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Virginia (T1) Morphée

Publié le 28 mai 2013 par Un_amour_de_bd @un_mour_de_bd

Louisiane, 1863. La guerre de sécession fait rage. Un mystérieux voyageur du nom de Doyle semble pourtant étranger au vacarme des armes. Son errance chaotique nous fera peu à peu découvrir que les blessures de l’âme sont parfois plus profondes que celles du corps…

Scénario de Séverine Gauthier, dessin et couleurs de Benoît Blary. Public conseillé : Adultes, adolescents

Style : Drame, Historique Paru chez Casterman, le 15 mai 2013 Share

L’histoire

Doyle est un ancien tireur d’élite de l’armée Confédérée.
Doyle est à présent solitaire et taciturne. Doyle est alcoolique et morphinomane.
Mais surtout Doyle a une âme qui souffre : il ne peut se défaire des souvenirs douloureux qui viennent hanter sa mémoire.
Jusqu’au point de rendre sa pauvre existence de plus en plus périlleuse ?

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Ce que j’en pense

La couverture et le début d’ouvrage résument assez bien le contenu de l’album : il s’agit d’un drame qui nous raconte l’histoire d’un vivant parmi les morts : Doyle.
La guerre de Sécession est en arrière-plan et devient presque anecdotique. Juste pour nous rappeler que les conflits projettent souvent des gens normaux dans des situations anormales, et brisent des vies.

Gauthier nous permet de sonder l’âme torturée de ce soldat perdu en multipliant les allers-retours entre les trois dimensions temporelles.
Le présent est fade est sans goût : Doyle a perdu tout appétit pour la vie, il est froid, distant et antipathique. Il semble uniquement guidé par ses addictions à l’alcool et à la drogue qui n’ont qu’un seul but : oublier.
Oublier le passé. Un passé qui est plus coloré et plus vivant : Doyle a encore des échanges avec un vivant, son ami Parks. Mais ce passé est surtout douloureux et insupportable car il contient les crimes odieux que Doyle ne parvient pas à oublier. Ce passé-là apporte de la culpabilité et de la souffrance qui se rapprochent dangereusement de la folie.
Le futur… n’est pas abordé. Pour cela, il faudrait avoir des projets ou suivre un but.

Ces trois dimensions sont plus ou moins brouillées par les hallucinations de Doyle qui voit et parle à sa victime. Le monde des vivants côtoie le monde des morts. Doyle n’est d’ailleurs plus vraiment vivant : il erre comme une âme en peine au purgatoire. Les fantômes qui le hantent sont, eux, bien présents. Ils deviennent même de plus en plus actifs et commencent à peser sur les évènements du réel.
Jusqu’à modifier le cours de la vie de ce pauvre Doyle ?

Coté dessin

L’accent est clairement donné aux personnages : les traits des visages et les expressions sont travaillés afin de mettre en relief les sentiments qui agitent les protagonistes. Le regard de Doyle est tantôt vague et perdu lorsqu’il titube dans le rue, tantôt intense et perçant quand son addiction à la drogue se réveille, tantôt noir et absent quand il se noie dans l’alcool.
A mettre en rapport avec le regard de sa petite victime qui est vide, figé et hypnotique. Plus inquiétant, le regard de ce petit fantôme gagne en expression et en intensité au fil de l’album et finit par prendre vie au dénouement final.

Il est intéressant de noter la différence dans le travail des couleurs et des textures selon la dimension temporelle : le présent correspond à des tons d’aquarelle un peu délavés tandis que le passé présente des couleurs vives et appuyées au crayon.
J’ai remarqué également qu’il était difficile de faire la distinction entre le bleu des uniformes yankees et le gris des uniformes sudistes. Comme pour souligner que le camp des protagonistes a peu d’importance et que la guerre est de toute façon absurde et injuste.

Le jeu des lumières, des contrastes et des perspectives est une fois de plus excellent ! Avec un petit faible pour les vues en perspectives du dessus.

Pour résumer

C’est un drame qui nous est raconté dans cet album sombre et noir. Gauthier et Blary réussissent le tour de force de rendre attachant un être morne aux pulsions destructrices. Les allers-retours incessants entre passé et présent n’alourdissent pas le récit qui gagne en intensité jusqu’à ce que Doyle abandonne sa passivité et sa résignation. Jusqu’où le mènera sa fuite éperdue ? Tout est possible dans les deux prochains albums de cette trilogie !


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