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2012 en musique : le meilleur de l'année

Par Solonecrozis @SoloNecrozis

Putain, juin 2013, quand même, il se fait pas chier lui à débarquer à l’orée de l’été alors que tous ses congénères ont constitué les lectures musicales d’hiver comme à l’accoutumée. Ouais, mon top de l’année arrivera désormais n’importe quand sauf en début d’année calendaire qui la suit. D’abord parce que j’ai pas toujours pu à ce moment là écouter tous les disques que j’attends et ensuite parce que publier un avis sur un album sans avoir un minimum de recul conduit souvent à dire des choses dans lesquelles on ne se reconnaît plus quelques temps après. Aussi parce que putain, c’est quand même coolos de faire un truc trop à part et de chier au passage sur les milliers de blogs dont les tops annuels se débattent dans un océan d’autres tops et n’ont donc presque aucune visibilité.

Comme chaque année, les grosses sorties qu’on attend avec impatience, les déceptions monumentales, les découvertes qui te mettent une claque, les concerts qui te rendent encore plus amoureux d’un groupe, ceux qui t’en dégoûtent. 2012 est une année comme les autres, quoi que vous en disent vos magazines préférés. Toujours aussi subjectif, voici donc mon top sans classement de valeur des sorties de l’année 2012 qui ne sert à rien si t cliques pas sur les liens vers la musique.

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MESHUGGAH - “Koloss” (Nuclear Blast Records)

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Dire que cet album était attendu est un euphémisme. Quatre ans après un “Obzen” qui avait repoussé les limites d’un genre qu’ils ont eux-mêmes crées et après l’explosion de la scène djent qui “s’inspire largement” de la musique des suédois, Meshuggah met tout le monde d’accord avec ce “Koloss” qui continue sur la voie de son prédécesseur en insistant sur tous les aspects qui lui conféraient sa force destructrice : lourdeur oppressante, accélérations destructrices, ambiance industrielle post-apocalyptique et rythmique déroutante. Exactement là où je les attendais, il n’empêche que c’est une mandale que je n’ai toujours pas digéré. Avec ce disque, Meshuggah imprime plus que jamais la scène de son identité forte, assoit sa domination (s’il elle était encore à prouver pour certains) et continue d’écrire sa légende. Et je ne les ai toujours pas vu en concert. 
Ecouter “Koloss” sur Spotify - Deezer - clip de “Demiurge”

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NECRO - “The Murder Murder Kill Kill Double EP” (Psycho+Logical Records)

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En voilà un autre qui se sera fait attendre, sa sortie initialement prévue en décembre 2011 aura été reportée jusqu’à juillet 2012. Mais Ron “Necro” Bronstein étant un bon gars qui ne se fout pas de la gueule de ses fans, le report de la sortie de ce qui était alors un EP l’a transformé en double EP (en album donc en fait) et on se retrouve avec deux fois plus de musique que prévu. Joie. Au programme comme à l’accoutumée avec Necro, des beats incisifs avec de la basse qui groove,  des lyrics gores et très explicites où tout le monde en prend pour son grade et des featurings de potes. Rien de révolutionnaire, je vous l’accorde, mais vu l’état de perdition dans lequel baigne la scène hip-hop US depuis de nombreuses années, Necro est un repère, une des dernières valeurs sûres qu’il reste, un des seuls qui n’ait jamais vendu son âme au mainstream et lui pisse dessus continuellement depuis une bonne quinzaine d’années. Et ça, ça ne vaut pas peu de choses.
Ecouter “The MMKK Double EP” sur Spotify - Deezer - clip de “No Concern”

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DYING FETUS - “Reign Supreme” (Relapse Records)

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Après un “Descend Into Depravity” qui commençait bien mais qui se perdait dans un brutal death technico-technique trop peu jouissif, le trio du Maryland revient à une musique beaucoup plus teintée hardcore, directe et plus apte à s’abandonner aux joies du violent dancing en concert. Parce que oui, la musique de Dying Fetus est taillée pour le live, d’où ma grande déception de ne les avoir jamais vu dans cet exercice jusqu’à présent. Retour à une vibe plus old-school, oui, mais toujours avec ce son de batterie hyper triggé super dégueulasse et des guitares compressées à mort; tout ceci n’entache en rien la qualité des morceaux mais quand même, fuck un peu quoi. Artwork classieux tout en rouge et noir, paroles toujours aussi bien écrites, sombres et dégueulasses, Dying Fetus reste au top et se reprend parfaitement de son mini-échec de l’album précédent. A revoir en concer très vite.
“Reign Supreme” sur Spotify - Deezer - clip de “From Womb To Waste” 

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MOUSE ON THE KEYS - “Machinic Phylum” (Machu Pichu Records/Denovali Records)

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Trois ans que j’attends un successeur au grand “An Anxious Object”, disque qui après tant d’écoutes successives parvient encore à révéler ses petits secrets. Trois ans d’attente, donc, pour un EP de quatre titres et vous vous en doutez, C’EST TROP COURT. Mais putain qu’est-ce que c’est bon. Le feeling du jazz, l’énergie du rock, quelques pincées de pop urbaine glacée, de groove funky et d’électronique par ci-par là. Une représentation musicale de l’oeuvre de Daido Moriyama, des choix esthétiques soignés. Mouse On The Keys, c’est tout ça et bien plus encore. L’EP n’est là que vous rendre l’attente du second album (prévu pour 2013) moins difficile et pour supporter une tournée asiatique. Quatre titres dans la continuité de ce que le groupe a toujours fait, ce qui ne déçoit nullement vu que Mouse On The Keys, ses deux pianos/claviers et sa batterie restent uniques en leur genre, défrichant de nouveaux sentiers musicaux avec cette sensibilité qui tient du génie, tout simplement.
Ecouter “Machinic Phylum” sur Spotify - Deezer

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DEATHSPELL OMEGA - “Drought” (Norma Evangelium Diaboli)

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Cette dernière offrande des poitevins les plus estimés de la scène black metal est continue sur la lancée de “Paracletus” sorti en 2010 et de l’EP “Diabolus Absconditus” de 2011. Son black metal ténébreux et déstructuré parsemé d’arpèges glacés et de passages plus ambiancés n’a rien perdu de son mysticisme ni de son efficacité. Six titres pour 21 minutes seulement, ça va droit au but et en même temps ça arrive quand même à vous prendre par derrière. Une nouvelle pierre ajoutée à l’oeuvre déjà magistrale du groupe (que je connais encore trop peu pour en parler dans les détails) qui, pour une fois ne surprend pas outre mesure mais resteclairement au dessus de la mêlée. Mention spéciale à cette pochette magnifique.
Ecouter “Drought” sur Spotify - Deezer

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TOE - “The Future Is Now” (Machu Pichu Records)

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Les habitués de ce blog savent la relation que j’ai avec ce groupe. L’annonce de leur tournée européenne a été précédée de la sortie de cet EP. Comme leurs compagnons de label du paragraphe juste au dessus, ce quatre titres à plutôt une visée promotionnelle et servira d’os à ronger en l’attente de leur prochain album (qui selon plusieurs sources contradictoires ne sortirait pas de sitôt). Le style toe, très largement remis en question avec “For Long Tomorrow” est désormais bien établi, versatile et éclectique tout en suivant une ligne directrice qui se perçoit plus à l’habitude qu’à l’instinct. Outre le single “Ordinary Days” sorti en mars 2011 pour aider à collecter des fonds après le passage du tsunami, l’EP compte un featuring féminin (exercice dans lequel toe excelle) et deux autres titres assez directs dans l’esprit de leurs premières sorties.
Ecouter “The Future Is Now” sur Spotify - Deezer - clip de “Tsuki Kake” 

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KLUB DES LOOSERS - “La Fin de L’espèce” (Les Disques du Manoir)

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Il se sera fait attendre le Fuzati, mais c’est qu’il était occupé à n’en avoir rien à foutre de vos gueules. La musique du Klub c’est sa thérapie personnelle et elle ne peut pas se soumettre à des volontés autres que celles de ses géniteurs. Huit ans après un “Vive La Vie” d’une noirceur à faire pâlir par dessous son corpse paint le plus evil des black métalleux arrive son successeur, toujours aussi pessimiste, cynique et pince sans rire. Fini les tracas du jeune adulte tourmenté par ses sentiments et qui a du mal à s’insérer dans la société, nous voici avec le Fuzati trentenaire, confronté à l’hypocrisie du monde du travail, à la solitude des grandes agglomérations et exprimant son aversion toujours plus profonde pour son prochain. Ce flow atypique, ces beats qui ont du corps et ces paroles sombres m’avaient manqué. Ou pas tellement, vu que toutes les périodes où j’ai écouté du Klub Des Loosers en boucle ont coïncidé avec mes épisodes dépressifs. Parce que moi aussi j’ai grandi depuis “Vive La Vie”, cet album n’a pas eu le même impact sur moi que ce dernier cité. Peut-être simplement parce que je ne suis pas encore “mûr” pour ça…
Clip de “Volutes”

