Magazine High tech

Critique : Star Trek Into Darkness – Si vous aimez Star Trek, n’allez pas le voir

Publié le 03 juin 2013 par Brokenbird @JournalDuGeek

En 2009, J.J Abrams avait rebooté la franchise Star Trek avec un premier film. Pas question de s’inscrire dans la continuité de l’univers, tout a été rebooté grâce à une pirouette scénaristique. Ce mois-ci, cette nouvelle version de Star Trek revient avec Into Darkness, deuxième opus du même réalisateur. Un film d’action bourré d’effets spéciaux et de surprises, mais qui pourrait se comparer à un crime de lèse-majesté pour bien des fans…

Mes yeux !

Mes yeux !

Critique garantie sans spoilers

Alors que l’Enterprise rentre sur Terre après une mission d’exploration, la Terre vit dans la peur. Un mystérieux terroriste nommé John Harrison réalise des attentats sur des bâtiments de Starfleet avant de prendre le maquis. Bien sûr, c’est Kirk et son équipage qui sont envoyés à sa poursuite, une poursuite riche en découvertes et en aventures.

Voilà le pitch de base de cet Into Darkness. Nous en dirons pas plus pour ne pas vous gâcher la surprise. N’y allons pas par quatre chemins : le film est globalement réussi, très aventureux et bourré d’action. De même, le scénario, s’inspirant de ce qui a déjà été fait dans les films des années 1980, est assez plaisant à suivre et riche en rebondissements. Enfin, notons une partie visuelle proche du sans-faute, avec des effets spéciaux et scènes sublimées par la 3D, mais peut-être gâchés par un abus de lens flare.

Cumberbatch porte le film

Cumberbatch porte le film

Sacrilèges en série

Commençons par les choses qui fâchent : ce Star Trek Into Darkness est tout sauf un film Star Trek. Oubliez les combats tactiques lents et réfléchis. Oubliez aussi les réflexions philosophiques profondes propres à la série originale. Oubliez également les multiples références à notre époque et à notre société. Ici, rien de tout ça, c’est un film d’action SF pur et dur, avec ses moments WTF et superhéroïques. Bien sûr, Alex Kurtzman, Damon Lindelof et Roberto Orci, les scénaristes, ont pris soin de placer moult références à la série originale dans leur script, allant même jusqu’à copier/coller certaines scènes. Mais on sent que J.J Abrams a justement trop abusé de ces références, finissant plus à ressembler plus à des gros clins d’œil appuyés à la limite du fan service, parfois lourdingues.

Call of Star Trek

Call of Star Trek

De même certains éléments, événements et personnages issus de la série originale ont été tellement essorés et modifiés par Abrams qu’ils n’ont plus aucuns points communs avec le matériau d’origine, à part le nom ou la ressemblance visuelle. Certaines modifications s’apparentent même à des sacrilèges (quelle bande de nazes les Klingons dans Into Darkness…) qui feront hurler les fans.

Alors oui, les caméos, références et inspirations sont ratés, rendant même le film incohérent parfois. Mais tous les non-trekkies n’y verront que du feu.

L’espace, frontière de l’infini

Ceux découvrant Star Trek pour la première fois (ou deuxième) seront aux anges. S’il y a bien une chose que l’on peut accorder à ce bon vieux J.J, c’est qu’il en met plein la vue. Courses poursuites en vaisseaux, combats dans l’espace, baston, phaser-fight… Bref, tout ce qu’il faut pour plaire aux amateurs de blockbusters. On notera d’ailleurs qu’Abrams s’inspire ici plus de Star Wars que de Star Trek pour ses scènes d’action. Impression vraiment flagrante lors d’une course poursuite très réussie entre deux vaisseaux dans une ville abandonnée.

Scotty (Simon Pegg) a un rôle plus important dans cet épisode

Scotty (Simon Pegg) a un rôle plus important dans cet épisode

Le scénario est lui bien ficelé sans réellement être exceptionnel. Il est tout de même dommage que cette histoire de terrorisme intérieur, symptomatique de notre époque, soit encore une fois utilisée comme base de l’histoire. On aurait aimé quelque chose de plus original et de plus orienté vers les étoiles et les autres civilisations de l’univers de Star Trek. On regrettera aussi un petit coup de mou au trois quarts du film ainsi un début poussif. Petit bémol pour la fin également, un peu facile et qui montre que les scénaristes n’ont pas pris le risque d’aller jusqu’au bout de leurs idées.

Un équipage de choc

Côté casting, la grosse surprise vient de Benedict Cumberbatch, juste parfait dans le rôle du méchant. Si les « newbies » de l’univers Star Trek seront comblés, les fans seront quelque peu perturbé par le personnage. Cumberbatch dispose de cette ironie teintée de cruauté qui fait de son personnage un modèle de justesse, manipulant aussi bien l’équipage de l’Enterprise que le spectateur. Il porte indéniablement le film sur ses épaules et donne à Into Darkness ce qui manquait cruellement au premier film : un méchant d’envergure.

Certaines scènes sont jouissives

Certaines scènes sont jouissives

Pour le reste, ceux qui ont vu Star Trek 2009 ne seront pas dépaysés. Chris Pine est toujours à des années-lumière des prestations de Shatner dans le rôle de Kirk, Zachary Quinto continue à singer admirablement Leonard Nimoy en Spock et les autres membres de l’équipage (mis à part le très bon Simon Pegg en Scotty) sont toujours aussi transparents. Notons également l’apparition de Carol Marcus, interprétée par Alice Eve, nouvelle caution féminine de l’Enterprise qui ne sert pas à grand-chose au final.

Verdict :

Star Trek Into Darkness est réussi, c’est un fait. J J Abrams à « Starwarsisé » l’univers créé par Roddenberry et le résultat est agréable et efficace. Mais pour plaire au grand public, le sacrifice est grand, puisque même si le film se nomme Star trek, utilise les personnages, l’univers et les histoires de Star Trek, ce n’est PAS un film Star Trek ! L’âme de la série s’est éteinte définitivement dans cet Into Darkness, donnant à la franchise une nouvelle vision. Un sacrilège pour les fans, une aubaine pour les profanes. En tout cas, le film laisse présager le meilleur pour le prochain Star Wars.

Aller dans un volcan ? C'est pas très logique, Spock...

Aller dans un volcan ? C’est pas très logique, Spock…


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Brokenbird 953528 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazine