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Only God Forgives, de Nicolas Winding Refn

Par Acrossthedays @AcrossTheDays

Affiche HOME ONLY GOD FORGIVES DE NICOLAS WINDING REFN : EN RUPTURE AVEC DRIVE

Only God Forgives un film radical

Only God Forgives marque le retour du duo Nicolas Winding Refn / Ryan Gosling, très attendu, après leur première collaboration sur Drive, film qui a remporté le prix de la mise en scène à Cannes en 2011. Je ne vais pas épiloguer sur ce film que je considère comme une réussite à part entière. Bref, je sais que ce film divise, je ne vais pas m’étendre sur le sujet.

On aurait pu s’attendre à ce que Nicolas Winding Refn tombe dans le piège du j’ai fait un très bon film, je continue sur ma lancée avec le même acteur et je livre quelque chose de très ressemblant mais ce n’est ici pas le cas. Refn revient à ses sources et réalise un film plus proche de Bleeder ou de sa trilogie Pusher que de Drive,  même si il hérite beaucoup de son esthétique.

Only God Forgives est un film noir, violent. Très radical, dans le propos comme dans sa forme, le film met en scène Julian (Ryan Gosling), gérant d’une salle de boxe – qui sert de couverture à un trafic de drogue – qui perd son frère, Billy, tué après avoir violé une fille. Apprenant son décès, la mère des deux frères (Kristin Scott Thomas) rapplique à Bangkok, et décide de venger la mort de son fils. Ils vont bientôt se retrouver face à Chang (Vithaya Pansringarm), un policier corrompu qui ne se trimballe jamais sans son katana.

En rupture avec Drive.

On aurait pu voir en Julian un Driver n°2 mais il n’en est rien. Ryan Gosling interprète ici un homme plus fragile, moins sûr de lui et définitivement moins puissant. Alors qu’il semblait tout maitriser dans Drive – malgré sa « timidité » – Ryan Gosling est ici moins adroit, moins efficace. Il se fait d’abord violemment critiquer et remettre à sa place par sa mère – en chef de gang absolument terrifiante – avant de se prendre une véritable raclée au cours d’un combat. Mentalement puis physiquement, Julian craque. Nicolas Winding Refn reconsidère dans le film l’image du male qu’il veut donner : en rupture avec Drive, mais qui rappelle évidemment le personnage de Tonny (Mads Mikkelsen) dans sa trilogie Pusher.

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L’image au service de l’histoire.

J’en entend déjà certains dire : « Mais c’était nul, et puis en plus ils parlent quasiment jamais ». Merci l’ami, tu viens justement de montrer un point important du film. Dans un interview, Gosling révélait que lui et le réalisateur de Drive adoreraient réaliser des films muets. Et ça se sent. Tout passe par l’image ou par la musique : la tension, la peur, la surprise, la violence (même si Kristin Scott Thomas sort à la louche 437 insultes dans le film). D’accord, certains préfèrent peut-être les dialogues (comme dans le bavard Lincoln de Spielberg, élément ici essentiel) mais ceci permet de revenir à une forme de cinéma plus pure, plus intelligente en somme. En effet, Ryan Gosling ne sort son premier mot qu’après plus de 20 minutes de film, sur un long métrage d’1h30.

Entre certaines qui rappellent clairement Drive et d’autres qui nous font davantage penser à Wong Kar-wai, Refn s’offre dans Only God Forgives une photographie de rêve. Les jeux de lumière sont saisissants, comme celui des couleurs (du rouge au bleu, du jaune au vert). Nous sommes ici face à une maitrise totale de l’image, du cadre à la lumière, du choix des décors à celui des costumes. Refn veut d’abord nous raconter son film à travers les images. Certaines d’entre elles (rappelons que la bande-annonce a bénéficié du bandeau Red Band) sont par ailleurs assez dures. Le réalisateur de Pusher n’a pas lésiné sur la violence, nous livrant ici un ensemble de scène des fois assez dures à digérer pour les plus sensibles.

La musique a elle aussi un rôle prépondérant dans le film. Dans certaines scènes, les dialogues passent soudainement en muet, remplacés par une musique envoutante, terriblement oppressante et hypnotisante par moments. La composition de celle-ci a été assurée par Cliff Martinez, qui avait déjà travaillé sur Drive (et depuis sur Spring Breakers) : un ensemble de tracks absolument efficace, entremêlé de pistes plus orientales comme Tur Kue Kwam Fun qu’on avait pu découvrir avec la bande-annonce. La track « Wanna Fight » (une des seules qu’on peut trouver sur Sound Cloud pour l’instant) illustre assez bien l’esprit global du film.

On regrettera certainement que le film n’ait pas duré plus longtemps tant la séance est passée vite, mais le film s’est voulu rythmé, sans lenteur et a su garder une vraie cohérence dans son propos du début à la fin. Une ambiance unique, rendue possible grâce à une photographie hors norme et une bande-originale aussi exceptionnelle. Les performances des acteurs sont scotchantes  (de Scott Thomas à Ryan Gosling, en passant par l’incroyable Vithaya Pansringarm, voir photo). Only God Forgives, c’est du vrai cinéma. Danois, américain, canadien, franco-britannique, thailandais, peu importe, ce qui compte, c’est que ça marche.

Only God Forgives photo Vithaya Pansringarm 01 ONLY GOD FORGIVES DE NICOLAS WINDING REFN : EN RUPTURE AVEC DRIVE


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