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Culte du dimanche : Sailor et Lula

Publié le 26 mai 2013 par Fredp @FredMyscreens

Culte du dimanche : Sailor et Lula

Comme à chaque fin de Festival de Cannes, on s’intéresse à une Palme d’Or dans le culte du dimanche et c’est au tour de David Lynch et son road movie Sailor et Lula d’y passer.

Culte du dimanche : Sailor et Lula
Réalisateur atypique, David Lynch le montre à chaque film, même lors de ses histoires les plus simples à comprendre. Loin du système, il se révèle à chaque fois un peu plus un véritable artiste à l’univers personnel bigarré entre influences pop et hollywoodiennes des années 50 et ses propres démons. Et même lorsqu’il se met à adapter les histoires des autres, cela devient un trip tout personnel qui n’irait à personne d’autre. Après son très personnel Blue Velvet, il choisit d’adapter l’histoire de Barry Gifford, celle d’un couple, Sailor et Lula, qui s’aime à la vie à la mort et cherche à fuir Marietta, la possessive mère de Lula, pour vivre une vie paisible. Mais cette dernière ne l’entend pas de cette oreille et va tout faire pour récupérer sa fille, jusqu’à engager un gangster pour la faire revenir.

Avec son couple vedette, David Lynch s’embarque alors dans un véritable road movie qui va renforcer l’amour que se portent les deux personnages. Mais on connait bien le réalisateur et le voyage ne sera pas de tout repos. Ainsi, les rencontres qu’ils vont faire seront pour le moins originales, en particulier lorsqu’il tomberont sur un gangster dégénéré et sa copine qui l’est tout autant. Entre des séquences purement pop et d’autres sacrément hallucinatoires, le film trouve son chemin iconoclaste.

Culte du dimanche : Sailor et Lula

Mais surtout Sailor et Lula doit énormément à ses acteurs. Le couple formé par Nicolas Cage et Laura Dern (qui jouait déjà dans Blue Velvet) fonctionne à la perfection. L’alchimie entre les deux acteurs nous fait tout de suite croire à cette histoire d’amour entre le bad boy au grand cœur et aux excès de colères instantanés (qui s’illustre d’ailleurs dès la première scène du film, donnant le ton burlesque d’emblée) et la pin-up rêveuse et insouciante. Les deux deviennent indissociables de leurs personnages mais il faut aussi compter sur Diane Ladd qui joue la mère complètement barrée de Lula (et propre mère de Laura Dern à la ville) pour apporter un peu de piment à l’histoire. Le réalisateur aime les personnages complètement cinglés, irréels, hyper expressifs et il le montre clairement ici.

Culte du dimanche : Sailor et Lula

Sailor et Lula est également l’occasion pour David Lynch de montrer un peu plus son univers imprégné de pop culture. Si Blue Velvet montrait  l’ambiance des banlieues américaines des 50′s, Sailor et Lula reprendra à son compte 2 mythes purement américain qui vont faire avancer le couple, avec d’un côté Elvis qui caractérise beaucoup Sailor, tandis que c’est Dorothy du Magicien d’Oz qui reviendra régulièrement hanter Lula. Des références loin d’être innocentes qui inscrivent ainsi le couple dans les légendes américaines et impriment au film sa patte complètement irréelle et hallucinée. Des références qui ancrent le film dans un univers alternatif où tout peut être poussé à l’extrême, l’amour comme la violence.

Culte du dimanche : Sailor et Lula

Osant le film pop et débridé, d’une certaine manière Lynch prend les devants sur les films de Tarantino à venir, en particulier Tueurs Nés et True Romance qu’il a écrit et son sortis peu après. Mais le réalisateur fait également un véritable travail sur une mise en scène presque onirique entre les scènes de nuit irréelles, les scènes sensuelles judicieusement colorées et les scènes de jour exagérées. Le film porté par la folie amoureuse de ses personnages mêlés malgré eux à certaines magouilles.

Culte du dimanche : Sailor et Lula

Le film finalement présenté au Festival de Cannes en 1990 dénotait forcément au milieu d’une sélection plutôt morne. C’est donc sans soucis qu’il fut alors récompensé par la Palme d’Or remise par le président Bernardo Bertolucci dont s’était le véritable coup de cœur. Une palme d’or qui n’a toutefois pas permis de faire du film un succès et a donné à son réalisateur une  plus grande légitimité dans son art, l’encourageant alors à continuer d’explorer son univers si étrangement personnel.


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