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Journal de Vienne - Episode 2

Publié le 12 janvier 2008 par Filipe93
Journal de Vienne
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20/12/07, 6h40, dans l’avion. Impossible de me faire à l’hystérie caractéristique du français en voyage. La moindre contrainte, la moindre consigne de sécurité déclenche une logorrhée indignée.
Qu’on leur demande de changer de siège pour faciliter la mise en place des consignes de sécurité, et c’est les Droits de l’Homme, de sa femme (qui l’encourage en lui fourrant son coude dans les côtes : "Te laisse pas faire, Simon !") et de toute sa famille qui sont bafoués, Voltaire qu’on assassine et probablement une tentative de manipulation raciste spécifiquement destinée à leur nuire ("Tu vois, Simon, si tu parles pas anglais ou allemand, tu te fais bien avoir, hein, on est envahis, tu vois !").

En résumé, c’est une demi-heure de négociations entre une famille outrée de ne pouvoir garder en cabine « la magnifiiiiique robe achetée exprès pour les fêtes » et les pauvres hôtesses qui essayent de leur expliquer que la robe en question prend à elle seule deux sièges. (Note pour plus tard : à l’étranger, préférer l’anglais ou le portugais, histoire de passer inaperçu…)
Les décollages d’avions sont tous les mêmes, avec cette sensation de lourde apesanteur, puis les splendides paysages aériens. Le lever de soleil à l’horizon nous offre un fascinant dégradé de rouge-orange venant mourir dans le bleu d’une nuit qui commence à fuir. Je prendrais bien l’avion tous les jours pour pouvoir m’absorber dans ce rouge…
Le petit déjeuner de la cabine a tous les attributs qu’on lui accorde généralement : lilliputien et sans saveur.

10h15, au café.
Après un voyage en voiture expédié par un gentil grand-père dont il était impossible de nous faire comprendre, l’arrivée à l’Hôtel Derag Kaiser Joseph, avec son très serviable et très anglophone réceptionniste, fut un soulagement linguistique.
L’hôtel est classe. Très classe.
Non, l’hôtel est luxueux, très luxueux.
On pourrait mesurer le degré de luxe non aux étoiles en façades, mais à la quantité de miroir et de dorures que l’on trouve dans le hall. Ici, il faut plisser les paupières pour ne pas être aveuglé.
Les cafés viennois, même ceux des grandes chaînes, sont à la hauteur de leur réputation. Le café Ströck de l’Obkirchergasse est un vrai petit salon de thé où les serveuses, dont le métier est précisément d’être serviable en plusieurs langues, distribuent les "Apfelstrudel" avec célérité et précision.
Ces petits gâteaux à la pomme et à la crème, truffés de raisins secs et souvent parfumés à la cannelle, sont la spécialité viennoise que l’on nous propose par défaut (en réalité, j’avais demandé autre chose, mais mon allemand est si catastrophique que je suis content de n’avoir pas été plus mal interprété !).
13h, à l’hôtel. Notre chambre est une coquette chambre format "étudiant", qui contient tout le nécessaire de survie : lits (séparés. Les couples font lit à part, ici ?), four, bouilloire, télé-miniature, douche. Pour avoir une baignoire, il nous aurait fallu réserver une suite, nous apprend-t-on à l’accueil. J’aurai dû poser la question du wifi à l’accueil également, cela m’aurait évité de découvrir les prix prohibitifs pratiqués par l’hôtel : 4 euros de l’heure, annoncé sur une brochure où l'on nous présente le service comme "gratuit". (Gratuit si l’on paye ? Décidément, j’aurais mieux dû réviser mon allemand).
Les rues de notre arrondissement bourgeois sont rectilignes, parallèles puis perpendiculaires. Les autrichiens y circulent avec calme et courtoisie, puis s’engouffrent dans des immeubles magistraux aux balcons baroques ou de petites demeures aux profils bavarois. La gentillesse et la galanterie de nos hôtes manque de nous faire passer, par comparaison, pour des légionnaires éméchés en permission exceptionnelle.
Ils nous servent nos "kaffee mit schlag" avec un petit mot gentil et mille attentions, aussi vite qu’ils nous enlèvent les tasses dès que la dernière goutte est enfilée dans notre gosier.
Ils s’adressent à nous dans une langue magnifique et souple, presque susurrée, loin de l’allemand scolaire et guttural que l’on caricature souvent.
Le froid est tel que l’on ne remarque que peu le bas de leur visage, caché dans une veste épaisse ou une écharpe aux couleurs de la ville, mais leurs yeux semblent nous accueillir en riant.
(Prochain épisode : le calme viennois et une histoire de papillons...)
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