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Mac Tyer – Banger vol.1

Publié le 06 juillet 2013 par Wtfru @romain_wtfru

Dans une période pré-estivale chargée en nouveautés, Mac Tyer tire son épingle du jeu avec Banger #1 sorti le 24 juin dernier. Un album qui a atteint la quatrième place du top Itunes.

 

Mac Tyer

Tête d’affiche du rap çais-fran, Mac Tyer nous manquait, pas vrai ? Son retour après un an d’absence fait le plus grand bien dans un rap game rongé par l’omniprésence de Booba, La Fouine et Rohff. On a donc écouté Banger avec le plus grand entrain. Et le Général ne nous a pas déçu.
Dans le jargon, un son Banger, c’est un son qui te fait sauter partout en soirée mais force est de constater que l’album porte mal son nom. Ici Banger est surtout un album que tu mets dans ta caisse, vitres baissées, volume à fond. Si écouter Médine nous fait réfléchir, écouter Dinos Punchlinovic nous fait rire, écouter Morsay nous pleurer, écouter Mac Tyer nous donne aussi envie de mettre la capuche et de se pavaner à Auber tout en bougeant la tête d’avant en arrière. Tout cela grâce à des prods de Go fast Musik made in Aubervilliers qui font vibrer ta poitrine tellement elles sont puissantes. Puissantes, sonorement parlant bien sûr. L’exemple le plus flagrant reste la prod de Hustler qui tape fort dans les tympans. Puisque l’on est dans les prods, un reproche à faire toutefois : elles ont tendances à toutes se ressembler. C’est dommage mais c’est une habitude avec Mac Tyer ceci dit.

D’ailleurs, sur les réseaux sociaux,sur les forums ou autres, beaucoup reprochent à Monsieur Socrate de ne pas évoluer, d’évoquer les mêmes thèmes avec quasiment les mêmes samples. Bon c’est vrai que la vie à la tess reste le leitmotiv du Général et que les titres n’ont pas beaucoup changé ( Derka et Pacman de l’album Le Général deviennent Derka 2013 et Batman dans Banger ) mais MERDE c’est comme ça qu’on l’aime Mac Tyer. Et vu qu’il excelle dans son domaine pourquoi changerait-il ? Voix rauque + paroles hardcore : on ne change pas une recette qui marche. A cela, on peut ajouter les célèbres intonations de voix qu’il prend, un peu sa marque de fabrique. Du grave, il peut soudainement prendre une voix bien plus aiguë comme dans Trop Fraîche ou Derka 2013. Certains aiment, d’autres pas.

Maintenant que l’on a parlé de tout ce qui était forme, rentrons dans le vif du sujet et évoquons le fond. Là encore, peu de surprises. Aubervilliers, cité, violence, drogue, gun sont les mots-clefs qui reviennent dans tous les titres. Mais en poussant un peu plus loin, on se rend compte que l’enfer est un thème récurrent dans cet album. On y trouve ainsi les rimes suivantes « tu sais qu’on appelle pas les pompiers lorsqu’on brûle en enfer » dans Hustler, « Seul dans les Enfers, j’ai survécu comme Mara Kanté » dans Vous oubliez ou encore « Destin dans les flammes, ça y est j’brûle en Enfer » dans Diablo.
Une évocation de l’enfer en adéquation totale avec tout l’album. Un album plus dark que jamais. De la jaquette aux paroles en passant par le clip d’Hustler, le noir est là et encore là. Petit florilège « Le glock est tout noir comme le costume à Jo Black, pour vous un noir qui veut s’affirmer est un pro black » (Hustler), « tout noir comme une black card » (Ecarte), « Vos gros pulls à capuche essaient d’émerger du noir » (Un petit chez moi). Mais cette noirceur intense se remarque aussi ailleurs. En effet, Banger est un album dans lequel Mac Tyer se dévoile, dans lequel Mac Tyer nous fait part d’une certaine tristesse sur ce qu’il représente. Que ce soit dans Vous oubliez, Plus d’air (titre évocateur) ou dans D’accord, il étale son spleen dans ces titres plus softs.
On découvre alors des pieds d’argile à ce colosse de Mr Socrate : « Vous oubliez, vous kiffez sur des gros PD vous m’oubliez » (Vous oubliez), « T’as la belle vie, moi j’ai le train d’vie qui déraille », « Seuls face à nos regrets, je hais ma vie de chanteur » (Plus d’air), « J’reviens de loin, tout l’monde me croyait mort, Prête-moi allégeance, c’est moi l’roi du hardcore, J’dois prendre mes sous même si t’es pas d’accord » « Depuis 2000, moi je sors des classiques, Suis-je malheureux parce que j’ai le rap authentique ? » (D’accord).

Un Mac Tyer triste est cependant un Mac Tyer tranchant. Les punchlines résonnent encore et toujours et les allusions sexuelles sont légion : « celle qui vend son cul sur le net, c’est ptet ta p’tite soeur » (Hustler), « je baise une brune je baise une blonde, je ne fais pas l’amour » « t’as pas le corps que j’aime, si tu veux suce moi la queue » (Derka 2013), « J’te nique ta mère sans la violer, négro, parce que j’ai grand cœur » (Bruce Lee). Le bonheur de la finesse made in 9.3. On s’en délecte.

De sa recherche d’identité, Mac Tyer en profite pour faire son portrait du rap game actuel. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il n’est pas tendre. Son avis, on le retrouve dans le très bon Vous Oubliez : « Dans ce rap game je m’habillais, aucun négro ne s’habillait ; Ils m’insultaient de top model en kaira dans leur survet k-way ; Aujourd’hui ils aiment tous le xe-lu, aujourd’hui ils aiment tous le dirty », « le climat ambiant du rap actuel attriste mon karma, j ’écoutais rapattitude aujourd’hui je fais un carnage ». C’est clair, Mac Tyer est nostalgique du rap à l’ancienne comme il le clame sur Hustler « les anienc’ dans le peura seront toujours les meilleurs kickers ». Mais il semble aussi être nostalgique de l’époque de Tandem, le groupe qu’il formait avec Mac Kregor, comme en attestent les rappels qu’il y fait « MC depuis mon premier 16 posé dans « Mission suicide » ; Dédicace à mon Tandematik » (Vous oubliez), « tu veux tester Tandematik ? Mort dans le film » (M.D.F).

Concernant les featuring, on est peu emballé, mise à part sur Ca pue sa mère avec Niro. Un feat puissant qui permet aux deux meilleurs de leur catégorie de se retrouver ensemble. Un vrai plaisir de rap hardcore et incontestablement l’un des meilleurs morceaux de l’album. Pour ce qui est de Trop fraîche avec l’inconnu Skella Boy, on touche carrément le fond. Ce son aux saveurs R’n'b enchaîne les clichés de ce style musical. Au programme : vocoder, rimes faciles, voix de tapette et une meuf comme thème. Bref, ce titre n’a pas sa place ici. Même chose pour Interdit d’échouer, en featuring avec La Fouine. Si les couplets de Mac Tyer découpent sévère, les refrains de La Fouine n’apportent rien et ressemblent (beaucoup) trop à


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