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Journal de Vienne - Episode 3

Publié le 12 janvier 2008 par Filipe93
Journal de Vienne
Episode 1
Episode 2
Episode 3
Episode 4
Episode 5
Episode 6
20/12/07, 19h40 à l’hôtel. Tant que nous n’aurons pas réussi à dire « Rognons », « Foie de génisse », « Tripes à la façon viennoise » et « Cervelle d’agneau accompagnée d’une sauce aux champignons bio » (et tous les autres plats dont la seule évocation me fait tourner de l’œil) dans la langue de Goethe, j’aurais la crainte tenace d’aller au restaurant.
Pour l’instant, des petites saucisses typiques et du fromage fumé grignotés dans la chambre d’hôtel nous comblent de bonheur. Coté viennoiseries, la langue nous joue encore des tours : nous apprenons par cœur le nom de ces délices pour finalement nous faire servir… un Apfelstrudel ou une petite brioche. Délicieux, mais inattendus…
E. planifie nos excursions pour demain. Tant de choses voir en si peu de temps…
21/12/07, 13 heures, au café. La première immersion dans le centre historique de Vienne impose une sensation de majesté rustique, d’aristocratie quasi-campagnarde. Le moindre bâtiment écrase le passant par sa taille et la magnificence de ses décorations, et la moindre petite rue peut déboucher sur un marché de Noël, truffé de marchandes de saucisses, de patates chaudes et de marrons, de babioles de Noël et de vaisselle en cristal.
Les calèches noires doublent les minuscules voitures électriques de la police, où s’entassent à grand peine deux énormes agents aux moustaches tyroliennes.
Les alentours de la Rathausplatz nous transforment en minuscule souris face aux immenses bâtiments de la Mairie à l’architecture quasi-religieuse. Lorsque l’on comprend comment grimper dans des tramways très visiblement trentenaires (il faut traverser la chaussée et y grimper presque à la sauvette), la visite des faubourgs est un délice. Pourtant, c’est à pied qu’il faut faire les rues du centre-ville pour saisir l’ambiance calme, reposée et magistrale.
Alors que la traversée de la moindre artère de Paris génère un niveau de stress mortifère (en ce qui me concerne, en tous cas), les trottoirs de la capitale autrichienne sont presque reposants pour les yeux et les oreilles. Les quelques gamins qui courent en hurlant dans les ruelles des marchés ne suffisent pas à gâcher l’ambiance de Noël.
En revanche, je ne sais quelle malédiction décharge les batteries de mon appareil photo dès le deuxième cliché. Le froid subpolaire, qui menace à chaque seconde de tétaniser mes doigts pourtant gantés, y est certainement pour quelque chose. N’étais-ce cet air gelé, nous aurions bien flâné des heures à la découverte des ornements « art nouveau » qui surgissent au détour d’une fontaine, d’une boutique, d’une plaque de signalisation ou même d’un Starbucks.
22 heures, à l’hôtel. Le palais Albertina est ce qui se rapproche le plus d’un formidable rêve pour les amateurs d’art. Des Dürer, des Schiele, des Klee, des Picasso, des Matisse, des Gauguin, des Pollock, des Bacon, d’incroyables Munch, des Michel-Ange… Beaucoup trop pour se les rappeler tous. Assez pour en ressortir légèrement étourdi.
A côté, une belle serre « art nouveau » dédiée aux papillons nous propose un jeu de patience particulièrement somptueux : on ne remarque les petits habitants des lieux colorés qu’après un quart d’heure de flâneries au milieu d’une jungle semi-artificielle et semi-tropicale. Le regard se fait, l’attention se raffine, et une paire d’ailes se détachent d’une écorce, d’un rocher, d’une poutrelle.
A deux pas, le centre bourgeois de la ville nous baigne de sons. Chaque espace libre est rempli de touristes (qui, comme chacun le sait, expriment bruyamment leur émerveillement) et d’images qu’il faut aller chercher très haut : la cathédrale Stephansdom, par exemple, s’élève jusqu’à des hauteurs proprement inédites. Le regard est si peu habitué qu’il interprète ses étranges volumes aériens avec peine, comme l’on a du mal à appréhender ces images en trois dimensions avant quelques secondes.
Les illuminations des rues centrales sont magistrales. Rivières de loupiotes et boules rouges géantes de deux mètres de diamètre flottant au dessus des piétons. Le tout, dans cette éternelle rengaine valsée de Strauss que l’on entend à chaque coin de rue : même les yeux fermés, on reconnaît Vienne à cet hymne éternel. Le seul moyen de s’extraire de cette valse est de se réfugier dans un Starbucks.
(Note aux grincheux : je ne suis pas sponsorisé par cette chaine de cafés, mais les "vrais" cafés viennois sont tous bourrés jusqu’aux cuisines.
Note aux responsables de la communication de Starbucks : je ne suis pas sponsorisé par vous, mais je n’ai rien contre !
Note pour moi-même : hypocrite, tu adores les cafés Starbucks !)
Dans celui où nous nous sommes réchauffés, nous voyons des touristes se faire prendre en photo devant un simple mur rose, sans ornement, juste une plaque qui annonce la « 1, GriechenStrasse ». Tous ont l’air ravi de découvrir la plaque. Aucun indice dans notre dictionnaire.
Encore un mystère viennois…
(Prochaine épisode : Österreich, terre de contraste !)
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