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THE MARS VOLTA - “Noctourniquet” (Warner Music Group)

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Après un “Octahedron” très apaisé et loin de l’alambiqué “The Bedlam In Goliath”, qui lui même s’éloignait assez du grandiloquent “Amputechture” qui comparé au…Bref, The Mars Volta n’a jamais fait un album comme un autre. Ils n’en avaient jamais sorti avec autant d’écart aussi, et les multiples albums solos d’Omar Rodriguez-Lopez sorti pendant ce laps de temps (une bonne quinzaine) vu leur éclectisme très prononcé, n’ont aidé en rien à faire diminuer cette attente. Aucune exception à la règle, cet album est différent du précédent. Radicalement différent même, au point que bon nombre de fans l’ont pris comme un second affront de suite et ont tourné définitivement le dos au groupe. C’est tout à fait compréhensible, mais c’est une grande erreur, car si la complexité et la folie du groupe est un des éléments clés de son succès, elle n’a jamais été plus poussée que sur cet album, seulement elle est ici plus cérébrale. Ce nouveau The Mars Volta est plus épuré, moins chargé en accords de guitare et beaucoup plus en éléments électroniques, il pose donc un univers nouveau pour le groupe et pas facile à aborder pour ceux qui n’ont pas suivi de près les travaux d’Omar en solo. Il m’a vraiment fallu du temps et des écoutes répétées pour “comprendre” et apprécier ce disque et trouver les “tubes” qu’on reproche à ce disque de ne pas contenir. Oui, je restais indifférent devant “Dyslexicon” ou “Molochwalker” au début, “Aegis” et “The Whip Hand” me semblaient êtretout le contraire de The Mars Volta, je n’arrivais jamais à la seconde partie de “In Absentia” tellement le début me faisait chier, “Vedamaly” m’emmerdait comme pas deux…Et aujourd’hui je suis dingue de tous ces morceaux, et des autres aussi. The Mars Volta a grandi, est devenu plus cérébral et moins physique, et en réalité c’est ça qui emmerde les fans. Quand on aime un groupe on se laisse le temps, on ne se limite pas à ses premières impressions. Jamais ce groupe n’a voulu refaire un album, ni remplacer un membre par un clone. Ainsi, Deantoni Parks apporte une énergie différente au groupe, plus “électronique” de par son son de batterie à l’attaque courte et ses fills, Cedric n’a jamais autant varié son répertoire (la schizophrénie vocale sur “The Malkin Jewel” est impressionnante), les claviers n’ont jamais été aussi présents (le refrain de “Molochwalker”, l’introduction de “Aegis”) et Juan Alderete et sa basse n’auront jamais été aussi discrets, de même qu’Omar, qui limite ses interventions, occupe moins d’espace et privilégie l’interaction avec le reste du groupe au lead. Cet album restera assurément le vilain petit canard de la discographie du désormais mort et enterré groupe d’El Paso, mais croyez moi, le considérer comme tel lui fait tout à fait honneur. Cet album n’est semblable à aucun autre, ne peut et ne doit être traité comme aucun autre.
Ecouter “Noctourniquet” sur Spotify - Deezer - clip de “The Malkin Jewel”

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MARANATHA - “Incarnate” (Autoproduction)

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Découvert au hasard de mes pérégrinations sur la face obscure de la blogosphère musicale (il y fait sombre mais on y découvre des trésors inestimables), Maranatha nous vient de Colombus dans l’Ohio et joue un metal à la croisée des chemins entre hardcore, sludge et death metal, fils bâtard d’Entombed et de Crowbar élevé à la dure par Xibalba. Je n’en dirais pas plus. BUY OR DIE! (ça coute 0$)
Ecouter/télécharger gratuitement “Incarnate EP” sur Bandcamp

