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Trois fois sept haïkus

Publié le 31 mai 2013 par Onarretetout

Forme poétique venue du Japon, le haïku semble, malgré sa brièveté et son apparente simplicité, inépuisable. Trois exemples aujourd’hui, trois fois sept haïkus.

Hubert Haddad a publié, en même temps que Le peintre d’éventail, Les Haïkus du peintre d’éventail. En voici quelques uns :

les_haikus_du_peintre_d_eventail
Pourpre du couchant –
un sang rêvé accompagne
le chasseur bredouille

 La bête à bon Dieu
ornant l’oreille de l’âne
un instant de gloire

 Son sac lourd et vide
en pavois il le promène
du rien au néant

 Deux papillons blancs
applaudissent la lumière
vive chair du jour

Secret de famille
des soupirs en héritage
et nul traître mot

Rien n’est sans raison
à part cette pomme verte
que je ne sais peindre

La rose des vents
ni rose ni même fleur
au vent n’est plus rien

Alain Bensoussan, avec L’orpailleur, publie un recueil de poèmes érotiques où le trait vif donne à la chair une saveur qu’il faut faire durer en bouche.

lorpailleur
Vide est notre chambre
dépeuplée de ta présence
Cafard sur le mur

N’advienne le temps
qui nous coupera en deux
Où nuit sera jour

Un brin après l’autre
tisserand et tapissière
S’étreignent en tresse

J’ai tour de magie
pour me glisser jusqu’à toi
Lapin en chapeau

Le printemps est là
dans l’Eden les crocus lèvent
La tête et nous narguent

Dressant crête ergot
queue en panache le coq
Proclame le jour

Mes doigts sur ton corps
dessinent toutes les femmes
Toute flamme tue

Invité à présenter cette forme poétique à l’ouverture d’une exposition de peinture et d'aquarelles (j'ai, à cette occasion, qualifié ces artistes d'« haïkuarellistes »), j’ai moi-même écrit un haïku par jour pendant la semaine qui a précédé.

haikuarellistes
Le chapiteau vibre
Acrobates et danseurs
Le sable applaudit

La vitre du train
emporte l’arbre immobile
Demeure le nid

Au creux de la main
ou sur le bout de la langue
Poème secret

Froide était la pluie
et l’hiver semblait sans fin
Les bourgeons hésitent

Des mots et des rires
au fond de la librairie
Ecrits d’atelier

Oubliée sans doute
par un chien ou par son maître
Ma chance au pied gauche

Toute une pluie d’or
dégringole des nuages
Guette l’arc-en-ciel


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