Magazine Culture

Primal Scream – More Light

Publié le 09 juin 2013 par Hartzine

Il y a les revivals tout moisis (suivez les pavés jonchant notre vitrine), et ceux dont tout le monde semble se foutre, passant à côté de ce qui reste et restera certainement l’un des comebacks les plus convaincants de la décennie. Alors qu’on essaye à grands coups de marteau-pilon de nous faire croire que la pop anglaise n’est pas morte et enterrée, se trouvant des héritiers aussi éphémère que Django DjangoThe XX ou encore Alt-J, les papis tentent de prendre la relève (New OrderDepeche Mode, Stone Roses…) n’ayant même pas la jugeote de constater que leur musique sent déjà les chrysanthèmes depuis des lustres. Malgré un Beautiful Future à côté de la plaque et une tournée anniversaire en demi-teinte, le plus écossais des groupes de brit-rock confirme, du haut de son dixième album studio, son statut d’icône, pilonnant au passage tout ce qui se revendique ouvertement pop. On souhaite bonne chance à ceux qui s’imaginaient déjà pisser sur la pierre tombale de Gillespie, celui-ci livrant de son sourire narquois l’album le plus complet, abouti et jubilatoire entendu depuis le Parklife de Blur, la rage et des années baigné dans l’acid-house en plus.

PrimalScream-TomasCorreaArce-Proffessional

Loin du pamphlet commercial, More Light sonne brut. Un travail dû aux exigences du producteur David Holmes qui semble en avoir fini avec les musiques d’ascenseur et s’être sorti les doigts du cul afin de retrouver la verve de son sublime Let’s Get Killed. Autant dire que ceux qui s’attendaient à écouter ce LP confortablement installés dans leur canapé en dévorant une pizza risquent de se retrouver avec les anchois collés au plafond. 2013 balance sec, ouvrant de manière tonitruante cette cuvée sous forme de time-lapse musical piochant autant dans le répertoire de Vanishing Point que celui de XTRMNTR, la cogne en sus. Entre hit stoogien et poésie post-apocalyptique – “It’s a final solution, to teenage revolution… inducted, corrupted, seduced & reduced. Deluded, excluded. Shackled and hooded…” – Gillespie nous hypnotise de sa transe reptilienne, crachant son venin avec délectation, ravivant la fougue des excès qui s’était atténuée depuis Riot City Blues. Mais enfin c’est bien joli tout ça mais que penser une fois cette majestueuse intro de neuf minutes (tout de même) écoulée ? Que du bien. L’auditeur est pris au piège dans un défouloir où s’entrechoquent rock hargneux, noise pop, acid-house et parfois tous les styles en même temps sans pour autant être indigeste le moins du monde. Peu de groupes peuvent se targuer de pouvoir passer du psychédélisme narcotique d’un Hit Void aux dévastations mélancoliques d’un Tenement Kid, brûlot rageur sur les ravages de l’enfance. Car même si dixième LP semble bien parti pour être le plus accompli du combo (une fois de plus remanié, Mani ayant finalement quitté le navire pour rejoindre ses ex-comparses des Stone Roses), il a également oublié d’être con, laissant la part belle à des textes vacillant entre visions cauchemardesques et réflexions désespérées sous codéine.

Alors pourquoi faire l’apologie d’un tel album me direz-vous ? Y en a-t-il vraiment besoin ? Car loin de ses désirs de célébrité, Bobby Gillespie est LA pop star, éclipsant d’une chiquenaude les mercantiles derniers albums de Daft Punk ou de !!! (Chk Chk Chk) d’un groove véritable, pur, à contre-courant et purement jouissif. Parce que More Light est peut-être le dernier vrai album de rock anglais entendu depuis une bonne décade. Et puis, même si en réalité la phrase est sortie de son contexte, comment résister à un groupe qui eut pour hymne Kill All Hippies ?

Vidéo


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Hartzine 83411 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines