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The Tudors - Episode 8

Publié le 03 juin 2007 par Heather

Un épisode qui a priori ne regorge pas d'actions, où finalement tout se maintient dans un statu quo précaire dont on sent peu à peu les glissements vers l'inéluctable. Le problème récurrent des séries historiques étant évidemment le fait que le téléspectateur connait la fin... Le tout est donc d'y parvenir d'une façon à recréer une certaine tension, pour intéresser à l'engrenage qui est à l'oeuvre, même en l'absence de suspense. Voilà ce que cet épisode réussit à faire. Est-ce parce qu'il nous imerge dans des intrigues de cour dignes d'un jeu d'échec, illustrant les rapports de force dangereux, mon esprit retors se délectant toujours de ces jeux complexes qu'ils se déroulent dans l'Antiquité, au Far West, à la Maison  Blanche ou au XVIème siècle ?

Le prélat envoyé par le Pape arrive à Londres pour juger de la question de l'annulation (les deux termes sont employés en alternance mais techniquement -ou juridiquement- ce n'est pas un divorce au sens moderne du mot que demande Henry -si j'ai bien saisi toutes les nuances) du mariage royal. Une vieille connaissance de Wosley, aux moeurs aussi dissolues, ou du moins aussi en faute avec son ordination, puisqu'il amène son fils avec lui. Quand dans le même temps, Cromwell poursuit son oeuvre de sape du catholicisme en donnant à Anne Boleyn un livre dit 'hérétique' expliquant dans quelle déchéance l'Eglise romaine est tombée, cela confère à l'ensemble une toute autre portée. Le thème des guerres de religion qui marqueront ce siècle est omniprésent, mais toujours de manière sous-jacente. Les références aux évènements de Germanie sont constantes, sorte d'épée de Damoclès qui planne sur tous les royaumes de l'Europe catholique. L'unité de la chrétienté a volé en éclat et Wosley choisit d'exploiter ces craintes comme argument le plus fort pour accorder à Henry son annulation. Le refus d'entériner la rupture aurait pour conséquence de rejeter Henry du giron de l'Eglise catholique, entraînant dans le même mouvement son royaume selon le bon vieux principe 'cujus regio, ejus religio'.

Il faut bien avouer que la Papauté ne fait rien pour arranger les choses. Rivalisant de manoeuvres dilatoires, recherchant une hypothétique solution qui éviterait de fâcher plus les deux parties en présence, il y a clairement deux problèmes qui préoccupent le prélat pontifical : une éventuelle guerre en Europe si Charles Quint décidait d'utiliser le sort de sa tante comme prétexte contre les deux alliés que sont la France et l'Angleterre, ainsi que le sort personnel de l'Eglise érigé en arbitre d'un affrontement duquel elle ne peut que sortir affaiblie. D'où des tentatives maladroites de trouver un juste milieu, comme en proposant à Catherine d'abdiquer et de se retirer dans un couvent volontairement, évitant ainsi le procès. Le prélat caresse aussi le doux espoir que la passion insensée du roi pour cette intrigante Anne Boleyn, 'une roturière', ne s'efface aussi rapidement qu'elle apparut. L'épisode lui donne tort, mais il faut bien avouer que l'aspect 'relation impossible' ajoute du piment et une tension sexuelle à peine contenable aux deux amoureux dont la patience arrive à son terme... La passion ne pourra s'effacer qu'une fois assouvie.

La famille d'Anne Boleyn, aidée cette fois par Charles, conspire toujours contre Wosley dont la situation s'effrite en même temps que celle du roi. Anne n'a désormais pas son pareil pour insinuer des soupçons chez Henry et l'extrême fébrilité de Wosley n'améliore pas sa situation. Est-il derrière ses manoeuvres dilatoires empêchant cette annulation ? Henry doute. Il se tourne vers Charles et vers François Ier pour avoir des informations. Evidemment, le tableau dépeint n'est pas flateur pour Wosley. Peu à peu, le soupçon se transforme en certitude. 'La colère du roi signifie la mort' dit, à un moment donné, More (une de ces phrases 'prophétiques' peu subtiles auxquels les scénaristes semblent quand même bien attachés) en observant la situation échapper au cardinal, refusant de se mêler aux luttes opposant Wosley aux nobles. Neutre vis-à-vis de Wosley, mais pas à l'encontre de la Reine.

Catherine se trouve dans une situation intenable, et encore une fois, elle en ressort grandit en dignité. Elle doit se préparer à affronter un procès où elle est accusée, autour d'elle ses conseillers se défilent craignant l'ire royale. Avec des insinuations, des rumeurs, voire même des propos plus directs, on la menace, on fragilise sa position. Ses confrontations avec le roi sont très fortes, d'une intensité étrange par rapport à la sobriété qui prédomine pourtant dans ces rapports régis par l'étiquette. Si elle est toujours plus isolée dans cette cour hostile (même si elle n'aime guère Anne Boleyn, la volonté du roi prime), More lui trouve cependant un nouvel avocat pour plaider sa cause devant la Cour.

L'épisode se clôture sur l'ouverture de la session au tribunal. La plaidoirie de Henry résonne avec une sincérité qui amène à penser qu'à force de répéter ces arguments, de ressasser le Lévithique, il s'est convaincu lui-même qu'il avait vécu dans le péché pendant toutes ces années. Anne n'est au fond qu'un élément déclencheur, expliquant l'urgence de la situation. Catherine est tout aussi convaincante, usant de l'affection du peuple et de sa bonne image comme d'une arme contre le projet du roi. Deux parfaits comédiens qui nous offrent une grande scène donc.

Bilan : L'épisode se clôt avec la Reine quittant cette cour dont elle dénie toute compétence, tandis que Wosley se liquifie sur place devant cet énième report et le regard glaçant que Henry lui lance avant de partir.

Pendant ce temps, Thomas Tallis compte fleurette à la demoiselle dont il s'est rapproché durant l'épisode précédent, profondément affectée par la mort de sa soeur, et le mariage de Charles et Margaret se délie. Mais ce sont principalement des détails qui servent à accompagner l'intrigue principale.


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