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THE MEMORIALS - “Delirium” (Blood Thirsty Unicorn)

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The Memorials est le projet de Thomas Pridgen, co-fondé avec deux de ses anciens collègues de Berkeley, Nick Brewer (guitare) et Viveca Hawkins (chant) après son éviction de The Mars Volta pour humeurs non compatibles. Ce “Delirium” succède à un disque éponyme sorti l’année en 2011, disque qui n’a pas eu l’honneur de visiter mes conduits auditifs mais dont les quelques extraits qui y étaient passés ne m’avaient pas laissé grand souvenir, tout son contraire. Entre punk, heavy metal et soul, le mélange est a priori hétérogène mais la sauce prend très bien dans les faits. Un mélange des genres qui devrait être plus fréquent dans les années à venir.
“Delirium” sur Spotify - Deezer

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FLATBUSH ZOMBIES - “D.R.U.G.S.” (Autoproduction)

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Deux MC au flow particuliers, un beatmaker de génie qui pose aussi parfois, de la weed, des filles, des zombies, le quartier de Flatbush dans le Queens : voici en peu de mots ce que sont les Flatbush Zombies. Membre du collectif Beast Coast qui  regroupe les Underachievers, Pro Era, Bodega Bamz et bien d’autres, ce trio est simplement la meilleure chose qui soit arrivée au hip hop maintream depuis un bon paquet d’années. Ils débarquent avec une vraie fraicheur, un univers propre et des morceaux qui empruntent autant à la g-funk du début des 90’s qu’au rap plus moderne à grosses basses/nappes de clavier de ces dernières années. La mixtape est parfaitement équilibrée et s’écoute d’une seule traite, sans temps mort malgré son heure de durée. C’est un doigt d’honneur majestueux au rap mainstream qui pullule depuis trop d’années ainsi qu’un pied de nez à Tyler The Creator et à son Odd Future Crew. New York est bel et vien de retour dans le rap game et les Flatbush Zombies qui sillonnent déjà les USA avec cette seule mixtape digitale en poche en sont les meilleurs ambassadeurs. Honnête et sans artifices, avec un vrai fond musical, si j’ai une mixtape comme ça tous les ans, Lil Wayne peut continuer à se faire des millions, j’en ai rien à foutre.
Ecouter et télécharger D.R.U.G.S. sur DatPiff.com - Clip de S.C.O.S.A.

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ANYWHERE - “Anywhere” (ATP Recordings)

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Side-project de Cedric Bixler-Zavala avec Mike Watt et Christian beaulieu, Anywhere est nostalgique des années 70 et l’exprime pendant sept morceaux et une quarantaine de minutes à grand renfort de guitares acoustiques crachant des accords tendus couplée à une batterie virevoltante, le tout livré dans le délicat écrin d’une production chaleureuse qui met la réverb à l’honneur. La batterie virevoltante assurée par Cedric confère un aspect punk à cette musique acoustique, de même que les interventions vocales de ce dernier (toujours d’une justesse à couper le souffle) et de Rachel Fannan lui confèrent une dimension aérienne qu’on retrouve chez le The Gathering de Anneke Van Giersbergen. Poétique et à fleur de peau sans être fleur bleue, cet album aux accents tribaux vous fera voyager le temps de sa durée dans une dimension proche mais pourtant lointaine, innaccessible mais pourtant visible. Laissez vous emporter Anywhere.
Ecouter “Anywhere” sur Spotify - Deezer

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DEATH GRIPS - “The Money Store” (Epic) / “No Love Deep Web” (autoproduction)

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Le dernier projet musical dans lequel Zach Hill est impliqué est cet ovni musical tricéphale : lui même à la batterie, Stefan ” Mc Ride” Burnet au micro et Andy “Flatlander” Morin au samples et aux synthés. Cet album est le second de l’entité artistique Death Grips et il navigue dans les mêmes eaux troubles que son prédécesseur sorti en 2011 : une espèce de hip-hop glauque, sombre et haineux qui parfois hypnotise, prend de court en cassant la boucle. On pense parfois à Diapsiquir ou à Dälek. Plus qu’un simple groupe, Death Grips est une entité artistique complexe qui ne se laisse pas apprivoiser aux premières approches. “Raw. Raw like wet pennies. Post-Christian, Post-Satan, voici comment les membres du groupes définissent leur projet, et cette définition est plus proche de ce que j’entends que n’importe quoi de ce que je pourrais écrire. Death Grips est une expérience unique, à part dans l’industrie musicale et tellement déterminée dans sa vision des choses qu’on en ressort soit conquis soit dégoûté, mais forcément retourné, bousculé dans ses convictions. Tous genres musicaux confondus, ceci est certainement une des formations les plus représentatives de ce qu’est faire de la musique sur Terre au début du XXIème siècle. Déjà incontournable.
Ecouter “The Money Store” sur Spotify - Deezer - clip de “The Fever (Aye Aye) - clip de “Get Got” - Ecouter et télécharger “No Love Deep Web” sur MixtapeMonkey.com

