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Murena, T9 : Les épines - Jean Dufaux & Philippe Delaby

Par Belzaran

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Titre : Murena, T9 : Les épines
Scénariste : Jean Dufaux
Dessinateur : Philippe Delaby
Parution : Juin 2013


« Murena » est une œuvre majeure du neuvième art. Scénarisée par Jean Dufaux et dessinée par Philippe Delaby, elle nous immerge dans les pas de Néron et nous fait voyager dans l’Histoire latine. Le huitième tome s’était conclu sur le légendaire incendie de Rome en 64 après Jésus-Christ. Le neuvième épisode s’intitule « Les épines ». Il est paru chez Dargaud le sept juin dernier. La couverture est splendide. On y découvre le gros plan d’une main qui vient d’être crucifiée. Son prix avoisine douze euros. 

La quatrième de couverture nous offre un texte écrit par Métrodore dans une lettre écrite à Ménestrate en 78 : « Souviens-toi que, tout en ayant une nature mortelle et disposant d’un temps limité, tu t’es élevé grâce aux raisonnements sur la nature jusqu’à l’illimité et à l’éternité, et que tu as observé ce qui est, ce qui sera et ce qui a été ».

« Un péplum d’une grande ampleur. »

« Murena » est un péplum d’une grande ampleur. Avant d’être une œuvre graphique et littéraire, il est le fruit d’une recherche historique certaine. L’album se conclue avec la liste des différences ouvrages qui ont servi de sources aux auteurs. De plus, la lecture s’agrémente de nombreux rappels permettant de voir certains aspects de l’époque précisés ou certaines libertés narratives explicitées. Cela participe au sentiment que notre lecture est instructive. La découverte du quotidien politique, social, philosophie et économique de l’Empire romain est enrichissante et passionnante.

L’atmosphère de cet opus diffère de celle qui accompagnait les précédents. Jusqu’à maintenant, on découvrait l’évolution de Néron. La folie vers laquelle il semblait aller s’est conclue par l’incendie de Rome. L’empereur était prêt à tous les excès pour construire son image divine. La moindre de ses contrariétés aboutissait à des meurtres et au sang. La montée en puissance était constante au fur et à mesure que paraissaient les différents tomes. « Les épines » se déroule à la suite de l’incendie de Rome. L’heure est au deuil. Le ton est donc moins dur et moins intense. L’heure est à panser les plaies. Un tel événement incite les protagonistes à l’introspection. L’heure est à la reconstruction. Cette évolution dans le ton de la lecture est intéressante. La lecture est toujours agréable mais pour des raisons en partie différentes.

Pour les novices de la série, Murena est le nom de famille de Lucius. Ce personnage partage le rôle principal avec Néron. Initialement, il est un des meilleurs amis de l’empereur. Les événements ont fait que leurs rapports se soient distendus au point qu’ils sont devenus ennemis. Ce neuvième chapitre laisse une place importante à Lucius. On suit sa reconstruction. Cet ancien habitué de la cour coordonne maintenant la reconstruction de sa cité au milieu des plus pauvres de la plèbe. C’est un homme meurtri qu’on suit. Il semble perdu. Aveuglé par sa haine de Néron, il semble incapable de sortir de sa folie. L’apparition d’une jeune femme nommée Claudia fera-t-elle évoluer les choses ?

De son côté, Néron voit l’occasion de construire une nouvelle Rome sur les cendres de l’ancienne. La première planche nous présente d’ailleurs son projet. Parallèlement, il doit gérer son peuple dans cette atmosphère de post-incendie. Il faut trouver un coupable. Certains de ses conseillers cherchent à accuser les chrétiens qui sont à l’époque une secte de juifs menée par Pierre. Ce dernier est un personnage qu’on voit apparaitre de temps à autre lors des tomes précédents. « Les épines » le fait quitter son statut de protagoniste secondaire. En tant que victimes et que boucs émissaires, les chrétiens tiennent un rôle central dans cet opus et participent au lien indirect menant de Lucius à Néron. 

Les illustrations nées de la plume de Philippe Delaby sont toujours aussi splendides. Son trait est d’un réalisme rare et facilite donc notre immersion dans l’Histoire. Que ce soit les personnages ou les décors, le souci du détail du dessinateur est un modèle du genre sans pour autant tomber dans une surcharge graphique. Le résultat est le fruit d’un dosage subtil et parfait. Les couleurs sont l’œuvre d’un nouvel auteur dans cet album. Sébastien Gérard s’est vu confier ce travail. La différence avec les opus précédents est évidente. Mais il ne faut pas voir dans cette remarque un jugement de valeur. En effet, le travail est d’une grande qualité et donne l’ampleur qu’elles méritent aux planches de Delaby.

C’est donc avec plaisir que j’ai découvert ce neuvième chapitre de « Murena ». Il confirme la qualité impressionnante de ce péplum dans tous les domaines. Je ne peux que conseiller à tous les adeptes du genre ou de cette époque historique de partir à la découverte de cette série. On ne regrette pas le voyage ! De mon côté, il ne me reste plus qu’à attendre la parution du dixième tome. Mais cela est une autre histoire…

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par Eric the Tiger

Note : 19/20


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