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Cérémonie aux Invalides. Question de protocole. Mais Il faut au cœur une espérance !

Publié le 09 juin 2013 par Halleyjc

Cérémonie aux Invalides. Question de protocole.  Mais Il faut au cœur une espérance !« ... Le devoir de mémoire incombe à chacun...rendre inoubliable. Ceux qui sont morts pour que nous vivions ont des droits inaliénables. Laisser la mémoire se transformer en histoire est insuffisant. Le devoir de mémoire permet de devenir un témoin... »

Cérémonie aux Invalides. Question de protocole.

Cérémonie aux Invalides. Question de protocole.  Mais Il faut au cœur une espérance !

Une anecdote croustillante a été récemment racontée par un aumônier militaire :
- En juillet 2012, plusieurs soldats français furent tués en Afghanistan.
Un hommage national leur fut rendu aux Invalides en présence des plus hautes autorités de l’État.
Cet hommage incluait une messe célébrée par Mgr Ravel, évêque aux armées en la cathédrale St-Louis des Invalides à laquelle assistèrent les mêmes personnalités dont le tout nouveau président de la République en sa qualité de chef des armées.
- A cet effet, L'évêché aux armées - c'est probablement prévu - communiqua au 55 de la rue du faubourg St-Honoré, l'ordre protocolaire des places pour cette cérémonie. L’Élysée fit observer à Mgr Ravel qu'il manquait un siège juste derrière le président de la République....
- Mgr Ravel répondit n'avoir oublié personne. Et, si ma mémoire est exacte, le protocole républicain est fixé par décret.
- Le "Château" objecta qu'il s'agissait de Mme Valérie Trierweiler. Le prélat demanda à quel titre l'intéressée devait prendre place derrière le Président en se fondant sur ledit décret. Réponse de l’Élysée :
"Mais Mme Trierweiler est l'épouse (sic) de M. Hollande."
Ce que réfuta, bien sûr, l'évêque qui refusa la demande, considérant aussi que dame Trierweiler n'exerçait ni fonction officielle ni mandat issu du suffrage universel.
- Peu après, c'est le nonce apostolique qui téléphona à Mgr Ravel : il lui fit part de son embarras et lui conseilla d'éviter tout incident diplomatique.
- Mgr Ravel appela, ensuite, le cardinal Vingt-Trois qui approuva sa décision et lui dit de ne pas la modifier.
- Aussi, la première greluche de France assista-t-elle à cette messe en prenant place au deuxième rang !
- Bravo à Mgr Ravel et à l'archevêque de Paris !
- Au temps de la monarchie en France, les favorites des rois prenaient bien place dans les bas-côtés de la chapelle ou de l'église !

Cérémonie aux Invalides. Question de protocole.  Mais Il faut au cœur une espérance !
Mais, puisque nous sommes aux Invalides et au delà de cette anecdote profitons de cette  

Homélie de Monseigneur Luc Ravel, évêque aux armées

1. Le flot de nos sentiments :

C’est du cœur que partent nos paroles. Laissons notre cœur marquer d’abord nos paroles avec les sentiments qui l’habitent.

Parmi ces sentiments, il y a bien sûr une peine immense : comment ne pas être profondément et personnellement atteint par la disparition de 7 jeunes hommes, fleurons de notre nation, fils de nos familles, camarades de nos unités ?

Mais dans cette peine se glissent d’autres sentiments. Car la tristesse n’arrive pas seule quand nous sommes en face de ces cercueils recouverts de notre drapeau. La douleur n’étouffe pas la palpitation de la fierté : une sobre mais grande fierté nous habite parce que ces hommes là ne sont pas décédés par accident ou de maladie. Ils sont mortspour la France.  Notre admiration pour leur courage se transforme en fierté d’appartenir à ce peuple, à ce grand corps aux mille visages dont les membres sont capables de donner leur vie pour ceux qu’ils aiment. Nous avons raison d’être fiers quand notre équipe nationale triomphe sur les stades. Mais nos joueurs n’y risquent que leur réputation. Ici, nos soldats jettent leur vie devant nous. C’est là leur noblesse de soldat, c’est là notre grandeur de français.

