Interview is tropical | « ne se poser aucune restriction »

Jeudi 30 avril 16h00, on arrive en courant au Charbon, le bar-café voisin du Nouveau Casino, on a rendez-vous avec IS TROPICAL pour une rapide interview avant qu’ils n’aillent faire leur balance pour leur live du soir.
Gary Barber arrive, seul, les deux autres membres se remettent de leur soirée de la veille avec l’équipe de MEGAFORCE.

On s’installe dans le café, on commande un café et un jus d’orange et on peut commencer l’interview. Petite particularité, c’est lui qui pose la première question.

« On a essayé de faire des bonnes chansons, sans forcément qu’elles aient besoin d’une grosse ligne de basse ou des gros beats pour plaire »

IS TROPICAL.   Hey, t’as notre t-shirt, cool c’est moi qui ait peint le logo, tu l’as lavé combien de fois ?

ATD.  J’sais plus, 4 ou 5 fois.

IS TROPICAL.   Et le logo est toujours en bon état ?

ATD .  Ouais, carrément !  Alors, vous êtes revenus de Mongolie il n’y a pas longtemps, c’était comment ?

IS TROPICAL. C’était génial, complètement fou ! Vraiment différent, tu sais, là-bas les gens n’ont pas l’habitude de voir des groupes  anglophones parce que vraiment peu y passent alors on avaient un super accueil. Les gens étaient vraiment sympas, ils connaissaient toutes les paroles de nos chansons par cœur. Du coup les lives étaient vraiment cools.

Gary s’arrête, et commence à regarder sous la table et me pointe du doigt le dessous de la banquette.

« Putain, regarde, y a un rat, ha nan c’est une souris. Trop bien. (Rires) Mais ouais c’était super la Mongolie. »

ATD.  Ah ouais ! Votre nouvel album est super différent de Native To mais j’me demandais si ce que Simon chante dans « Lover’s Cave » : « Let’s make sound » ça pourrait être  votre devise, avant et encore maintenant ?

IT. Comment ça ? Ha ! (rires). Non en fait « Lover’s Cave » c’est une chanson sur deux amoureux qui font l’amour dans une cave et « let’s make sound » ça veut dire « Let’s make sex ».

ATD.  Ok, à propos de sexe et d’amour, vous avez déjà écrit une chanson d’amour ? Parce que de Lies à Dancing Anymore…

IT. Ouais c’est même l’inverse, c’est des anti-chansons d’amour. Dans Dancing Anymore , on dit justement que tu peux faire l’amour sans être amoureux. Tu sais, je pense qu’il ne faut pas écrire trop de chansons niaises qui parlent d’amour genre pure et tout. Parce qu’on aime pas ça.  Après on a peu dire que   Take My Chances  est une chanson d’amour, même si pour moi c’est plus que ça. Ça parle plus d’un espoir de pardon d’un mec qui était complètement paumé avant.

ATD. En fait vous avez pas changé d’état d’esprit mais vous avez super changé musicalement. Dans « I’m Leaving », vous abandonnez un peu tous ces sons massifs, la batterie électronique pour des guitares acoustiques, des solos. C’est pas un peu flippant ?

IT. Ouais, ça fait carrément peur. Après je pense qu’une bonne chanson est une bonne chanson, que ce soit un groupe qui la joue ou juste un type tout seul. C’est sur ça qu’on a essayé de se concentrer cette fois. On a essayé de faire des bonnes chansons, sans forcément qu’elle aient besoin d’une grosse ligne de basse ou des gros beats pour plaire. Qu’elle sonne bien juste à la guitare. Toutes les meilleurs chansons ont été écrites et sont jouées avec cette mentalité.

ATD.  Du coup, comment vous mixez les deux albums en live s’ils sonnent vraiment différemment ?

IT. C’est un faux problème ça. En fait, je pense qu’en lives on ne joue pas de la même façon qu’en studio, de manière plus brute peut-être. Les chansons des deux albums se ressemblent beaucoup en concert, vu qu’on les joue toutes de façon plus « brutale », moins polies et c’est facile de passer de l’une à l’autre. La différence en studio vient de la production surtout.

« On essaye toujours de ne se poser aucune restriction »

ATD.  Vous avez produit cet album avec Luke Smith qui gère aussi la prod pour Depeche Mode et Foals, comment ça s’est passé ? C’est vous qui vouliez travailler avec lui ou l’inverse ?

