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Budapest(3) : Deux verres sur la table de Balkon

Publié le 30 mai 2013 par Pantalaskas @chapeau_noir

Fröccs

Budapest ce jour de mai. Le long d’une avenue animée, une terrasse en bois, une table et deux verres. Dans toute l’Europe centrale, on met de l’eau dans son vin… de l’eau gazeuse pour alléger le vin. Ici dans ces deux verres de « fröccs », le rosé est coupé avec cette eau gazeuse.

Budapest(3) : Deux verres sur la table de Balkon
Le nom de ce mélange vient de l’onomatopée du soda pétillant versé dans le verre : fröccs en hongrois (se prononce freushh). On le retrouvera en Roumanie, en Suisse sous d’autres noms. Mon goût personnel n'ira pas naturellement vers cette association. Mettre de l'eau dans son vin en France serait un casus belli. Il serait aussi, j'imagine, le meilleur moyen de se faire expulser d'un restaurant gastronomique.
Ces deux verres ont une autre vocation : accompagner la rencontre avec le rédacteur en chef de la revue « Balkon ».

Balkon

Cette revue est la revue d’art contemporain à Budapest.  István Hajdu tient à bout de bras  cet espace d’expression artistique depuis vingt ans. Les revues d’art contemporain qui durent vingt ans ne sont légion nulle part. C’est la fierté de son créateur de la voir encore vivante aujourd’hui.

Budapest(3) : Deux verres sur la table de Balkon
Son tirage n’est pas exceptionnel mais la revue tient bon, heureusement accueillie par des bibliothèques. A la différence du « fröccs », pas question de mettre de l’eau dans son vin : la revue offre aux lecteurs hongrois une information sur l'art de son temps. Elle aborde les jeunes artistes hongrois comme l'art international.
D'une manière générale, la vie de de revues d'art contemporain reste fragile. Elle peut dépendre des institutions ou du privé, des subventions ou de la publicité. Elle peut être associée ou non à un groupe de presse puissant. Elle  peut être aussi le fait de passionnés désargentés poursuivant un rêve de liberté. Balkon est assurément le fait d'une initiative personnelle, d'une volonté tenace d'exister. Pour István Hajdu, il faut fabriquer la revue dans des conditions de quasi résistance, ne pas disposer de bureaux propres, utiliser son matériel personnel d'informatique, se réunir dans les cafés en guise de salle de rédaction. Mais le résultat est là : une revue d'art contemporain vivante, durable, avec plus ou  moins l'aval des institutions et des aides au compte goutte.
On ignore pas qu' actuellement, en matière d'art, le régime ne met pas d'eau dans son vin au profit, si l'on peut dire,  d'une approche de la culture davantage nationaliste et traditionaliste.
C'est d'autant plus le mérite de Balkon d'exister. Ce n'est pas sa puissance de diffusion qui compte. Vous la trouverez pourtant en France à la bibliothèque Kandinsky du Centre Pompidou comme, je l'imagine, dans d' autres capitales européennes. Elle n'est pas sans me rappeler ces petites revues des années Vingt qui, de Het Overzicht à Der Sturm, témoignaient à travers toute l'Europe de l'art nouveau.
Sur cette table d'une terrasse de Budapest, j'ai eu un peu l'impression de partager quelques instants la rédaction de Balkon devant ces deux verres de fröccs. Décidément non, pour la défense de l'art contemporain, il ne faut pas mettre d'eau dans son vin.

Budapest(3) : Deux verres sur la table de Balkon

Contemporary Art Magazine
Budapest, Hungary
editor-in-chief:
HAJDU István [email protected]
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