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Maniac (Franck Khalfoun, 2012)

Par Doorama
Maniac (Franck Khalfoun, 2012) Frank ne s'est jamais tout à fait remis du départ de sa mère, ni même de l'ambiance dans laquelle il a grandi. Pour combler ses déséquilibres affectifs, il erre à travers la ville, en quête d'une fiancée qui rendra sa mère fière de lui. De femme en femme, de victime en victime, Frank ôte des vies dans l'espoir de remplir enfin la sienne.
Alexandre Aja est à la production de ce remake du chef d'oeuvre craspect de William Lustig. Comme décidé à revisiter tous ces classiques des 70's, il confie cette fois la réalisation à Franck Khalfoun, et tente par ce bras armé de retrouver les noirs reflets de l'original. Comme souvent avec les relectures d'oeuvres cultes, la division règne, mais Maniac, quelque soit le résultat, propose une relecture solide de son glauque modèle. Maniac installe une ambiance personnelle et ose proposer une radicalité assumée, loin du simple exutoire gore, qui fait plaisir à voir. 40 ans ont passé, les temps ont changé : l'heure du bilan a sonné...
Maniac de William Lustig a réussi à dépasser le genre qui l'a vu naître pour acquérir, aujourd'hui encore, le statut de perle noire, presque inégalée. A cheval entre les démons US des 70's et l'escalade visuelle du ciné d'horreur, Maniac continue de distiller son ambiance unique, épaisse et malade, il est un film miraculé de son époque, une sorte d'évidence qui échappe à la rationalité du jugement cinématographique. S'attaquer à sa relecture devait forcément être effectuée par des vrais fans, et devait forcément respecter le malaise de l'original. Khalfoun / Aja ont donc travaillé leur copie et sont parvenu à proposer un nouveau film, loin du simple copier/coller, loin aussi de la simple modernisation ou surenchère due aux changements de nos seuils de tolérance. Maniac 2012 n'a pas le parfum unique, presque inespéré, de son modèle, mais il a en tout cas réussi à trouver un corps adapté à son âme sombre.
Bien sûr les scènes de meurtres sont emblématiques de cette nouvelle version, aussi sauvages et dérangeantes que celles de l'original, mais ce nouveau Maniac ne se contente pas jouer sur leur impact. Pour recréer le malaise original, l'équipe s'est visiblement demandé comment retranscrire, aujourd'hui, en 2012, ce qui faisait la spécificité du modèle. Pour y parvenir, ils ont fait le choix de filmer entièrement cette version en caméra subjective. Les fans d'Elijah Wood n'en auront pas pour leur argent : l'acteur n’apparaît que rarement à l'image, et presque exclusivement dans le reflet de miroirs... Ce qui rendait la version 80's si étouffante se voit ici substitué par une sorte de prison mentale que le spectateur est condamné à partager avec Frank. L'effet est différent de l'original, mais même s'il s'essouffle quelque peu sur la longueur, on ne peut que saluer le choix retenu. Si la réussite de Maniac 80's résultait d'un concours de circonstances peut-être unique et rare (l'époque, le scénar, le contexte, le réal...), la version 2012 à une conscience aigüe des 40 ans qui se sont écoulés depuis, et plutôt que de tenter de reproduire une performance improbable, ont préférés s'attaquer à recréer un contexte maladif : objectif atteint, Maniac 2012 n'est pas un grand film, mais il va au bout de son idée et revêt une personnalité qui lui est propre tout en restant fidèle à son modèle.
Blasés que nous sommes par notre industrie du spectacle, cette version ne sera pas le choc visuel qu'était la version Lustig, mais là encore, Aja / Khalfoun semblaient en avoir conscience, et même s'il offrent des sommets horrifiques puissants (la première victime...), c'est bien à un trip intérieur et psychologique que nous sommes invités, plutôt qu'à une simple virée sanglante, exsangue de vitalité. C'est une réflexion, presque philosophique, sur la place de l'original dans nos souvenirs, une véritable analyse qui semble avoir inspiré ce projet de remake, et devant une telle démarche, on en oublierait presque, à la rédaction, le nouveau résultat. Nous avons bien conscience que nos classiques horrifiques 70's ne pourront pas être égalés, leur sauvagerie naturelle et leur criante spontanéité comme hermétiquement figée dans leur époque, mais nous guettons encore que le cinéma ne nous offre de tels moments ! Parmi toutes les tentatives de revisiter ces pépies horrifiques 70's dont la rédaction est éperdument et définitivement amoureuse, beaucoup sont parvenues à "tenir la route" (même si elles pouvaient êtres inutiles, au-delà de leur réussite visuelle ou de leur honorable réalisation, comme le Massacre à La Tronçonneuse ou la Colline à des Yeux de Aja justement...), Maniac n'est pas la meilleure de toutes (quoi que proche du sans faute !), mais sa capacité à retrouver le moule original et la recette qui va avec nous le font immanquablement aimer ! Méchant, intelligent et dérangeant, ce Maniac-là n'est pas qu'un simple remake, c'est un petit frère... De la même famille, assurément !
Maniac (Franck Khalfoun, 2012)

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