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Tournée des galeries du côté de Saint-Sébastien Froissard et cours parisiennes (Paris 3)

Publié le 24 mai 2013 par Carnetauxpetiteschoses @O_petiteschoses

Si avant le 31 mai, une courte escapade dans les galeries et dans les rues au charme désuet du Marais vous tente, voici un petit parcours possible avec des expositions intéressantes.

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Au programme :
- Réanimation, Joan Jonas, à la galerie Yvon Lambert
- Acurate figure, Tony Cragg, à la galerie Thaddaeus Ropac
- Les forges, Claire Adelfang, à la galerie Thaddaeus Ropac
- Rare and Important Works from a Private Collection, Louise Bourgeois à la galerie Karsten Greve
- Exposition personnelle, Jesper Just, à la galerie Perrotin


Agrandir le plan

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Au départ de la station de métro Saint-Sébastien Froissard (Ligne 8), prenez la rue du Pont aux Choux. Poursuivez la rue en croisant la rue de Turenne, puis la rue Vieille du Temple dans laquelle vous tournerez à gauche. Sur le trottoir de gauche, vous verrez l’entrée des galeries Yvon Lambert et Xippas.

Réanimation, Joan Jonas, à la galerie Yvon Lambert

Lawrence Weiner Pour une poignée de craie

Lorsque vous pénétrez dans la galerie, laissez-vous guider par la bande-son signée par le compositeur pianiste Jason Moran d’Andy Samby et . Passez la première salle où vous apercevez l’œuvre de Lawrence Weiner, intitulée « Pour une poignée de craie ». C’est ce titre, qu’elle déploie sur les murs de la galerie, faisant émerger de la juxtaposition des mots et de leur groupement le fractionnement propres aux matériaux bruts évoqués (sciure, pierres, craie etc…).

On entre ensuite dans une pièce sombre, pour se retrouver au milieu de panneaux japonais, sur lesquels sont projetées les vidéos de Joan Jonas.

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Montagnes enneigées, manipulation d’encre, et des scintillements de diamants. On prend place entre ces 4 cloisons ouvertes. On note les reflets, les répétitions des scènes utilisant les accessoires en place. On aperçoit les feuilles punaisées aux murs de la galerie cette fois, recueillant les expérimentations à l’encre comme des tests de Rorschach. Il faut savoir que l’artiste américaine adapte son installation à chaque lieu d’exposition. Cette fois encore, on est inclut dans le dispositif, au cœur des manipulations et des images vivantes. Joan Jonas travaille et fait évoluer cette œuvre depuis plus de deux ans en référence à l’ouvrage « Under the glacier » de l’écrivain islandais Laxness Halldór publié dans les années 1960. Il s’agit pour elle d’un « hommage à l’aspect spirituel de la nature, concentré ici sur un glacier, et dont  Reanimation se veut le reflet car  les glaciers sont actuellement en train de fondre.». En ayant eu l’occasion de travailler avec des maisons pré-fabriquées dans le parc de Karlsaue, elle a utilisé les murs et reconstruit la maison en installant ses vidéos à l’intérieur des fenêtres. C’est ainsi que Reanimation a été présenté pour la première fois. On médite assis au milieu des cristaux en contemplant la lumière diffractée par leur prisme, ou du haut de la montagne présentée en vidéo dans un instant suspendu.

A voir :
Réanimation de Joan Jonas
A la Galerie Yvon Lambert
108 Rue Vieille du Temple
75003 Paris

Revenez sur vos pas, et tournez à droite dans la rue Debelleyme. Vous pourrez lever les yeux vers les balcons fleuris, entrevoir l’adorable entrée d’une autre galerie, avant de rentrer au 7, dans la  galerie Thaddaeus Ropac.