IT. Les deux, on l’avait rencontré pour le premier album mais il était déjà pris, il produisait Total Live Forever de Foals. On voulait bosser ensemble depuis plusieurs années et à un moment, on a eu une opportunité. Il était libre alors on lui a sauté dessus, on est allé à son studio et on a joué quelques demos. Il a beaucoup aimé et il a voulu nous produire du coup il nous a aidé, fait des faveurs, des trucs sympas, il a été vraiment cool et c’est super de travailler avec lui.

ATD. J’arrive à la question qu’on doit vous posez tout le temps. La vidéo de « Dancing Anymore », vous l’avez faite avec MEGAFORCE, les réalisateurs de « The Greeks », comment vous travailler ensemble?

IT. Ouais, tout le monde nous en parle. C’est assez simple, on les laisse faire vraiment tout ce qu’ils veulent. Ils ont une imagination folle et font des trucs géniaux. On est sorti avec eux hier soir d’ailleurs, boire quelques verres. On était vraiment déchiré.

ATD.  Sur I’m Leaving, c’est la première fois que vous faites des duos avec des voix féminines.

IT. Yea, c’était pas vraiment prévu. On était encore en train de bosser sur les démos et ma copine a chanté et ça sonnait vraiment bien. Comme on essaye toujours de ne se poser aucune restriction, si ça sonne mieux avec, on le garde. C’est un peu ce qu’il s’est passé avec Annie des Crystal Fighters, elle est venue au studio pour faire une seule chanson, Yellow Teeth. Au final elle a chanté sur deux autres tracks, juste des chœurs qu’on a rajoutés parce qu’on trouvait que ça améliorait les chansons. En live elle ne peut chanter avec nous mais ma copine fait le duo avec moi. Elle vient ce soir, elle prend l’Eurostar et je crois qu’elle arrive juste à l’heure où on monte sur scène, elle va devoir sauter dans un taxi et courir pour chanter. (Rire)

ATD.  J’me demandais, à propos Yellow Teeth justement, c’est quoi la signification de la chanson ?

IT : C’est à propos de deux amoureux qui se transforment en loups garous. Tu peux entendre que Simon mentionne la pleine lune qui se lève et il parle aussi de balles en argents qui sont le seul moyen de les tuer. C’est Simon qui l’a écrite, je sais pas ce qui lui ait passé par la tête à ce moment (rire). Mais je pense que c’est intéressant d’écrire à propos de trucs différents, comme cette histoire fictive de deux personnes se changeant en loups garous.

ATD.  C’est aussi pour ça que vous avez sorti l’EP « Flags » avant, parce qu’il était très différent ?

IT.  Ouais, on avait tellement d’idées tu sais. Même dans le studio, on a enregistré les 10 chansons mais aussi la b-side qui est sur la version japonaise je crois . On avait vraiment beaucoup de chansons, à peu près 30 et on en a choisi 10 pour l’album du coup il y en a beaucoup qu’on a du enlever. Même avant d’avoir ces chansons, on avait toutes celles qui étaient plus électroniques. On a essayé de chanter dessus, de rajouter des trucs mais ça ne marchait pas. On a alors collaboré avec des amis, des producteurs qu’on connaissait. C’est vraiment quelque chose qu’on a fait avec des amis en tant que tel, ensemble. Juste un truc fun qui nous a permit de faire sortir et de donner vie à toutes ses idées qu’on avaient en tête.

ATD.  Vous avez des chansons très différentes c’est laquelle ta  préférée, si t’en as une ?

IT.  Wooh, j’sais pas vraiment, peut-être Take My Chances . C’est une des premières que j’ai écrite et elle avait un sens vraiment profond quand je la jouais. Après je sais pas si elle sonne vraiment pareil sur le disque. Mais je trouve juste qu’elle est sympa, j’aime bien les paroles que je trouve fortes. J’aime beaucoup Yellow Teeth aussi. En ce moment je préfère celles qui sont plus douces et lentes. Et toi c’est laquelle ta préférée ? (Rire)

ATD.  C’est vraiment dur de choisir, je vous ai découvert en écoutant « Tan Man » et « Seasick Mutiny » et je pense qu’elles restent mes favorites.

IT. Ha ouais, Seasick est une autre de mes préférées. Ça dépend de ton humeur je pense. Si t’as envie de sortir et de danser, elles sont parfaites pour ça. Par contre, si t’es chez toi avec la gueule de bois dans le mal, t’apprécies peut-être plus celles qui sont plus douces.

