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Fie toi à Dieu mais attache bien ton chameau

Par Louisakaluga

Parce que je ne veux rien oublier de ce jour où mon fils est tombé sur la tête alors qu'il était à l'école. C'était la récrée et il jouait au foot avec ses copains. Il a été bousculé puis est tombé en arrière, alors comme il s'est à moitié évanoui, il a été transporté aux urgences de kaluga en ambulance.

Je n'oublierai pas :

-Que je n'y croyais pas vraiment...

-Que ma voisine a eu la gentilesse de me conduire près de l'hôpital.

-Que j'ai eu du mal à trouver l'hôpital en question.

-Que c'était la première fois que je mettais les pieds dans un hôpital russe ( et j'espère la dernière)

-Le directeur de l'école me disant qu'ils avaient failli avoir un accident avec l'ambulance et que j'ai pensé qu'il blaguait...

-Que quand je suis arrivée à l'hôpital, j'ai traversé un couloir où j'ai vu que les affaires de mon fils étaient étalées en vrac sur des cartons.

-Que J'ai mis longtemps avant de comprendre que nous n'étions pas dans un couloir mais dans un vrai service...

-La gentillesse du directeur qui aidait mon fils et le rassurait ainsi que moi même.

-l'odeur abominable de la pièce où il se trouvait.

-Que mon fils avait tout le temps envie de faire pipi parce qu'on lui avait mis une perf. d'un produit diurétique mais qu'il n'y arrivait pas à cause des gens qui le regardaient...

-Le lino jaunâsse qui me faisait penser que c'était de l'urine par terre et après son nettoyage j'ai compris que c'était incrusté...

-Quentin qui me disait de ne pas parler trop fort, parce que derrière lui il y avait un homme dans un brancard relié à tout un tas de machines et qui semblait à moitié mort...

-Que j'ai eu peur quand je l'ai vu.

-L'espèce de blouse que l'on m'a fait enfilé et qui avait du servir 20 fois ou plus.

-Le désespoir dans la voix de mon fils qui me suppliait de le sortir de là...

-La valse des médecins, des infirmières, des aides soignantes, du personnels de nettoyage.

-Le manque d'intimité, tout le monde rentre, sort, il n'y avait aucune porte.

-Que j'ai signé l'admission et la décharge en même temps, 15 minutes après être arrivée à l'hôpital sans trop me poser de questions...

-Le médecin qui m'a parlé de traumatisme crânien.

-L'autre médecin qui m'a parlé de bradycardie car son pouls était descendu à 40...

-Un autre médecin qui m'a parlé de problème cardiaque...

-De ce médecin qui me demande " ce que j'en pense " ( sic)...

-Que je me suis dit que le prochain médecin qui allait venir allait probablement me dire qu'il avait un cancer.

-Qu'on avait posé un bol de sarrasin et un bol de soupe sur un tabouret. Quentin n'en a pas voulu. Quand il a eu faim, on a réclamé un morceau de pain, ils nous ont donné le bol de sarrasin réchauffé au micro-onde.

-Qu'il n'avait pas d'oreillers et qu'on avait roulé en boule des draps à la place.

-Que la couverture ressemblait au plaid que je donne à mes chiens avant que je le lave ( sans les poils )... par l'odeur...

-Que le bâtiment était très vétuste, il y a avait des câbles qui pendouillaient de partout.

-Que j'étais très effrayée et que j'ai pensé que je vivais un mauvais rêve.

-Que j'ai posé la question au directeur ( qui a vécu en Afrique comme moi pendant des années et en brousse aussi) s'il pensait comme moi que c'était vraiment terrible, pour être sur de ne pas être seule à penser ça et que peut être c'est moi qui exagérais... Il m'a dit qu'il pensait aussi qu'il était préférable de ne pas être malade en Russie...vu l'état des hôpitaux. ( Et je pense sincèrement qu'il y a pire que celui où est allé mon fils ).

-Que Quentin me demandait de lui décrire ce que je voyais dehors depuis la fenêtre et que je lui ai dit que je voyais un bout du lac, des arbres, des vieux immeubles gris...

-Qu'il avait des fils et des capteurs sur son torse et sa perfusion.

-Que les médecins essayaient de me persuader de le garder à l'hôpital sans arrêt.

-Que Sergueï me demandait de les écouter jusqu'au bout car c'est le protocole...

-Que Quentin essayait d'arrêter la perf. et que je l'ai laissé faire.

-Que j'ai dit à Sergueï de nous sortir de là.

-Que j'ai dit à sergueï qu'il ne pouvait pas le garder parce que c'est moi qui décide parce que j'ai l'autorité parentale et que j'en assume toutes les conséquences, mais il doit pas rester dans cet endroit.

-La joie de mon fils quand Sergueï lui a dit qu'il allait avancer le voiture et qu'il allait enfin sortir.  

Merci aux professeurs de l'école n°48 d'avoir pris soin de lui après qu'il soit tombé. Merci aux médecins francophones Nadiejda et Sergueï. Merci à Mr Meur, le directeur pour son soutien indéfectible. Merci à toutes mes amies de France et de Russie pour vos messages de soutien.

Je n'oublierai pas.

 


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