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Acurate figure,Tony Cragg, à la galerie Thaddaeus Ropac

En pénétrant dans la galerie Thaddaeus Ropac, on ne peut pas manquer les étranges et étonnantes sculptures de Tony Cragg. Ces formes semblent défier notre imagination et se découpent avec netteté sur les murs blancs de la galerie. Champignon, arbre ou rocher, les formes déstabilisent d’abord, car elles ne sont pas familières ni même connues par notre entendement. Pour les appréhender, on peut tenter de manière immédiate, de les rapprocher grossièrement de formes connues, comme je viens de le faire, avant de se raviser pour les considérer en soi. Etonnantes et nouvelles, ces formes mêlent plusieurs éléments qui accrochent notre attention : leur couleur naturelle ou vive, leur matière naturelle ou obtenue de l’alliage de plusieurs matériaux, leur forme si spécifique qui est obtenue à partir de dessins informatiques.

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Tony Cragg est un sculpteur contemporain majeur, parvenu à cette discipline par le biais du land-art et de l’action éphémère. Ses inventions plastiques mettent en scène des matériaux et leur rencontre, ils proviennent d’objets récupérés ou de déchets industriels. En observant de plus près on reconnait le bois, le bronze, l’acier. Les formes sont pareilles à des strates, des formes géologiques qui ont émergé dans la galerie immaculée. Dans ces amoncellements on lit certaines formes secondaires dans les volutes initiales. Membres, têtes et visages apparaissent, on les perçoit parfois à la seconde observation, en souriant. Dans ces totems qui créent des formes inconnues, inédites, on perçoit une sensation de vitesse capturée, de changement, comme les témoignages dans la Nature des années qui passent.

A voir :
Acurate Figure, Tony Cragg
A la galerie Thaddaeus Ropac
7 Rue Debelleyme
75003 Paris

Les forges, Claire Adelfang, à la galerie Thaddaeus Ropac

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On descend ensuite dans la salle du bas. Le film « Les forges » a été réalisé en début d’année. Claire Adelfang porte sur ce décor déserté, sur les vestiges d’une activité industriel un regard pur, sans jugement. Son attention se focalise sur l’investissement des lieux par la Nature qui semble grignoter le béton, s’insinuer partout, et qui s’est aussi emparée de la bande-son. Dans ce « documentaire onirique » selon les mots de l’artiste, les images lentes permettent une contemplation poétique guidée par les mouvements de caméra doux, les zooms, les changements de lieux. On perçoit avec une proximité étonnante, le vent qui fait frissonner les arbres ou ride légèrement la surface de l’eau. De son observation des lieux, elle a distingué 3 parties, qu’elle a intitulé a posteri selon des expressions empruntées à Julien Gracq : La Chapelle des abîmes, Le chemin d’eau et Les champs de force de la Terre. On y voit les vibrations de la terre, les brises délicates qui font chanter les corridors, les nuances faites à la surface de l’eau. Dans ce paysage déshumanisé, les structures massives architecturales renvoient à l’inutilité de l’activité humaine, qui peut déployer des forces pour une quelconque production qui peut, le lendemain, être rendue caduque. Elle rapporte l’histoire des lieux et la réécrit, en disant cela « Je cherche à faire éprouver qu’une fois entré dans ce lieu apparemment hostile, une atmosphère presque sacrée peut y régner, que la lumière, le vent et la végétation prennent une dimension d’énigme. »

A voir :
Les forges, Claire Andelfang
A la galerie Thaddaeus Ropac
7 Rue Debelleyme
75003 Paris

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A quelques pas de là, entrez dans la cour bien tenue de la Galerie Karsten Greve au numéro 5.

Nous allons découvrir dans ce lieu intimiste, des oeuvres de jeunesse d’une des plus grandes artistes actuelles : Louise Bourgeois. Les oeuvres exposées le sont en général rarement, et sont ainsi peu connues. Pourtant, on y voit déjà des thématiques qui parcourent son oeuvre.

Louise Bourgeois à la galerie Karsten Greve

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Pour bien apprécier l’œuvre de Louise Bourgeois, il convient de connaitre quelques éléments biographiques, qui sont étroitement liés à ses préoccupations.

