commence à voir passer des auteurs numériques vers le papier.

Quand les éditeurs “papier” s’arrachent le numériqueLivres dix fois moins chers

C’est ce que l’on nous explique du côté de Kindle Direct Publishing, plateforme d’autoédition numérique affiliée au géant Amazon et sa bête de guerre de liseuse, le Kindle. Ainsi, Chris Costantini, auteur de deux polars - La note noire,prix de Beaune du premier roman, et À pas comptés – édités respectivement en 2009 et 2011 chez Le Masque et Michel Lafon, n’avait pas trouvé preneur “traditionnel” pour son troisième roman. L’homme a donc décidé de passer à l’autoédition numérique. Trois clics plus tard, son livre se hisse dans le top 10 des ventes ebooks sur Amazon France, où il demeure 10 semaines, en concurrence avec Cinquante Nuances de Grey ou le dernier Marc Levy. Certes, la différence de prix joue, les livres autopubliés via KDP étant vendus presque dix fois moins cher que les livres numériques issus d’éditeurs “papier”, mais la performance n’en est pas moins louable.

Au final, Costantini a vendu ainsi 7 000 exemplaires de son livre (chiffres de l’auteur, qui touche 70 % des droits du prix de la vente en ligne). Ce chiffre lui a permis de trouver une oreille “papier” attentive en les éditions Glyphe. L’éditeur confirme avoir été “sensible” au texte, bien sûr, mais aussi au “réseau” généré par le numérique et qu’il dit “n’être pas du tout en concurrence” avec le papier.

Quand les éditeurs “papier” s’arrachent le numérique
Le “nouveau vivier d’auteurs”

L’histoire se répète avec Agnés Martin-Lugand, inconnue jusqu’alors au bataillon. Cette psychologue clinicienne de formation, refroidie par plusieurs refus des maisons d’édition papier de publier son premier roman, l’a mis en ligne elle-même sur KDP. Voilà comment Les gens heureux lisent et boivent du café a vu le jour, quelque peu guidé par Laurent Bettoni, un écrivain habitué de la plateforme. Là où l’aventure vire au conte de fées, c’est lorsqu’Agnès est “repérée” par la maison d’édition Michel Lafon. Florian Lafani, 33 ans, responsable chez Lafon du développement numérique, est allé dégoter cette pépite dans ce qu’il appelle désormais volontiers le “nouveau vivier d’auteurs” ou encore “l’autre service des manuscrits”. Le roman d’Agnés Martin-Lugand va naître une seconde fois, en version papier, chez Lafon le 6 juin, et les droits ont déjà été vendus dans 10 pays.

Le numérique qui passe au papier, c’est peut-être le monde à l’envers, mais c’est le celui de demain.

“Lame de fond” de Chris Costantini (éditions Glyphe, 268 pages, 16 euros), 2,99 euros au format Kindle. “Les gens heureux lisent et boivent du café” d’Agnès Martin-Lugan (éditions Michel Lafon, à paraître le 6 juin 2013), 2,99 euros au format Kindle.

Source: Le Point.fr


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