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La cité d'Angkor : nouvelles révélations

Par Memophis
 

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Sous la jungle dense et impénétrable qui entoure les temples d’Angkor se cache un vaste réseau urbain. Mis en évidence par les images Lidar, ce réseau abritait probablement plus d’un million d’habitants. De quoi révolutionner la vision traditionnelle de la structure des villes khmères.
Le site d’Angkor est le principal héritage de l’empire khmer. Il regroupe un vaste complexe de temples, dont l’architecture est si harmonieuse qu’elle a valu au temple d'Angkor Vat d’être considéré comme la huitième merveille du monde. Encore récemment, les éléments les mieux connus portaient principalement sur l’étude architecturale des temples et l’ingéniosité du vaste système hydraulique que les khmers avaient élaboré. Ainsi, la maçonnerie était souvent réservée aux temples, et les habitations – tant celles des rois que celle du khmer moyen – étaient façonnées à partir de matériaux périssables. C’est pourquoi il aura fallu attendre 2007 et l’utilisation des radars et de satellites pour découvrir que la cité était en réalité un vaste complexe urbain. 
La région a mystérieusement été abandonnée au début du XVe siècle, mais à son apogée elle pouvait bien abriter plus d’un million d’habitants. Nombre d’archéologues suggèrent d’ailleurs qu’il s’agissait probablement de la ville la plus peuplée au monde. Mais à son abandon, la jungle a repris ses droits et effacé une grande partie de l’empreinte humaine. Les temples de pierre sont les marques de cette civilisation les mieux conservées, mais la zone de vie urbaine a longtemps été ignorée. Une vaste prospection de la région par radars et imagerie satellite avait permis en 2007 d’identifier une vaste étendue de 3.000 km2 et d’établir une carte archéologique du « grand Angkor ». 

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La carte archéologique établie en 2007 révèle le grand Angkor comme un paysage d'habitats vaste et inextricablement lié aux ressources en eau, qui ont beaucoup été exploitées au cours de la première moitié de l’existence de la cité. © Evans et al., Pnas, 2007
Une zone urbaine de 3.000 km2 
L’année dernière, la même équipe a mené une campagne de prospection par télédétection laser (Lidar). Placé à bord d’un hélicoptère, l’appareil fonctionne comme un radar, sauf qu’il émet un laser, c'est-à-dire un signal dans le domaine du visible ou de l’infrarouge. La réflexion des faisceaux envoyés fournit avec une remarquable précision la topographie du sol. La télédection est de plus en plus utilisée pour étudier les sols dans les zones de forêts denses. C’est par exemple un outil essentiel pour évaluer la santé des sols du bassin amazonien, l’épaisseur de la canopée pouvant être traversée par le laser. 
Ces données Lidar, qui seront prochainement publiées dans les Pnas, ont mis en évidence l’existence de centaines de bosses dans toute la région qui sont des témoins du travail de la terre lors les constructions des habitats, des canaux, des routes, des digues… Ces données cartographiées montrent un gigantesque réseau urbain qui bouscule complètement la vision que l’on avait jusqu’ici sur la nature de l’espace urbain du peuple khmer.
Angkor, une ville polynucléaire 
Le schéma traditionnel veut qu’une ville khmère soit un périmètre fortifié longé par un fossé. Au centre, on trouve un temple d'État fait en brique ou en pierre, un palais en bois, ainsi que de nombreuses constructions privées presque entièrement en bois, à l'intérieur de l'enceinte comme à ses abords. Au fil du temps, dans la cité, plusieurs « zones urbaines authentiques » se sont construites, autour du temple d’Angkor Vat ou d’Angkor Thom par exemple. Les infrastructures intra et extra muros de chaque complexe étaient supposées fondamentalement spécifiques. Mais les données issues du Lidar se confrontent à cette idée. Des motifs géométriques similaires à ces zones urbaines authentiques ont été identifiés en dehors des cités fortifiées. 
Par ailleurs, d’autres temples ont été découverts en dehors du noyau central d’Angkor et montrent la même configuration spatiale. L’équipe de recherche, associée au Great Angkor Project, indique que la grande Angkor était plutôt un paysage urbain polynucléaire. Il y avait un noyau urbain dense, situé autour des principaux temples et une périphérie agro-urbaine basée sur de nombreux centres religieux secondaires. Enfin, au-delà de ces nouvelles zones urbaines identifiées, les données Lidar révèlent des changements anthropiques dans le paysage sur une vaste échelle et donnent ainsi plus de poids à l’idée selon laquelle la complexité des infrastructures, les modes non durables de subsistance et les variations du climat sont des facteurs cruciaux dans le déclin de l’empire khmer. 
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