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Tedi Papavrami : l’art de la solitude

Publié le 21 juin 2013 par Bmgeneve

Pensé comme une ascèse, c’est-à-dire un exercice de vie, la musique pour violon seul est un art de la solitude, comme l’est toute pratique instrumentale de haut niveau. Voulue par certains compositeurs, cette musique du dépouillement est portée à son niveau de perfection par Tedi Papavrami qui a eu l’occasion tout au long de sa vie de peaufiner cet art délicat et difficile entre tous.

Tedi Papavrami - coffret
Dans ce coffret, nous l’entendons dans des classiques du genre, telles les Sonates et Partitas de Bach, les Caprice de Paganini ou la merveilleuse sonate de Bartok. Mais Papavrami s’essaie aussi à un exercice tout à fait unique : transcrire pour le violon seul des œuvres composées pour le clavier.

On connaissait bien sûr les la fameuse Chaconne de Bach pour le violon transcrite au piano par Ferruccio Busoni à la fin du 19ème siècle, qui multipliait les notes par dix puisque les dix doigts et les touches de l’instrument le permettaient. La transcription donnait la possibilité au transcripteur de rajouter au passage à l’original, une perception personnelle du musicien romantique tardif qu’il était. Ce rajout était-il une réelle valeur ajoutée ? Là n’est pas le débat et c’est de toute façon affaire de goût.

En transcrivant des œuvres pour clavier au violon seul, Tedi Papavrami tente pratiquement l’impossible : aller vers le dépouillement harmonique tout en conservant le sens profond de la musique par le creux, l’évidement, l’épuration. Il procède ainsi de la même manière que Johann Sébastian Bach quand il compose pour le violon seul. Il donne à percevoir le tout en ne dévoilant que des parties. Ne reste alors de la musique plus que l’essentiel, la quintessence.

Mais pour arriver à ses fins, Papavrami en passe aussi par la méthode Nicoló Paganini, celui des 24 Caprices pour violon seul, qui multiplie les prouesses techniques à force de doubles cordes et d’extensions démesurées de la main gauche, ce qui permet de donner à entendre l’harmonie complète de l’œuvre. Une polyphonie jaillit des quatre pauvres cordes de l’instrument mélodique par excellence qu’est le violon.

Tedi Papavrami - livre

Le résultat est passionnant et vient compléter un coffret hautement recommandé de bout en bout. Il vient de paraître en contrepoint de l’autobiographie du violoniste genevois d’adoption : « Fugue pour violon seul ».

Paul Kristof

PAPAVRAMI, Tedi. Violon seul (Zig Zag Territoire, 2012)   Disponibilité

PAPAVRAMI, Tedi. Fugue pour violon seul (R. Laffont, 2013)   Disponibilité


Classé dans:Coups de coeur

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