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STAR TREK / INTO DARKNESS : Le ‘reboot’ que les fans attendaient

Par Misteremma @misteremma

Que c’est bon d’avoir tort !

Voilà le sentiment qui prédominait chez moi en sortant de la séance de Into Darkness. M’installant dans mon siège, je pensais que j’allais voir la même chose qu’en 2009, lorsque Star Trek est sorti, c’est à dire un film d’action de science-fiction bourrin et vulgaire, qui utilise de très grosses ficelles pour faire progresser une intrigue pas très passionnante.

Or, là où Star Trek ne s’embarrassait jamais de la subtilité et de la réflexion qui avait pourtant caractérisé la série, Into Darkness corrige plutôt bien cet écueil, en offrant une intrigue plus riche, un ennemi beaucoup plus charismatique, et en faisant des références directes à l’actualité ; le terrorisme y est d’ailleurs un motif prédominant.

En effet, outre l’attentat du début du film, un élément crucial de l’histoire, les torpilles à longue portée, peuvent tuer un fugitif dans un territoire ennemi, dans une référence évidente aux drones de Barack Obama qui parcourent les cieux de pays hostiles pour tuer des terroristes. En cela, Into Darkness est un film de son temps : sombre et oppressant. Plus encore que dans la série originale (1966-1969), et certainement plus que dans les séries des années 90, la Fédération représente les États-Unis. Les uniformes clairement inspirés de la Marine américaine en sont un exemple. Cet univers très proche du nôtre, qui se construit surtout à la vue des deux grandes métropoles qui apparaissent dans le film, Londres et San Francisco, J.J. Abrams l’emprunte à la série Battlestar Galactica, qui a révolutionné la science-fiction télévisuelle dans les années 2000.

Film de son temps aussi dans sa vision du futur de l’Humanité. On ne voyait guère flotter de drapeaux dans les séries Star Trek, si ce n’est celui, bleu et blanc, de la Fédération. Or, comme pour rassurer les Britanniques, l’Union Jack flotte fièrement partout dans Londres, en 2258. On sous-entend même que la Royauté existe encore. L’idéal d’une Terre unifiée, l’un des piliers de la série originale, est jeté à la poubelle. Dommage qu’Abrams ait décidé de ne faire apparaître que l’Occident dans son film. Un attentat dans la mégapole moderne de Lagos eut été autrement plus convaincant.


STAR TREK INTO DARKNESS – EXCLUSIVITÉ : la scène d’ouverture du film VF by Paramount Pictures France

Into Darkness n’est donc pas actuel à tous les points de vue. Outre l’idée véhiculée que l’Occident sera toujours le point de référence de la Terre dans deux siècles, d’autres concepts désuets sont aussi présents dans le film. La faute, probablement, à l’adaptation fidèle d’une série produite tout au long de la Guerre Froide (de 1966 à 1991, si l’on inclut les films). Si J.J. Abrams donne à Uhura l’opportunité de briller à deux reprises dans le film, il ne peut cacher que son casting est presque exclusivement masculin. C’est un pas en arrière par rapport à la franchise, qui n’a cessé de faire monter les femmes en grade, jusqu’à celui de capitaine dans Star Trek: Voyager (1995-2001). De plus, les Klingons reprennent exactement le rôle pas très subtil qu’ils incarnaient dans la série originale : c’est-à-dire l’Union soviétique (dans Star Trek VI: Terre Inconnue, sorti en 1991, les héros sont envoyés dans une colonie pénitentiaire enneigée qui évoque inévitablement les goulags russes). Là aussi, les séries des années 90 avaient fait passer les Klingons d’ennemis à alliés, et avaient exploré plus en profondeur cette race et sa culture. Ici, c’est un retour à la case départ : les Klingons sont de nouveau des brutes épaisses que l’on vient combattre et massacrer sur leur propre planète.

Mais tout cela reste encore acceptable vis-à-vis du tout premier acte du film, qui se déroule sur une planète abritant une race ‘primitive’. Cette scène focalise pratiquement toutes mes critiques négatives, tant elle promeut un néo-colonialisme que, à nouveau, les séries récentes n’avaient cessé de critiquer. Kirk, le bon samaritain au grand coeur, décide d’utiliser sa technologie et sa culture supérieure pour aller jouer à Dieu sur une planète dont les habitants sont des primitifs humanoïdes immanquablement inspirés des tribus africaines que rencontrèrent Stanley et Livingstone pendant leurs voyages au XIXe siècle. Comme c’est systématique chez J.J. Abrams, on privilégiera l’action à la parole, et on préférera mettre en scène des sauvages en train de pourchasser les héros, plutôt que de voir Kirk apprendre leur langue et leur culture afin de les convaincre de se mettre à l’abri. Ces critiques sont aussi émises par Spock, mais le film nous amène clairement à penser que c’est Kirk qui a eu raison.

Le film est cependant une réussite magistrale dans son traitement de la relation qui lie les personnages de Kirk et de Khan. C’était ce qui avait fait le succès de Star Trek II: La Revanche de Khan (1982) dont s’inspire d’ailleurs Into Darkness pour cet élément de l’histoire. J.J. Abrams met admirablement en scène, et ce avec une subtilité qui ne lui est pas coutumière, le jeu de miroir qui s’opère constamment entre Kirk et Khan : tous les deux sont des têtes brûlées, exceptionnellement intelligents et mus par leur loyauté à leur équipage. Ils sont comme deux faces de la même pièce, l’un bon, l’autre mauvais. Quand Kirk est ramené à la vie grâce au sang de Khan, leurs destins sont irrémédiablement scellés, ce qui laisse présager l’histoire du prochain film.

Pour conclure, Into Darkness est à tous les égards un bien meilleur film que l’opus de 2009 et que je vous recommande d’aller voir si vous ne l’avez pas déjà fait.

Star_Trek_Into_Darkness_Affiche

Quand un attentat est commis dans une installation secrète de Starfleet à Londres, James Kirk, récemment déchu de ses fonctions, est envoyé à la poursuite du responsable, l’officier de Starfleet John Harrison, à bord de l’U.S.S. Enterprise.

Sortie : 05/06/2013
Durée : 2h12
Année de production : 2013
Genre : Action – Science-fiction
Origine : USA
Réalisateur : J.J. Abrams
Acteurs : Chris Pine, Zachary Quinto, Benedict Cumberbatch


Star Trek – Into Darkness – BA (VF) by Stéphane 7minutes.tv


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