Les Personnages, sculptures effilées sont réalisées entre 1947 et 1950, sont le symbole de l’instabilité psychologique de l’artiste qui a quitté Paris pour New York et ressent une profonde nostalgie de la France et de ses proches. Ces totems font référence à une certaine mémoire et nous sommes rapidement pris au milieu de cette foule à hauteur humaine. On note la variété des matières, les œuvres en tissu faites de l’assemblage de petits coussins, ou les Femmes (Pregnant Woman I et II ; Woman with a Secret) faites entre 1947 et 1949, sont les premières élaborations de ce sujet qu’elle travaillera toute sa vie. On y lit déjà l’ambivalence qu’elle installe entre la femme et l’enfant et même entre l’homme et la femme.

Dans un second temps, on découvre les nids , les tanières, les refuges, dont la magnifique sculpture suspendue Lair, qui fait référence à la cachette que l’on cherche pour s’abriter mais qui évoque aussi l’enfermement.

On apprécie ces oeuvres « premières » pleines de symboles.

A voir :
Louise Bourgeois à la Galerie Karsten Greve
5 Rue Debelleyme
75003 Paris

Exposition personnelle, Jesper Just, à la galerie Perrotin

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En entrant dans la galerie Perrotin, on est d’abord accueillis par l’œuvre de Giani Motti, étonnante installation de billets de banque aux plafonds des salles, critique de l’économie globale. En suivant les circonvolutions des salles, on finit par sortir dans l’impasse Saint-Claude, pour pénétrer dans l’autre lieu de la galerie, pour découvrir l’exposition personnelle de Jesper Just.

3 films sont projetés et suffisent à poser l’esthétique de l’artiste.

Dans le premier film Llano (qui est le dernier produit par l’artiste), on s’introduit dans la ville fantôme de Llano del Rio. Fondée en 1913, elle est abandonnée suite à un problème d’approvisionnement en eau. Des quantités d’eau s’y déversent perpétuellement. Filets d’eau sur une boite métallique, gouttes dans des flaques, l’eau est captée sous toutes ses formes dans une atmosphère mystérieuse. On aperçoit ensuite une femme au milieu d’une installation qui permet de créer des pluies artificielles dans les décors de cinéma. Elle s’évertue à endiguer le phénomène. Elle reconstruit la ville, replace les pierres les unes sur les autres. Jeper Just dit ainsi « Llano est la ruine d’un lieu qui n’existe plus, mais aussi un lieu qui n’a jamais vraiment existé. Ici, il existe un double sens — un bizarre mélange d’utopie et de dystopie rempli d’échecs et d’idéaux puissants. »

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Dans Sirens of Chrome (2010), il s’agit d’un film tourné dans la ville de Détroit qui met en scène 4 femmes afro-américaines qui roulent dans les rues désertes de la ville. Elles s’arrêtent dans un parking situé sur le toit d’un ancien théâtre. La tension est palpable, on pressent un drame. Une autre femme entre alors en jeu, roulant sur le toit de la voiture au ralenti, dans une sorte de confrontation silencieuse. Filmées de près, on perçoit le détail de leur expression, et une intensité dramatique qui ne s’explique pas. Une belle réflexion sur la condition féminine.

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Enfin dans A Vicious Undertow (2007), il s’agit de montrer la relation entre trois personnes. Ils esquissent des pas de danses, échangent des regards, en sifflant. Dans ses mouvements sensuels, la caméra épouse les corps et les mouvements, passant d’une personne à l’autre.

A voir : 
Exposition personnelle de Jesper Just
A la galerie Perrotin
76 Rue de Turenne  & 10 impasse Saint-Claude
75003 Paris

Vous pourrez repartir de l’impasse Saint-Claude, et prendre à gauche dans la rue du même nom.

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Vous pourrez ensuite tourner à gauche, dans le boulevard Beaumarchais que vous remonterez jusqu’au métro Saint-Sébastien Froissard (ligne 8) pour la fin de la balade.

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