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T.R.A.M. - “Lingua Franca” (Sumerian Records)

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Non, ce nom de groupe n’est pas un hommage à un des transports en commun les plus répandus, c’est un acronyme composé des initiales des quatre membres de ce projet. On retrouve donc les djentologues Tosin Abasi et Javier Reyes aux guitares, Adrian Terrazas, multi instrumentiste ayant effectué un passage remarqué chez The Mars Volta ainsi que Eric Moore, batteur révélé au grand public depuis son intégration à Suicidal Tendencies/Infectious Grooves. Quatre musiciens très expérimentés ayant soif de quelque chose de différent de ce qui les occupe la plupart du temps, ça donne un EP de jazz fusion qui est une discussion à quatre où le passé musical de chacun est mis en valeur sous un angle inhabituel. La vivacité du jeu d’Eric Moore convient à merveille aux enchevêtrements de riffs et de mélodies du duo de guitaristes, et les interventions de Terrazas à la flûte ou au saxophone, en soliste ou derrière la mélodie finissent donnent à ce groupe sa couleur si particulière. Quelques chœurs féminins et notes de piano viennent parfois s’adjoindre à l’ensemble de manière discrète et pertinente, ce qui épaissit l’ambiance et ajoute une dimension club jazz drôle à entendre à côté de riffs de guitare 8 cordes. Dommage qu’ils ne puissent pas se produire en concert souvent afin de rendre justice à ce petit bijou (petit oui, juste une demi-heure) qui le mérite tant.
Ecouter “Lingua Franca” sur Spotify - Deezer - clip de “Inverted Ballad”

NEUROSIS - “Honor Found In Decay” (Neurot Recordings”)

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Le retour discographique des maîtres du postcore était très attendu, et il n’a pas déçu. “Honor Found In Decay” est la trouée laissant apparaître des rayons de soleil dans un ciel d’après orage encore nuageux, l’air est encore froid et le sol humide mais ces rayons réchauffent le visage et tiédissent les vêtements trempés par la pluie. La musique de Neurosis reste un voyage intimiste, total, dans lequel il faut s’immiscer pleinement et sincèrement si on veut en saisir toute la dimension, toute la pureté. Cette musique parle aux sentiments plus qu’aux sens et en cela elle sera diversement appréciée. “A Sun That Never Sets” reste indétrônable dans mon cœur mais ce petit dernier finira bien par y trouver sa place comme les autres, au fil des années, des écoutes successives et des changements dans ma vie.
Concert entier de Neurosis à la Villette Sonique 25/05/2013

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ILLDISPOSED - “Sense The Darkness” : toujours sur son rythme d’un album tous les deux ans, ce nouvel opus de la bande à Bo “The Subwoofer” Summer revient au meilleur de sa forme, il y a longtemps que son death metal groovy n’avait pas sonné aussi. Comme le Beaujolais, Illdisposed reviens régulièrement avec la même admirable dévotion mais sans que chacune de ses sorties marque véritablement les esprits. Ce “Sense The Darkness” change la donne et tabasse de la meilleure des manières possibles : riffs rouleau compresseur, tapis de double, breaks-your-neck (huhu) et toujours cette voix d’outre-tombe inimitable. 
Ecouter “Sense The Darkness” sur Spotify - Deezer - clip de “Eyes Popping Out”

