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Nouveau Western

Publié le 27 mai 2013 par Euphonies @euphoniesleblog

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Bertrand Belin - Parcs

Joyeux drilles passez votre chemin. Fans des doubles-pédales, passionnés du vocoder, agités du BPM, ne vous attardez pas. Aujourd'hui il s'agit de parler d'un artiste qui m'est cher, mais dont on peut dire avec certitude qu'il ne fera pas trembler les dance-floor à Ibiza ou remuer les bassins au camping de la plage. Parcs de Bertrand Belin sort ces jours-ci et c'est un génial raccord pour ce printemps pourri, ou un malin pied de nez contre l'été à venir, si seulement il vient.

J'ai découvert Bertrand Belin avec le somptueux Hypernuit, son album précédent. Homme de la rugosité paysanne enrobée d'une délicatesse toute virgilienne. Elégance, sens mélodique, ellipse. J'ai appris que le bonhomme venait de chez nous. J'ai confirmé que la poésie pouvait tenir en quatre minutes. J'ai aimé. Même si je peux lui reprocher une austérité épuisante à la longue. Belin, c'est l'exigence et aussi une sorte de fausse monotonie, où le changement s'éprouve dans le détail.  C'est aussi une voix, grave, parcimonieuse qui laisse plein de trous, de parenthèses au fil du chant pour mieux laisser respirer, évoquer, imaginer. Une syntaxe si particulière, à la prosodie morcelée à coups de deux ou trois syllabes, comme des bulles riches d'images, nettoyées, épurées jusqu'à toucher l'os du sens.

Le morceau le plus fou fou, parce qu'un peu plus disert (bon attention on reste chez Bertrand Belin, c'est pas Scatman non plus) est sans aucun doute le génial Un déluge, single écoutable depuis quelques semaines. Sur une rythmique et une texture plus blues-rock que les autres morceaux, Belin ose les choeurs lumineux à la tierce qui contrastent à merveille avec sa diction de vieux sage taiseux qui s'essaierait à la pop. Imparable.

Pour le reste les amoureux du dandy laconique ne seront pas perdus. L'orfèvre garde ce sens de la respiration, du western morriconien, de la langueur ironique par petites touches de gris. Ces ritournelles sèches et lyriques comme un coup de trique (Comment ça se danse, Plonge, Peggy, Pauvre Grue), ce phrasé boudeur et subtilement détaché sauront toujours convaincre ceux qui sont déjà tombés dans l'escarcelle du poète chanteur précédemment. Pour les autres il est toujours temps de découvrir ce soulman à la française, sans tambours ni trompettes. 

Pour rappel le somptueux Hypernuit

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L'addictif Un déluge :


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