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Chaissac-Dubuffet: lettres et destins croisés au Musée de la Poste

Publié le 29 mai 2013 par Alexia Guggémos @alexia_guggemos

ART - "J'aime qu'il y ait de la chair dans mes expositions", lance dans un sourire Josette Rasle, la commissaire de l'exposition "Chaissac-Dubuffet : entre plume et pinceau". Un regard tendre sur l'amitié épistolaire qui lia ces deux artistes hors du commun à travers 18 années de correspondance, mis en regard de leurs œuvres. À découvrir au Musée de La Poste, jusqu'au 28 septembre.

2013-05-27-chaissac_dubuffet.jpgChaissac-Dubuffet : ils se considéraient comme des "cousins". Gaston Chaissac (1910-1964) et Jean Dubuffet (1901-1985) se sont rencontrés en 1946 grâce à l'écrivain Jean Paulhan qui les mis en contact. L'un vit en Vendée, à Sainte Florence, où il a suivi sa femme institutrice. Se sentant coupé de tout, Chaissac écrit entre 4 et 5 heures par jour. L'autre, Dubuffet, citadin et ayant rêvé de devenir écrivain, est le créateur en 1948 du Foyer de l'Art brut, destiné à conserver "des productions présentant un caractère spontané et fortement inventif" ayant pour auteurs des personnes "étrangères aux milieux artistiques professionnels".

2013-05-27-dubuffet.jpgS'en suivent 18 ans d'une correspondance clé, au cours desquels Chaissac, le fils de cordonnier, et Dubuffet, fils de négociant en vins, se sont échangés pas moins de 448 lettres. Seule la mort vint interrompre ce dialogue passionné, parfois mouvementé, mais toujours fécond. "J'ai vu à Venise, particulièrement bien placé, au restaurant très fréquenté de la Colombe, un tableau de toi fort savoureux, et j'ai eu là la preuve de ton triomphe", écrit Dubuffet à Chaissac en 1964. Présentée dans l'exposition, ce sera sa dernière lettre à l'Ami qui, malade, s'éteint à 54 ans.

2013-05-27-chaissac.jpg"Qui de Chaissac ou de Dubuffet a influencé l'autre?" Ni l'un ni l'autre. Et c'est là toute la force de cette exposition : ne pas les avoir présenté, comme trop souvent, ces artistes comme des rivaux. Bien au contraire. La lecture de leurs lettres, mises en regard de leurs œuvres (80 pour chacun), montre que tous deux s'invitent à explorer la matière. Papier mâché, boue, pierre, bois flotté... constituent pour eux de nouveaux matériaux, véritables sources d'inspiration. Détritus pour l'un, mortier pour l'autre, poussière pour les deux.

2013-05-27-chaissacdubuffet_Rasle.jpg"La posture contemporaine de Chaissac est une évidence", confie Josette Rasle en montrant une petite vitrine dans laquelle figurent des objets hétéroclites, cocasses. Pendant trois étés, Gaston Chaissac a investi une salle de classe. Il y met en scène collages, objets, gouaches, dessins à l'encre, et convoque la presse. C'est notamment cette capacité à rester indépendant, à aller " jusqu'à l'extrémité des choses", qui a fait l'admiration de Dubuffet. 1964, les oeuvres se font écho. Quand Chaissac abandonne le trait de contour noir, pour laisser libre cours à ses personnages burlesques, Dubuffet s'en empare. Les aplats réjouissants de Chaissac font face aux premières figures au crayon bille de L'Hourloupe. Fin d'une histoire et le début d'une nouvelle aventure pour Dubuffet.

> "Chaissac-Dufuffet : entre plume et pinceau" à L'Adresse - Musée de La Poste, 34 Boulevard de Vaugirard 75015 Paris. Du 27 mai au 28 septembre > "Chaissac-Dufuffet : correspondance" à paraître aux Editions Gallimard en juillet 2013
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