25 mai Merci Lorsque je vivais la partie tout blanc tout noir de mon adolescence, je me suis souvent engueulé merde quoi, avec le mari de ma mère, question politesse. A son savoir-vivre militaire, merci s'il vous plaît bonjour de rien, j'opposais mon anarchiste raisonnement : si l'on a envie de dire merde lorsque l'on dit merci, autant ne rien dire du tout. Aujourd'hui, j'ai l'âge qu'avait mon beau père et mes filles ont peu ou prou l'âge que j'avais en ce temps-là. Même s'il leur échappe quelques "merde" et quelques "putain", plus de modernes gros mots que je n'entrave pas, les bonjour merci et consort ne semblent pas leur arracher la gueule. Et c'est vrai que, lorsque j'attends sur le bord du trottoir, prêt à me jeter sur un zébra crossing, et qu'un véhicule s'arrête spontanément, je ne me pose pas de question et je salue de la main, aussi bien une dedeuche qu'une Mercedes que je conchie d'ordinaire. Et pendant une minute au moins je me réjouis de ces quelques grammes de douceur dans un monde de brute et j'imagine le conducteur en faire de même. Qu'elle serait douce, la Terre, si tout fonctionnait comme un salut de la main. Même si ce salut s'était transformé en bras d'honneur s'il ne m'avait pas laissé passer...
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