ATD.  Ou au contraire, elles te permettent de te remettre bien, tu les écoutes, tu te lèves et tu danses. Ça marche avec moi en tout cas. 

IT. C’est pour ça qu’on les écrit, c’est un peu un remède et c’est génial si ça marche.

ATD. IS TROPICAL c’est trois amis au fond. Tu peux me décrire Dom et Simon en un seul mot ?

IT. Je dirais, pour Dom, énergique, juste ça ouais, il déborde toujours d’énergie. Et pour Simon, je dirais un catcheur, ouais ça lui va bien.

ATD.  Ok, et un mot pour le dernier album des Daft Punk ?

IT.  Génial ! C’est putain de bon ! Il a eu des critiques très diverses je crois. Des gens aiment et d’autres non. Pour moi la meilleure chanson c’est celle avec Julian Casablancas, Instant Crush, elle est vraiment incroyable, la mélodie est juste magique. Mais comme c’est les Daft Punk les gens s’attendaient à ce qu’ils découvrent et révèlent un nouveau visage de la musique et au fond je pense qu’ils l’ont fait. C’est vraiment un disque disco-funky génial.

ATD.  J’reviens à vous. Il y a deux chanteurs dans IS TROPICAL, comment ça se passe pour savoir qui va chanter telle chanson ?

IT. La plupart du temps, c’est celui qui a écrit la mélodie, il écrit les paroles et il chante aussi. Mais c’est pas du tout fixé, c’est l’autre qui chante parfois. En général, si c’est une chanson genre plus lourde c’est souvent Simon qui chante et si c’est plus soft c’est moi qui m’y essaye, j’ai une voie plus douce. J’te dis ça mais il n’y a vraiment aucune règle, Dom chante aussi en plus, sur Lillith.

« Nos vies c’est un continuel départ [...] Toutes ses chansons parlent de fuir pour une meilleure vie »

ATD. Ah ouais, c’est vrai qu’elle est différente. Quand on compare les deux albums, ils sont vraiment différents, rien qu’au niveau des titres. Pourtant, même sur « Native To », on retrouve cette envie de partir très loin sur des chansons comme « South Pacific » et le nouvel album est appelé « I’m Leaving ».  C’est quelque chose d’important et de récurrent pour vous cette aspiration au départ ?

IT.  Ça vient déjà du fait que quand tu es en tournée, tu n’as pas l’occasion de te poser, nulle part. Tu es là pour une nuit et tu pars le lendemain. Demain on va en Allemagne tu vois, et le jour encore après on sera en Suisse. Nos vies c’est un continuel départ. C’était pas vraiment conscient, on n’avait pas prévu de l’appeler comme ça mais ça s’est imposé comme le thème principal de la manière dont on écrivait nos chansons. Toujours en mouvement, juste d’un endroit à un autre.

ATD. Et avant, quand vous étiez à Londres, vous vouliez partir ?

IT. Ouais, on voulait s’échapper, un état d’esprit que tu peux retrouver dans plusieurs de nos chansons. Ya Berlin , The Greeks  et bien sûr South Pacific . Toutes ses chansons parlent de fuir pour une meilleure vie. L’EP  Flags aussi qu’on a appelé comme ça avec des noms de pays d’Amérique du Sud pour les pistes parce que on s’est vraiment éclatés là-bas.

ATD. Et « Toulouse » aussi ?

IT. Toulouse aussi, on l’a appelé comme ça parce qu’on l’a écrite à Toulouse. J’avais commencé à l’écrire sur mon ordi et j’ai appelé le fichier Toulouse, c’est resté.

ATD.  Maintenant que vous avez fait le tour du Monde, vous aimez retourner à Londres ?

IT. Ouais, c’est toujours sympa d’y revenir mais c’est cool de repartir. Juste voyager et aller vraiment partout, n’importe où, c’est ce qu’on veut faire.
Je vais devoir y aller, c’était cool, je dois allez faire les balances mais tu viens au concert ce soir de toute façon.

ATD. Sure.

On remercie Gary Barber d’IS TROPICAL pour avoir répondu à toutes nos questions de façon très sympa et Mathieu de Pias qui nous a organisé l’interview et nous a permit d’assister au concert le soir même (le live report arrive bientôt).