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La stratégie du gémissement

Publié le 16 juillet 2013 par Vogelsong @Vogelsong

"Je demande justice pour le riche. Il n’a pas froid, il n’a pas faim, c’est vrai. Il est repu, soit. Mais voyez son front soucieux, son âme moins attirée au dehors par les souffrances physiques, est plus au dedans, et s’y agite, s’y tourmente davantage." A. Thiers

Par quel miracle H. Guaino peut-il, sans que cela le disqualifie totalement de l’espace public, comparer N. Sarkozy au soldat A. Dreyfus ? Par quel jeu de dupes les manifestants anti mariage pour tous, ont pu, sous tous les tons, vociférer sur la dictature socialiste durant des mois ? Par quel étrange phénomène une partie des dominants stridulent, avec comme chambre d’écho une bonne partie des médias, alors que manifestement les effets de la crise frappent de plein fouet d’autres couches de la population ? En d’autres termes comment au vue et aux su de tous, les dominants d’hier se permettent de pousser des gémissements plaintifs sur leur condition enviable. Sans qu’aucun changement majeur dans la façon de gérer les affaires publiques n’aient eu lieu ?

Christopher Dombres

Christopher Dombres

Il est important d’écarter d’emblée la piste politique. F. Hollande a été élu, certes, la continuité en termes économique et social reste de mise. Il suffit d’écouter les diatribes anti-Roms de M. Valls, qui lui vaut une côte de popularité sans précédent, ou d’observer l’accord sur la compétitivité, cet extrait de programme commun à l’envers. Il n’est rien sur le fond que l’on puisse vraiment imputer au parti dit "socialiste" pour les transfigurer en bolcheviques libertaires(1), ruinant moralement et économiquement le pays.

Il n’y a pas si longtemps, N. Sarkozy (s’)était surnommé l’hyper président. Ivre de son pouvoir, sûr de sa force et de sa domination. C’était, il n’y a pas si longtemps. Le rapport des dominants de droite, libérale et réactionnaire avec le pouvoir a ceci de particulier, il est binaire. Il est soit entier et total, soit considéré comme nul. Or on a tendance a oublier que l’obsession de la mandature précédente consistait à conforter la position des possédants. Une politique qui commença en 2002 et qui ne cessa de s’intensifier jusqu’en 2012. Et qui ne s’est guère atténuée depuis (malgré l’alternance). Qu’en d’autres termes, quand l’intégralité des pouvoirs n’est pas mise au profit de la minorité dominante, une forme de dictature s’instaurerait. La démocratie à droite, c’est quand tout est mobilisé à l’endroit d’une classe sociale. Sinon, c’est du bolchevisme.

Il n’est pas une semaine où une décision prise par le gouvernement fasse geindre l’opposition sur le mode "déni de démocratie" ou "abus de pouvoir". C’est à dire, non pas sur des bases politiques, ce qui pourrait se concevoir. Car vouloir instaurer une société de marché à relents ultra sécuritaires peut très bien s’argumenter. Mais plutôt sur des bases emphatiques, d’un totalitarisme supposé. Dont F. Hollande serait le grand despote.

Ce qui pose finalement question ce n’est pas cette étrange posture du dominant criant sa frustration. Il est vrai qu’en 1981, déjà, on annonçait les chars soviétiques sur les Champs Elysées. Ce qui pose question c’est la capacité d’amnésie des commentateurs et experts, producteurs d’analyses aussi inconséquentes que lacunaires qui ne permettent aucune mise en perspective sur les inanités proférées aujourd’hui par les puissants d’hier et de demain.

Comment laisser dire que l’embastillement d’un militant Anti-mariage gay, ayant agressé la maréchaussée relève de la censure politique, comme le fait I. Rioufol (publiciste supplétif Sarkopeniste). Lui même qui martèle depuis une décennie le retour de l’ordre et de l’ordre moral ? Pourquoi et comment ce type d’assertions peut traverser le prisme médiatique ? Sans qu’à aucun moment ne soit remise en cause le sérieux de ceux qui l’énoncent, et de ceux qui la diffusent. Car pouvoir tout dire n’est pas dire n’importe quoi, n’importe quand.

Le vide politique du Spectacle médiatique laisse le champ libre à une flasque pensée geignarde. D’une catégorie de politiciens qui lorsqu’ils sont au pouvoir (re)prennent les oripeaux de matons. Les frontières droite-gauche se sont estompées, la politique gouvernementale de F. Hollande en faveur des dominants se révèle juste un peu plus complexée que celle de son frénétique prédécesseur. Les ultras d’hier sont devenus les vierges effarouchées d’aujourd’hui. En attendant leur tour d’alternance. Et on aura oublié, comment ils gémirent, pitoyablement.

(1)Oxymore certes, mais vu le niveau du débat public…

nb : Originellement intitulé "Le syndrome de Caliméro"

Vogelsong – 14 juillet 2013 – Port Man


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