DOWN - “Down IV part I - The Purple EP” : le retour discographique tant attendu (putain, cinq ans) des stoner doomeux de la Nouvelle-Orléans a tenu toutes ses promesses : riffs pachydermiques et boueux, soli bluesy plaintifs, production abrasive, Phil Anselmo toujours au top, le tout dans un format EP court, allant droit au beaucoup plus digeste que ses albums (à part NOLA, ben oui je suis de ceux là). Très plaisant , mais ce n’est pas vraiment le Down que je préfère. La part 4 annoncée comme “doomy as fuck” dans le style de “Bury Me In Smoke” devrait beaucoup plus me plaire.
Clip de “Witchripper”

CANNIBAL CORPSE - “Torture” (Metal Blade Records) : qui a dit que sortir un album prévisible signifiait nécessairement qu’il était mauvais? Cannibal fait toujours du Cannibal, ne surprend personne mais satisfait toujours tout son monde. Qui a écouté un album du groupe sait déjà ici à quoi s’attendre : sous les rafales de “cannibal-blast”, les riffs de Rob Barett et de Pat O’Brien supplantés par la basse d’Alex Webster accompagnent gaiement le chant caverneux de George “Corpsegrinder” Fischer.Les haineux vont hainer, tant pis pour eux.
Clip de “Encased In Concrete”

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EVOCATION - “Illusions of Grandeur” (Century Media Records)

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Revenu d’entre les morts en 2007, cet ancien grand espoir du death suédois enchaîne les albums et les tournées et montre une envie réelle de (re)prendre la place qu’ils méritent dans la scène européenne. Ce quatrième album en cinq ans ne réinvente évidemment rien mais le fait bien, on évolue dans le terrain connu du death suédois avec ses guitares abrasives, ses mid-tempos et ses accélérations certifiées pour le headbanging. Sauf que pour un quatrième album en cinq ans ça commence à faire juste niveau inspiration et efficacité, le plaisir des premières écoutes s’estompe rapidement et on ne revient pas à ce disque sans se forcer légèrement, ce qui est vraiment dommage car leur musique dégouline de sincérité et de bonne volonté.
Ecouter “Illusions of Grandeur” sur Spotify - Deezer - clip de “Divide And Conquer”

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THE FACELESS“Autotheism” (Sumerian Records)

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Le troisième album du seul groupe valable de Sumeriancore (tu sais, ces gamins qui mettent de la moshpart et de l’emomachin dans leur Cynic) était assez attendu, rien qu’à en croire les nombreux messages plein de rages des fans et les réponses toutes aussi détendues des membres du groupe. Bon alors, cet “album de la maturité”, il vaut quoi ? Déjà c’est clair, il divise son public au comme Moïse et la mer Rouge en son temps. D’un côté, ceux rebutés par le chant clair mielleux sur une grande partie de l’album et l’ambiance plus claire qui en émane, de l’autre, nos grands frère biberonnés au tech death du début des 90’s qui étaient ravis d’avoir trouvé en The Faceless un substitut qui sait s’accommoder de son époque (et qui console de voir Cynic glisser de plus en plus vers la musique d’ ascenseur . En ce qui me concerne, je suis tout à fait indécis. La qualité est là, indéniable, dans la richesse de orchestrations et des arrangements merveilleusement mis en valeur par une production parfaitement équilibrée, tout ceci justifie largement les quatre années d’attente. La direction musicale choisie affine encore s’il était nécessaire l’identité musicale du groupe et inscrit Michael Keene comme un de meilleurs guitaristes de sa génération (si, si). Cela dit, il me manque un truc, un je-ne-sais-pas-quoi qui ferait le déclic et me rendrait totalement gaga de cet album. Je vais m’accorder du temps, la valeur de cet album se révélera certainement mieux à la lumière de leur prochaine sortie (dans allez, quatre-cinq ans cette fois).
Ecouter “Autotheism” sur Spotify  Deezer

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HIROMI - THE TRIO PROJECT - “Move” (Telarc Records)

 