Cérémonie aux Invalides. Question de protocole.  Mais Il faut au cœur une espérance !
2. Etre militaire :

Cette noblesse du soldat nous invite à redire ce que signifie être militaire : être militaire, ce n’est pas d’abord être disponible ou même porter les armes. Etre militaire, c’est avant tout ne plus s’appartenir, ni même appartenir à sa propre famille : j’ai conscience de la dureté de ces propos tenus en présence de nos familles éprouvées par le deuil. Etre militaire, c’est appartenir à la Nation. Exister et agir pour elle. Vivre et mourir pour elle.

En 1919, une énorme question s’était posée : devions-nous enterrer  nos morts ensemble dans des cimetières nationaux ou rendre aux familles les corps identifiés ? La polémique fit rage. Le père Doncoeur militait avec d’autres pour que restent ensemble ceux qui avaient péri ensemble. Dans un texte intitulé « Champ d’honneur », il écrivait cet émouvant appel aux mères et aux veuves :

« Il est mort au champ d’honneur,
Vous l’enlevez du champ d’honneur
Vous lui ravissez sa gloire
Et vous vous décevez. »
(Paul Doncoeur Aumônier militaire, éditions de la Loupe, pages 179)

En 1920, la France va rassembler ses morts dans d’immenses mausolées dignes de l’héroïsme de ces fils tués pour la Patrie. Certes, nous ne sommes plus en 1920, mais nous restons de ces hommes fixés sur l’éternel militaire : vivants ou morts, nous appartenons davantage à notre Patrie qu’à nos proches. Etre soldat ne relève pas de la sphère privée même si à la base il y a un choix personnel.

Alors que certains s’interrogent sur l’opportunité d’aller mourir pour les Afghans ou d’autres peuples, nous répondons inlassablement : c’est pour la France que nous mourons. Ici ou au bout du monde : ce n’est pas la première fois dans l’histoire que nos soldats meurent pour la France ailleurs qu’en France.

3. C’est un oiseau qui vient de France :

Puis-je justement prolonger ce propos avec une chanson  créée en 1885 et intitulée : « C’est un oiseau qui vient de France » ? Ce chant raconte l’histoire d’un oiseau qui « dans une bourgade lointaine, vint montrer son aile d’ébène. »Le voyant virevolter au-dessus d’un territoire ennemi, l’enfant, le vieillard puis la fillette, tous trois aux cœurs palpitant d’espérance, s’écrient successivement : « sentinelles, ne tirez pas. C’est un oiseau qui vient de France. » Mais ils ne seront pas entendus ainsi que le dit le dernier couplet :

« Il venait de la plaine en fleur
Et tous les yeux suivaient sa trace,
Car il portait nos trois couleurs,
Qui flottaient gaiement dans l’espace.
Mais un soldat fit feu,
Un long cri part et l’hirondelle,
Tout à coup refermant son aile,
Tombe expirante du ciel bleu. »

Et le refrain conclut :

« Il faut au cœur une espérance,
Rayon divin qui ne meurt pas,
Mais l’oiseau qui chantait là-bas,
Mais l’oiseau qui chantait là-bas,
Ne verra plus le ciel de France. »

« Il faut au cœur une espérance. » L’espérance est à portée de main : sachons la cueillir du fond du cœur. Elle porte en elle la certitude de la vie qui traverse, transperce et exténue la mort. L’Espérance chrétienne, nous l’avons dans l’exacte mesure où nous sentons en nous une vie que rien ne peut arrêter, pas même la mort. Et cette espérance ne trompe pas car le Christ est ressuscité d’entre les morts.

Alors pour tous ceux qui ne verront plus le ciel de France, tenons ferme la force de l’espérance.

Amen.


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