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Drones de Combat, Pilotes et Caetera

Publié le 05 juillet 2013 par Toulouseweb
UCAS (Unmanned Combat Air System) ou UCAV (Unmanned Combat Air Vehicule) ; en français, Ť systčmes/véhicules aériens sans pilote ť…
D’entrée, la désignation de ces appareils annonce la couleur : l’avenir de l’aéronautique serait-il vide de toute présence humaine, de sensations de vol, de passion ?
L’idée des drones de combat vint ŕ la fin des années 90. Ŕ l’époque et bien avant les attentats du 11 septembre, Bill Clinton traquait déjŕ Oussama Ben Laden en Afghanistan. Pour ce faire, le président Américain ne disposait que de missiles de croisičre Tomahawk mais cette arme ne se révéla pas trčs adaptée et il y eut de nombreuses victimes collatérales civiles.
L’US Air Force décida alors d’armer des drones Predator. Ŕ l’origine, ces petits appareils sans pilote étaient strictement cantonnés ŕ des missions d’observation. Ainsi, en novembre 2001, un Predator équipé d’un missile AGM-114C Hellfire, fut pour la premičre fois utilisé pour assassiner un des principaux lieutenants de Ben Laden, Mohamed Atef.
Le succčs de cette mission marqua le début de la carričre des drones de combat. Ŕ ce jour, on estime qu’ils sont ŕ l’origine de la Ť neutralisation ť de 1 500 ŕ 2 300 terroristes.
Au départ, les pilotes de chasse ne sentirent pas leur profession menacée. Car aprčs tout, pourquoi se méfier de ces petits aéronefs radioguidés, mus par un moteur de 100 cv et affichant un badin comateux d’ŕ peine 70 nœuds ? Et męme plus performants, chacun pensait qu’aucun ne pourrait jamais remplacer les yeux, l’expérience et l’instinct du pilote de chasse… et encore moins participer ŕ une mailloche bien virile !
Mais en 2013, la réalité pourrait avoir une saveur bien amčre car les constructeurs se mettent les uns aprčs les autres ŕ développer des drones de combat de plus en plus puissants, performants, précis, et ce, avec plus ou moins de réussite.
Ainsi, si le programme Polecat de Lockheed Martin a avorté suite ŕ un crash dans le désert du Nevada en 2006, le X-47B de Northrop Grumman vole depuis 2011 et a réalisé avec succčs, le 14 mai 2013, son premier catapultage depuis le porte-avion USS George H.W. Bush. Il est ŕ ce jour le plus évolué de ces appareils.
Également, le drone européen, subtilement baptisé nEUROn, a effectué son vol inaugural le 1er décembre 2012. Si plusieurs pays d’Europe financent le programme, la maîtrise d’œuvre a été confiée au français Dassault Aviation.
Parallčlement, le britannique, BAE Systems développe le Taranis. Ce drone 100% british devrait effectuer son premier vol courant 2013 et se positionne déjŕ comme le concurrent direct du nEUROn.
Existe-t-il des risques liés ŕ la prolifération des drones ? Oui ! Car outre le fait de voir un jour l’armée de l’Air n’employer que des geeks en qualité de Ť pilotes ť ou plutôt Ť opérateurs ť, derričre de larges écrans d’ordinateurs, les drones de combat qui deviendraient légion dans les armées du monde pourraient avoir comme effet de multiplier les risques de conflit. Car l’Histoire nous a enseigné que la seule volonté de ne pas mettre en péril la vie des militaires a permis d’éviter de nombreuses guerres. Or, avec les drones et leurs opérateurs postés ŕ des milliers de kilomčtres des champs de bataille, le risque de pertes humaines tombe ŕ zéro.
C’est ainsi que grâce ŕ des aéronefs comme le Predator et autres Reaper, les USA via la CIA peuvent aujourd’hui se permettre de mener des attaques clandestines dans des pays comme le Yémen, le Pakistan ou encore la Somalie, territoires sur lesquels ils n’auraient jamais envoyé le moindre soldat.
Un autre risque, est également de voir ces machines devenir un jour totalement autonomes. Ce projet est d’ailleurs bien réel mais, en matičre de défense est-il bien raisonnable de s’en remettre aveuglément ŕ ces algorithmes, que financent actuellement la Défense américaine avec cette ambition folle de développer des robots Ť Ethiques ť ? C’est lŕ un pari risqué que de croire que la Convention de Genčve puisse ętre programmée. Car au-delŕ du texte, elle constitue une valeur purement humaine qui ne saurait ętre enseignée ŕ une intelligence artificielle, si performante soit-elle. Et puis quel crédit de confiance accorderions-nous ŕ des drones autonomes, équipés d’armes non conventionnelles, chimiques, biologiques ou pire encore, nucléaires ?
Mais rassurons-nous car pour l’heure, tous ces appareils ne sont Ť que ť des démonstrateurs technologiques et rien ne garantit qu’ils seront un jour produits en série ou qu’ils remplaceront l’humain. Ainsi, le pilote optimiste peut se rassurer en se disant que sa place dans un cockpit n’est pas forcément menacée.
Qui plus est, les nouvelles technologies actuellement testées grâce ŕ ces drones pourraient, dans un avenir proche, équiper les avions de chasse. Par exemple, le revętement du nEUROn — un matériau absorbant constitué d’une poudre de carbone noyée dans une résine afin de réduire significativement sa signature radar — pourrait ętre utilisé sur Rafale.
Et si les drones autonomes sont bel et bien l’avenir, efforçons-nous de croire en un futur oů lŕ-haut dans le ciel, robots et humains seraient complémentaires. Mieux, peut-ętre pouvons-nous nous risquer ŕ imaginer qu’un jour, les drones de combat pourraient ętre de formidables anges-gardiens pour nos pilotes de chasse ?
Bastien Otelli - AeroMorning

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