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Et merde, fait chier. Enfin pas vraiment, mais quand même. Ce disque constitue le premier accroc de la carrière brillante d’Hiromi, la première redite grossière, le premier passage à vide de la pianiste la plus versatile et la plus douée de sa génération. “Move” reprend donc le même trio que sur “Voices” paru en 2011 et reprend le propos là où il s’était arrêté. Un peu trop même. Si vous avez écouté “Voices”, vous avez déjà écouté ce disque sans le savoir. Tout n’est pas pareil mais tout sonne pareil. On ne s’emmerde pas mais on ne jubile pas non plus, pourtant Hiromi nous a bien mieux habitué à ça qu’à l’inverse. En live ça vaudra toujours son pesant de cacahuètes c’est clair, mai cet album suie tellement près son grand frère que tous les gimmicks d’Hiromi sont évidents,on en frôle même la gêne. Même verdict pour la section rythmique qui l’accompagne, Simon Philips et Anthony Jackson remplissent leur rôle de sidemain de luxe sans trop se fouler. Après dix ans d’exploration musicale tous azimuts, cette première faute ne peut pas vraiment être considérée comme un raté mais se doit quand même d’être signalée, en espérant que ce n’est pas le début d’une période de vaches maigres pour la créativité d’Hiromi Uehara.
Ecouter “Move” sur Spotify

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HOW TO DESTROY ANGELS - “An Omen EP” (Columbia Records)

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Prévu initialement pour sortir en début d’année, il aura été reporté de mois en plus puis disparaît de l’actualité avant de faire un retour surprise fin septembre avec l’annonce d’un single/clip pour « Keep It Together » (qui me laissera sur ma faim) et la date de sortie de l’EP le 13 novembre. Cette date passée, malgré plusieurs rations de cet EP plusieurs fois par jour, j’ai encore faim. Attente interminable, acquisition de l’objet, écoute frénétique, tension au maximum qui redescendra progressivement, irrémédiablement  L’impression désagréable d’écouter Mariqueen Mandig chanter sur des B-Sides de “Ghosts I-IV”, tenace au début, s’estompe peu a peu au fur et à mesure que je rentre dans la musique. Parce que Trent Reznor et Atticus Ross restent des putain de maîtres dans leur art et que leur travail d’orfèvre, tout dans le détail et la subtilité, ne peut se révéler que sur la durée. La voix de Mariqueen Mandig, suave et éthérée, s’accorde avec merveille avec l’ensemble et fait office de fil conducteur, soulignée de façon épisodique par celle de Trent, qu’on entend à nouveau avec plaisir et émotion (il n’avait plus chanté sur album depuis 2008 et “The Slip”). Un apéritif fort goûteux mais bien maigre compte tenu de l’attente énorme que viendra heureusement combler l’album du groupe début 2013.
Ecouter “An Omen EP” sur Spotify - clip de “How Long?”

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DEANTONI PARKS - “Touch But Dont Look” (Sargent House)

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Surprenant pour un album de batteur, son instrument n’est pas vraiment au centre des compositions et se partage la vedette avec une boîte à rythme et des synthés. Trip hop, house, electro-rock, indus, cet album ne se range dans aucune catégorie en particulier et reflète bien la personnalité de son auteur, impossible à enfermer dans une case et amoureux de sa hi-hat. Je reproche  de ne pas aller assez loin dans ce qu’il propose, de ne pas laisser les ambiances se développer, de privilégier les compositions courtes et de me laisser sur mal faim. Là où Deantoni se laisse aller à de longues improvisations dans avec Omar ou dans The Mars Volta, il reste ici très formel, trop formel. Un excellent disque dans son genre qui me laisse un petit goût amer et que j’espère voir surpassé bientôt.
Ecouter “Touch But Don’t Look” sur Spotify - Deezer

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GOJIRA - “L’enfant Sauvage” (Roadrunner Records)

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Devenu un des plus gros groupes de la scène metal mondiale à force de tournées avec Metallica ces dernières années, l’attente et la pression étaient énorme pour la sortie de cet album, après un excellent “The Way Of All Flesh” qui cependant possédait quelques travers qui laissaient craindre le pire. Et bien le pire est bel et bien arrivé. Pas mauvais mais pas excellent, pas transcendant sans être bateau; Gojira livre ici son premier album en roue libre, facile, qui se repose sur ses énorme acquis et offre le moins. Déception donc, mais ça reste un album de Gojira, le plaisir de retrouver le groupe et ses gimmicks est présent, l’album n’est pas dénué de grands moments, mais impossible de se départir du sentiment qu’ils auraient vraiment pu faire mieux.
Ecouter “L’enfant Sauvage” sur 
Spotify - Deezer

