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Only God Forgives (Nicolas Winding Refn, 2013)

Par Doorama
Only God Forgives (Nicolas Winding Refn, 2013) A Bangkok, le frère de Julian est assassiné par la police locale. L'arrivée de sa mère pour récupérer le corps, va le pousser à chercher vengeance.
Oui, c'est avec un scénar digne des plus mauvais films de Van Damme que l'auteur de Drive nous revient sur les écrans... Nicolas Winding Refn retrouve Ryan Gosling et nous offre un film comme il en a le secret : excessivement violent, d'une beauté visuelle hyper travaillée et explorant les codes d'un genre comme il l'avait fait avec Valhalla Rising (Le Guerrier Silencieux), comprenez donc comme aucun autre ! Beaucoup détesterons le nouveau Refn... nous non : bien au contraire même !
Avec son scénar de série B bas de gamme (la vengeance d'un frère par l'autre), la qualité et la réussite de Only God Forgives ne nous est pas tout de suite apparue. Il y a bien sûr son esthétique magnifiquement travaillée, avec ses jeux d'ombres et ses couleurs vives (électriques, souvent rouge sang...), ses plans géométriques soigneusement composés (trop ? à la limite du prétentieux diront certains ?) et ce silence si cher à Winding Refn qui vient la mettre encore davantage en valeur... Only God Forgive est lent et silencieux, et pourtant sa violence et ses couleurs déchirent nos yeux en permanence, presque frénétiquement. Après une courte réflexion, c'est finalement d'abord techniquement (pour commencer) que Only God Forgive a décanté dans notre esprit : son, montage, rythme, lumière et couleur se mélangent dans une forme des plus séduisantes, à la limite de l'expérimental parfois, nous rappelant la maîtrise de Drive ou de Valhalla Rising... Oui c'est "too much" et "poseur", mais au vu de ce qu'il y a derrière, nous, on adhère !
Et ce qu'il y a derrière, c'est bel et bien un réalisateur absolument passionnant ! Certes, dans l'absolu Only God Forvives n'est certainement pas le meilleur film de son auteur, mais là n'est même plus l'essentiel. Winding Refn récidive ! Il nous fait une fois de plus la démonstration de sa formidable capacité à revisiter un genre... Après le film de viking traité comme un 2001, le voici en train de nous passionner avec du sous-genre, tendance vengeance tu-tue-mon-frère-je-te-tue. Qu'importe que Gosling n'y pipe mot (juste trois répliques insignifiantes), puisque son personnage est effacé (écrasé ?) par celui de sa mère (Scott Thomas énorme !) et celui de flic (Vithaya Pansringarm, aussi lent et mutique qu'inquiétant)... Qu'importe que Only God Forvive traite à peine son thème de la vengeance, puisque ce n'est plus son sujet... A la limite de l'impressionnisme, par touches sensorielles, Only God Forgives étale son purgatoire dans une ambiance qui se situe quelque part entre David Lynch (une salle de concert au sol géométrique avec son flic en chanteur improbable...), le film noir, le ciné de genre et le cinéma expérimental, symboliques multiples à l'appui.
La réalité et le temps sont distendus dans Only God Forgives... Bangkok, en plein paradis terrestre qu'est la Thaïlande, tourne à l'enfer, il corrompt et pourrit tout ce qu'il touche, quand ce n'est pas déjà fait (Julian trafique, qui sait ce que fait sa mère...). Only God Forgives tourne au cloaque malsain, où comme dans un sauna, bouger lentement vous préserve... Que ce soit son flic dominateur en chemisette qui sort un sabre d'on ne sait où ( (et on s'en fout !) dans son dos, ou l'ombre d'un rapport familial exécrable, ployant sous les soupçons d'incestes, Only God Forgives rend tout ce qu'il montre transpirant, suintant, dangereux et comme déjà détruit par anticipation... Oui on pourra taxer Only God Forgives de poseur et too much, mais quelle fantastique manière de faire du cinéma (ses silences, son écriture, etc...) et de livrer une vision unique du 1000 fois vu... Nicolad Winding Refn, une fois de plus, offre une expérience sensorielle et intellectuelle absolument passionnante, une déconstruction d'un genre connu pour en faire un oeuvre abstraite, nouvelle et envoûtante. A n'en pas douter nous comprenons le scepticisme qui a accueilli sa sortie, mais nous nous plaçons sans la moindre hésitation parmi les défenseurs d'un tel cinéma : beau, courageux, novateur, provocateur, stimulant et terriblement ambitieux ! Winding Refm enchaîne les perles ! Only God Forgives... nous pas !
Only God Forgives (Nicolas Winding Refn, 2013)

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