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Retour gagnant pour le tordant "Dindon" de Philippe Adrien...

Publié le 06 juin 2013 par Fousdetheatre.com @FousdeTheatre

Comment, pourquoi nous passâmes à côté de cette petite merveille créée à la Tempête en 2011, nul ne saura réellement l'expliquer. Mais enfin mieux vaut tard... Remercions donc le Théâtre de la Porte Saint-Martin d'avoir eu la judicieuse idée de programmer, pour conclure sa saison, le fameux vaudeville de Georges Feydeau dans la mise en scène inspirée de Philippe Adrien qui a su réinventer, sublimer, intensifier, prolonger, décaler la folie de l'auteur, s'entourant d'une bande de joyeux drilles pour le moins allumés aux propositions hilarantes. Exquis divertissement, en dépit d'une ou deux longueurs bien vite oubliées.

Cartoonesque à souhait, l'ouverture  annonce d'emblée la couleur. Avant même les mots de Feydeau, sur le plateau à l'ingénieuse scénographie doublement tournante, nous assistons à l'irrésistible poursuite, depuis la rue jusque chez elle, de la jolie Lucienne par le coureur de jupons invétéré Pontagnac. Ca démarre fort...

L'intrigue que vous connaissez probablement se met ensuite en place. Pontagnac découvre que sa proie se trouve être la femme de son ami Vatelin. Qu'elle est courtisée par un certain Rédillon. Qu'elle ne trompera son mari que s'il faute lui-même... Ce qui ne manquera pas d'arriver (avec une anglaise au tempérament explosif) à l'hôtel "Ultimus", terrain d'une improbable partie de pêche à l'époux volage, où les protagonistes croiseront une cocotte, un groom à déniaiser d'urgence, un général retraité aux mains baladeuses et sa sourde d'épouse... avant que Mesdames Pontagnac et Vatelin ne viennent trouver Rédillon chez lui pour se venger des écarts de leurs conjoints respectifs...

Philippe Adrien ne se contente pas de donner vie à une partition indéniablement efficace. Tout au long du spectacle, il parvient à faire basculer chaque situation d'un réalisme survolté dans une hystérie presque onirique,  ou plutôt cauchemardesque, au sein de laquelle les personnages sortent d'eux même, se dédoublent pour laisser s'exprimer leur subsconscient, et bien souvent l'animal qui est en eux ! Le délire est alors à son paroxysme absolu.

Ils sont presque tous formidables. Exceptionnel le Rédillon campé par Guillaume Marquet (d'ailleurs Molièrisé il y a deux ans), sautillant, "Baygonnant" (comme "les petites bêtes qui font cricricri...") en guise de parade amoureuse, feulant pour repousser ses rivaux. Le Pontagnac d'Eddie Chignara n'est pas en reste, imposant prédateur sexuel surhormoné, s'humant les aisselles et entonnant le  Haka avant de passer à l'acte. En femme qui dit non mais dont le corps dit oui, Alix Poisson est une pétillante et réjouissante Lucienne. Impayable encore, l'épouse Pontagnac vaporeuse, "chewing-gumesque" à souhait, incarnée par Valérie Blanchon. Le Vatelin bonhomme de Pierre-Alain Chapuis, trompant sa femme malgré lui, est joliment trouvé. Quant à l'anglais de Marseille déguisé en lapin grignotant sa carotte de Joe Sheridan, nous nous en souviendrons longtemps ! Avec aussi Vladimir Ant, Caroline Arrouas, Hubert Benhamdine, Agnès Château, Pierre Diot, Dominic Gould, Bernadette le Saché, Pierre Lefebvre, Luce Mouchel, Florence Muller, Patrick Paroux, Juliette Poissonnier, François Raffenaud, et Mila Savic.

Allez-y !

Jusqu'au 30 juin.

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