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FEAR FACTORY - “The Industrialist” (Candlelight Records) : bon ben apparemment avec FF c’est soit tout bon soit tout pourri, et là on est sur le numéro deux. Fallait s’en douter tellement il arrive vite après l’excellent “Mechanize”. Je vous défie de trouver cinq riffs dans cet album qui ne sentent pas le réchauffé, qui vous restent dans la tête après une écoute, cinq plans qui vous filent la banane, cinq lignes de chant qui ne sont pas déjà usées jusqu’à la corde. Non vraiment si vous trouvez cinq truc cools dans cet album toutes catégories confondues vous êtes soit de très mauvaise foi soit c’est vous qui fournissez Dino en burritos et vous avez peut de perdre votre plus fidèle client. Je vais m’arrêter là, c’est pas bien de tirer sur les ambulances, surtout quand elles son aussi chargées. Bye Dino, on se reparle quand tu réactives Asesino, plus avant. Et non je m’en fous de Divine Heresy !
Ecouter “The Industrialist” sur Spotify - Deezer

AEON - “Aeon’s Black” (Metal Blade Records) : le retour discographique des Decide du gran nord européen n’aura pas été aussi dévastateur qu’attendu. C’est pourtant pas bien compliqué à suivre un chemin de feu : “Path of Fire” comblait son manque de créativité par une efficacité redoutable et une totale dévotion au riffing acéré et rapide, quand ce petit dernier s’éloigne légèrement mais assez pour qu’on le remarque de cette ligne pour aborder les choses sous un angle plus réfléchi, ambiancé…Pas raté mais loin d’être mémorable.Une pelletée de bonnes idées mais étalées sur tout un album et mêlées à trop d’autres moins intéressantes. Ce sera sans moi.
Ecouter “Aeon’s Black” sur Spotify - Deezer

PSYCROPTIC - “The Inherited Repression” (Nuclear Blast) : quatre ans après un “(Ob)Servant” qui avait éloigné du groupe certains fans de la première heure (trop lisse, surproduit et sans saveur), Psycroptic enfonce le clou. Encore plus lisse et surproduit, encore moins de cohérence (un bien grand mot avec Psycroptic) et un duo Haley qui semble à bout d’inspiration. Les leads de Joe comme les patterns de David semblent déjà entendus, éculés, répétitifs, ennuyeux. Encore une fois, tout est exécuté très proprement, trop proprement même, on se laisserait même penser que les considérations techniques et la forme ont pris le dessus sur le fond. Un album qu’on commence avec envie et qu’on ne finit que par principe, sans plaisir ni satisfaction. Là ou son prédécesseur comblait son manque d’inspiration par son aspect frontal, celui là arrive à peine à susciter l’attention qu’il la détourne l’instant d’après. Je devrais écouter le dernier Ruins histoire de voir si les frères Haley sont plus intéressants dans leur black metal que dans leur death technique.
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The Inherited Repression” sur Spotify - Deezer

WOLVES AND JACKALS - “The Rise Of The Mourning Star” (Darkwolf Records) : mais quelle déception ! Après avoir été soufflé en 2010 par leur EP “The Haunting” (dont je parle ici) qui mélangeait avec élégance death old school crasseux sludgemachincore, voici qu’ils changent complètement d’orientation pour pratiquer un death/black à ambiance plus introspectif, aux compositions plus longues (hormis l’intro on n’est jamais au dessous de cinq minutes par titre), à l’opposé direct de l’EP qui était court et allait droit au but. Comme Impiety sur son dernier album qui troque son war metal flamboyant pour un un black metal d’ambiance où la virulence qui a fait leur renommé est à chercher au microscope, Wolves And Jackals a pris le risque de changer son angle d’approche et perd énormément de son originalité. Fuck, fuck, vraiment fuck.
Ecouter “The Rise Of The Mourning Star” sur Spotify

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Defeated Sanity, Austrian Death Machine, Pestilence, Cult of Luna, How To Destroy Angels, Devourment, Rotting Christ, Cedric Bixler-Zavala, Bosnian Rainbows, Scars On Broadway, Portal, Mor Dagor, Deafheaven, Cynic, Carcass, Misery Index, Blockheads, Blood Red Throne, Rorcal, Hypocrisy, Hacride, Deeds of Flesh, Mastodon, Rotten Sound, Belphegor, Watain, Cliteater, Ken Mode, Kylesa … Plein de bonnes choses dont j’essayerai de ne pas oublier de parler dans le bilan 2013.


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